Mené au score après seulement cinq minutes de jeu, le FC Séville a finalement battu l’Inter Milan 3-2 en finale de la Ligue Europa. Analyse tactique du nouveau triomphe continental sévillan.

 

Si Séville n’a pas dérogé à la tradition en remportant une sixième Ligue Europa en autant de finales disputées, les deux entraîneurs optent également pour du classique au coup d’envoi. Côté andalou, Julen Lopetegui aligne un 4-3-3.

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En face, Antonio Conte dispose ses joueurs dans un habituel 3-5-2.

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La densification de l’axe par l’Inter…

Les Interistes proposent ainsi un bloc bas et compact, en passant à cinq défenseurs lorsque les offensives adverses atteignent le dernier tier du terrain.

 

L’axe est verrouillé, empêchant notamment Séville de trouver les leaders techniques Ever Banega et Joan Jordan dans l’entrejeu.

 

… mais des difficultés à progresser balle au pied

Avec le ballon, les Nerazzurri passent régulièrement par les pistons Ashley Young (cercle bleu) et Danilo D’Ambrosio (cercle noir). Ces derniers se projettent énormément, n’hésitant pas à attaquer le demi-espace avec et sans ballon.

 

Sur cette phase de jeu, Ashley Young adresse un centre pour son homologue placé dans la surface de réparation qui aurait pu donner l’avantage aux siens.

 

Toutefois, l’Inter cherche prioritairement à déployer ses attaques en s’appuyant sur le duo formé par Romelu Lukaku (cercle bleu) et Lautaro Martinez (cercle noir), auteur de 54 buts toutes compétitions confondues cette saison. Quitte à ne proposer aucune solution au milieu de terrain.  

 

Parfaitement identifiés comme les menaces les plus importantes, les serial buteurs sont marqués de près par la charnière sévillane composée de Diego Carlos (cercle bleu) et Jules Koundé (cercle noir).

 

Cette recherche quasi-systématique des deux attaquants cause un espacement important des lignes italiennes, compliquant la progression offensive par du jeu court et la conquête des deuxièmes ballons.

 

Le positionnement haut de Séville à la perte du ballon empêche d’autant plus la relance courte de l'Inter.

 

Les hommes d’Antonio Conte s’essayent alors à un pressing haut et des sorties individuelles sur le porteur afin de bénéficier de phases de transition très rapides, sans véritable succès face à l’aisance technique de leurs adversaires.

 

Un projet sévillan différent

Afin de prendre à défaut une équipe regroupée et compacte, Séville attaque différemment que tout au long de la saison. Habitués à essayer de percer le bloc adverse, les Andalous cherchent dans ce match des relais dans le cœur du jeu avant d’écarter sur les côtés et centrer depuis des positions ouvertes. Ici, Joan Jordan (cercle blanc) est trouvé avant de remettre le ballon à Jesus Navas (cercle rouge). 

 

Ce dernier a alors plusieurs mètres d'avance sur son vis-à-vis et peut travailler son centre. Des initiatives qui prennent tout leur sens avec la titularisation de Luuk de Jong à la pointe de l’attaque, à l'aise dans les airs et qui inscrit le but égalisateur sur cette action.

 

Pour dégager de l’espace sur les ailes, les joueurs de Julen Lopetegui mettent en place différents jeux en triangle.

 

La carte de chaleur de Séville confirme une tendance à se plier au positionnement défensif de l'Inter dans les 25 dernier mètres, sans essayer à tout prix de percer le bloc.

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Les Blanquirrojos expriment toutefois des difficultés pour trouver l’entrejeu plus bas sur le terrain. En témoignent des déplacements parfois hasardeux, comme ici avec le décrochage d’Ever Banega tandis qu’aucun coéquipier n’occupe l’espace laissé libre.

 

Au-delà des changements de circuits offensifs, l’attitude défensive espagnole est également différente. Portée par un Jules Koundé des grands soirs, l’arrière-garde sévillane bénéficie également du positionnement de l’équipe en 4-2-3-1 sans le ballon. Le double pivot formé par Fernando (cercle blanc) et Joan Jordan (cercle rouge) permet de limiter les transmissions à Lautaro Martinez (cercle noir) et Romelu Lukaku (cercle bleu), rendant stériles les offensives de l’Inter.

 

Par leur positionnement et leur orientation du corps, les 4e de Liga ferment l’axe et obligent l’Inter à chercher des solutions sur les côtés.

 

Le joueur excentré est ensuite pris à deux pour empêcher le centre et sevrer l’attaque interiste de ballons .

 

Un match défensivement appliqué, sublimé par une nouvelle bonne performance de Jules Koundé, a permis à Séville d'éteindre le duo Lukaku-Martinez et de soulever sa sixième Ligue Europa. Arrivé l'été dernier sur le banc, Julen Lopetegui peut aborder la saison prochaine avec confiance. 

 

Crédits images de jeu : BT Sport