Jovetic, itinéraire d’un énième talent gâché
Longtemps considéré comme une future grande star du ballon rond, Stevan Jovetic est aujourd’hui classé dans la fâcheuse catégorie de talent gâché. Retour sur la carrière d’un joueur à l’élégance exquise qui n’a pas eu la carrière attendue (même si cette dernière n’est pas encore clôt).
Prince de Firenze
L’aventure italienne débute à l’été 2008 pour Stevan Jovetic. Du haut de ses 18 printemps, il rejoint la Fiorentina après s’être révélé avec son club formateur du Partizan Belgrade avec qui il remportera le championnat et la coupe nationale pour sa dernière saison en Serbie. Les dirigeants florentins obtiennent les services du jeune monténégrin pour la somme de 8 millions d’euros. Ils raflent la mise devant de grosses écuries européennes comme le Real Madrid, la Juve et Manchester City. Jovetic arrive dans une équipe qui se veut ambitieuse avec d’excellents joueurs comme Sebastien Frey, Adrian Mutu, Alberto Gilardino, Riccardo Montolivo, mais aussi Juan Manuel Vargas. Lors de sa première saison en Toscane, Les Florentins obtiennent une convaincante 4e place (2008-2009). Un premier exercice synonyme d’adaptation pour le jeune attaquant qui inscrira deux buts.
Puis vient la saison 2009-2010, littéralement celle de l’explosion pour Stevan Jovetic. Petit à petit, il gagne la confiance de son entraîneur Prandelli et s’installe dans le onze titulaire florentin. Le natif de Titograd enchaîne les masterclass notamment en Ligue des Champions. Il inscrira deux doublés : le premier contre Liverpool (2-0) en phase de poule puis le second contre le Bayern (3-2) en 1/8e de finale dans un Artemio Franchi en vésanie. Malheureusement pour les Florentins, l’aventure s’arrête à ce stade de la compétition.
En championnat, Jovetic se montrera tout aussi flamboyant. Il inscrira six buts en 29 matches. Ses qualités techniques, sa vista et sa percussion balle au pied mettent systématiquement en difficulté les défenses adverses.
Cesare Prandelli va polir son bijou des Balkans et ainsi en faire le chef d’orchestre de son équipe, souvent positionné derrière Gilardino en trequartista. Dans un entretien en 2015, Jovetic donnera des propos élogieux à propos de son mentor italien : « C’est l’entraîneur le plus important pour moi, c’est lui qui m’a lancé dans le grand bain. »
Premier coup d'arrêt
Une dynamique qui va être stoppée net lors de l’été 2010. Jovetic se fait une rupture des ligaments croisés l’éloignant des pelouses durant une saison entière. Il refoule les pelouses plus d’un an après pour l’exercice 2011-2012. En un an, la Fiorentina opère à quelques mises à jour. Prandelli n’est plus sur le banc et l’instabilité va régner lors de cette saison. Trois entraîneurs vont se succéder: Sinisa Mihajlovic, Delio Rossi puis Vincenzo Guerini. Naturellement, les résultats sont décevants comme en témoigne cette 13e place en Serie A.
Au niveau personnel, Jovetic se montre performant et retrouve son meilleur niveau malgré cette terrible blessure. Délaissant sa touffe de cheveux, l’international Monténégrin inscrira 14 buts soit son total le plus élevé en trois saisons en Toscane. La saison suivante (2012-2013) sous les ordres de Vincenzo Montella, il réalisera une saison tout aussi prolifique avec 13 buts, s’imposant comme le grand artisan de la 4e place obtenue par la Fiorentina. Alors âgé de 24 ans, le numéro 8 décide de prendre son envol.
L'Angleterre, le faux tremplin
Après cinq ans de bons et loyaux services pour la Viola, Stevan Jovetic s’engage avec Manchester City pour 26 millions d’euros. Un choix à ce moment compréhensible, le Monténégrin a soif d’ambitions et le rêve britannique lui fait de l’œil. Mais la mayonnaise ne prend pas et il ne parvient pas à s’adapter aux exigences notamment physiques de la Premier League. Les blessures s’enchaînent, l’ancien florentin se montre très fragile. Il devient le quatrième attaquant de la hiérarchie derrière les Aguero, Bony et Dzeko. De 2013 à 2015, Jovetic disputera seulement 44 matches toutes compétions confondues et est contraint de partir.
C’est le début d’une descente aux enfers. Un retour en Italie du côté de l’Inter Milan durant un an et demi, une expérience dans l’ensemble décevante. Vient ensuite un prêt de six mois à Seville. Malgré ses 7 buts en 24 matches, son aventure en Andalousie n’est pas prolongée. Les blessures sont toujours récurrentes. Jovetic impressionne sur quelques fulgurances, mais il est incapable d’être performant sur la longueur. L’été 2017 arrive et âgé de 28 ans, Jovetic s’engage avec Monaco où il évolue depuis maintenant trois ans. Le numéro 10 monégasque a disputé seulement 44 matches en deux ans et demi sur le Rocher. Ces dernières semaines, il s’est remis d’une deuxième rupture des ligaments croisés de sa carrière et retrouve peu à peu les pelouses. Roberto Moreno lui accorde du temps de jeu tout en restant vigilant.
Si ses pépins physiques le laissent tranquilles et avec la confiance de son entraîneur, tous les voyants sont au vert pour que le crack monténégrin s’impose et retrouve son niveau époque Fiorentina. Stevan Jovetic, la balle est dans tes pieds !