Grand espoir du tennis français il y a quelques années, Jonathan Eysseric a sûrement vécu l'un des plus grands week-end de sa carrière à Lille. En effet, il faisait partie de l'équipe de France qui a glané sa première Coupe Davis depuis 16 ans ! Entretien.

Bonjour Jonathan, merci d’avoir accepté cette interview pour We Sport. A 27 ans, tu fais partie depuis cette année de l’équipe de France de Coupe Davis (en tant que sparring-partner), qui vient de gagner à Lille son 10e saladier d’argent. On voulait tout d’abord savoir comment as-tu vécu de l’intérieur la préparation et ce week-end fantastique ?

– C’est fantastique de se retrouver au sein d’un tel effectif pour une finale de Coupe Davis. C’était un rêve de vivre ça de l’intérieur, je m’entends très bien avec tous les mecs et je me suis régalé toute la semaine !

Crédit photo : FFT / A.Couvercelle

Revenons rapidement sur ta carrière personnelle. Numéro un mondial en junior, tu as souvent croisé la route des Grigor Dimitrov ou encore Bernard Tomic qui sont plus ou moins de la même génération que toi. Promis à un grand avenir, tu as ensuite connu des événements qui ont mis en difficulté ta progression vers le plus haut niveau. En 2008, on te reproche de ne pas avoir l’hygiène de vie adéquate pour pouvoir exploiter tout ton potentiel et ainsi pouvoir accéder à un classement digne de ton talent. Avec le recul, as-tu des regrets sur les choix que tu as pu effectuer ou non ?

– Pas vraiment, car je ne pense pas avoir eu une si mauvaise hygiène de vie, j’aurais peut-être eu besoin d’être mieux guidé, on m’a aussi comparé à des pros au quotidien qui étaient déjà top 30 au team Lagardère alors que j’avais tout à prouver et que j’étais 300e mondial ; pas facile alors quand tu as 18 ans de trouver le bon fil. C’est un ensemble de petites choses qui ont faites que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui, et peut être que je suis à ma place et que je n’aurais pas fait mieux autrement, je ne sais pas.

Roger Federer déclarait il y a peu de temps que les jeunes prodiges français avaient du mal à confirmer par la suite à cause d’une surmédiatisation dès le plus jeune âge qui leur mettait beaucoup de pression. As-tu eu l’impression d’être un peu victime de ça ?

Il est vrai, comme je l’ai dit avant, qu’on a tendance à vite nous encenser. Cela n’est pas dérangeant à partir du moment où tu sais exactement où tu en es, mais souvent, dès que la machine coince un petit peu, on commence à se faire critiquer et c’est là qu’il faut être assez fort pour ne pas trop en souffrir. Je l’ai mal géré tout comme ma petite blessure au poignet.

On sait que tu es un modèle d’abnégation et que tu as toujours voulu t’accrocher pour y arriver. Comment vis-tu ce rôle de sparring-partner ? Est-il une revanche personnelle sur toute la poisse que tu as pu connaître auparavant (blessure au poignet etc) ? Est-ce un aboutissement, une certaine reconnaissance ?

– Non ce n’est pas une reconnaissance, enfin je pense être l’un des meilleurs gauchers en France aujourd’hui, surtout en double donc je suis content que mes amis m’appellent pour les préparer au mieux. Je prends plus cela comme une chance énorme de pouvoir vivre des émotions pareilles quand tu es fan des sports-co et de la Coupe Davis comme moi (sourire).

Quel est ton meilleur souvenir en carrière ? Ton pire ?

– Mon meilleur je dirais quand même ce match contre Murray à Roland-Garros (perdu en cinq sets) parce que c’est pour ce genre de match que j’ai toujours joué ! Le pire je pense aussi cette défaite contre Murray car j’étais prêt de faire quelque chose de beau, et d’échouer comme ça alors que je sentais qu’il y avait la place m’a fait chier !

Tu es aujourd’hui 475e en simple à l’ATP, et tu occupes une très belle 82e place mondiale en double (tu as fini la saison sur un titre à Mouilleron-le-Captif). Tu déclarais fin 2016 avoir retrouvé une certaine stabilité au niveau de ta structure d’entrainement. Comment envisages-tu la suite de ta carrière ? Quels sont tes objectifs ?

– Je vise toujours la même chose à savoir essayer d’exploser en double et continuer en simple. Malheureusement, s’il commence à y avoir un trop gros écart, ça va être compliqué de continuer le simple. Le début de saison, avec le peu de tournoi en simple que je disputerai, sera primordial pour la suite de ma carrière dans cette discipline.

Une petite anecdote pour finir ?

– Je ne sais pas ce que j’ai de mémoire, j’en ai eu pleins mais j’oublie tout ! J’en ai une, souvent le doc Montalvant me confond avec Jérémy Chardy, donc c’est assez drôle la première fois cette année où je suis venu en Coupe Davis, on a discuté, et il pensait bien évidemment que j’étais Jérémy. Il m’a alors demandé quelle boisson d’effort je voulais, j’ai dit l’inverse de ce que Jérémy buvait. Et bien il a fait une sale tête le lendemain sur le court quand il a goûté sa bouteille (sourire).

Merci Jonathan d’avoir pris le temps de répondre à ses questions. Bonne chance pour la suite !

Grégoire ALLAIN

@wesportfr