Le club des 700 – Gerd Muller
Le 14 octobre dernier avec le Portugal, Cristiano Ronaldo inscrivait son 700ème but en carrière. L'occasion pour We Sport de dresser le portrait des cinq joueurs qui devancent encore CR7 au classement des meilleurs buteurs de l'histoire. Aujourd’hui, focus sur le cinquième : Gerd Muller.
« Der Bomber ». Comprenez « le bombardier » dans la langue d’Oliver Kahn. C’est ainsi qu’était surnommé Gerd Muller, attaquant allemand qui a envoyé pas moins de 735 obus dans les filets adverses dans les années 60 et 70.
Le fer de lance du grand Bayern
Gerd Muller tape ses premiers ballons à Nordlingen, où il voit le jour en 1945. Il cartonne au TSV 1861 Nordlingen, et rejoint en 1964 les rangs d’un club qui peine à remonter en Bundesliga : le Bayern Munich.
En Bavière, Gerd Muller est accueilli assez froidement par le coach de l’époque, Zlatko Cajkovski, ce dernier voyant en l’attaquant un potentiel plus accru pour l’haltérophilie que pour le football. Pas très grand, plutôt carré et doté de cuisses massives, Muller est appelé « le petit gros » par son entraîneur. Mais sur le terrain, il compense son physique atypique par une extrême mobilité et un sens du but hors du commun. Plus que le rectangle vert, son véritable terrain de jeu est la surface de réparation adverse.
En 1965, le Bayern accède enfin à la première division allemande. Le début d’une longue période de domination pour Gerd Muller et ses coéquipiers. Aux côtés de Sepp Maier et Franz Beckenbauer, « der Bomber » bâtit sa réputation de tueur devant le but et empile les trophées. Entre 1966 1974, les Bavarois remportent quatre Bundesliga et quatre Coupes d’Allemagne. Mais le Bayern Munich brille également sur la scène européenne, avec une victoire en Coupe des Coupes, une Coupe Intercontinentale mais aussi et surtout trois Ligue des Champions consécutives (1974, 1975, 1976).
Et le « Torjager » (chasseur de buts) y est pour quelque chose. « Sans ses buts, il n'y aurait pas de Bayern Munich. Ce que le club est aujourd'hui, nous le lui devons. Sans lui, le Bayern serait toujours une cabane de bois », a déclaré son compère Franz Beckenbauer. La lecture du jeu exceptionnelle et la qualité de mouvement de Gerd Muller font de lui l’un des meilleurs attaquants du Vieux Continent. Sept fois meilleurs buteurs du championnat, il rafle le Ballon d’Or en 1970 ainsi que le Soulier d’Or. En Allemagne, il martyrise les défenses adverses et inscrit son nom dans les livres des records. Il plante 365 buts en 427 rencontres de Bundesliga et en est, encore à ce jour, le meilleur buteur de l’histoire. Le natif de Nordlingen atteint un pic à 40 réalisations lors de la saison 71-72, un total qui demeure inégalé. 1972 est d’ailleurs l’année de tous les records pour Muller : s’il a depuis été dépassé par Lionel Messi (91 en 2012), il glane un second Soulier d’Or en devenant le meilleur buteur de l’histoire sur une année civile avec 85 pions en 60 matchs. Dont 4 lors de l’Euro 1972, sous le maillot de l’Allemagne de l’Ouest.
Der Bomber der Nation
Parce que le talent de Gerd Muller ne connaît aucune frontière, le bombardier du Bayern devient celui de la RFA toute entière. Lors de sa première Coupe du Monde en 1970, il s’impose comme le meilleur buteur et hisse son pays jusqu’en demi-finale grâce à ses dix buts. Deux ans plus tard, Gerd Muller ponctue sa sublime année 1972 d’un titre estival lors de l’Euro, compétition dont il devient… le meilleur buteur. Il ne manque alors qu’un seul trophée au « Bomber der Nation » pour avoir un palmarès comportant tous les trophées dont un footballeur pourrait rêver. Et il ne se fera pas attendre. En 1974, la RFA remporte la Coupe du Monde grâce à un but de [ALERTE SPOILERS] Gerd Muller en finale. Ce dernier est d’ailleurs, en comptant les matchs non-officiels, le 1000ème de sa carrière. Il prend sa retraite internationale juste après la compétition, avec le statut de meilleur buteur de la Nationalmannschaft grâce à 68 buts en 62 sélections. Miroslav Klose a depuis fait mieux avec 71 réalisations, mais a eu besoin de 137 matchs pour y parvenir.
Après une dernière pige à Fort Lauderdale, en MLS, Gerd Muller prend sa retraite en 1981 et entre à jamais dans l’histoire du ballon rond en stoppant le compteur à 735. Presque autant que le nombre de fois où « meilleur buteur » a été répété dans cet article.