Auréolé d’une année 2021 haute en couleurs et destinée à la mémoire de l’histoire, Julian Alaphilippe est indubitablement le nouveau visage du cyclisme français.
La carte d’identité,
C’est à Saint-Amand-Montrond dans le Cher, un 11 juin 1992 que Julian Alaphilippe vit le jour. Jeune, le champion du monde de cyclisme s’illustre d’abord à la batterie à l’image de son père qui en était un inconditionnel. Une passion héréditaire qui le prédestinait à poursuivre ses études au conservatoire, ce qu’il ne fit guère. Au contraire, il va se tourner vers un autre corps de métier, la mécanique. Ceci lui permit d’obtenir un Certificat d’Aptitude Professionnel. Il n’en demeure pas moins que ces deux cheminements ne vont jamais réussir à tuer dans l’œuf l’idylle (entre le cyclisme et lui) et qui a exposé ses premières lueurs quand le jeune Julian avait 7 ans. Il faut dire que dans la famille Alaphilippe, le cyclisme est une passion vorace. Les deux frères du porte-flambeau actuel du cyclisme français ont eux aussi pratiqué la discipline : Léo et Bryan.
Débuts professionnels et évolution,
Les premières prouesses d’Alaphilippe chez les professionnels virent le jour au cyclo-cross, discipline dans laquelle il remporte des titres en junior. Mais à partir de 2013, il va opérer sa mue et opter pour l’épreuve reine, celle qui le place désormais au pinacle des meilleurs cyclistes français de l’histoire. Pleinement dévoué au cyclisme sur route depuis lors, le coureur devient professionnel au sein de l'équipe Etixx-iHNed avant de rejoindre en 2014 Omega-Pharma Quick-Step.
Une année plus tard, il sema dans les Ardennes les premières graines de sa future odyssée avec à la clé des places notables obtenues sur ces classiques ardennaises. Puis, vint 2018. Après quelques années d’atermoiements, de recherche de la recette qui fait mouche, de bonnes figurations, Julian Alaphilippe a finalement réglé la mire et trouvé la thérapie. En s’imposant sur le classique de Saint-Sébastien et la Flèche Wallonne, le cycliste français confirme enfin tout le bien que pensent de lui nombre d’observateurs et ramènent les plus pessimistes sur le sillon de l’évidence pour lui d’un destin de champion probant sur la discipline. La belle preuve, la même année, il participe à son premier Tour de France et s’offre le luxe de s’adjuger deux étapes. Ce n’était que-là les premières odes…
En 2019, le public du même Tour de France l’adopte, le hisse et le porte à bouts de bras. Sa fougue, sa résilience et son esprit conquérant font particulièrement florès au sein des passionnés de la course qui l’érigent en locomotive de la représentation française sur le Tour. Deux nouvelles étapes dans son escarcelle, le Maillot Jaune arboré presque deux semaines durant et une 5e place obtenue au classement général feront définitivement entrer le natif de Saint-Amand-Montrond dans la sphère des grands, des futurs très grands.
L’année 2021, celle la confirmation et de la consécration !
Il y a un adage populaire qui dit qu’il est plus facile de se maintenir au sommet que d’y arriver. Sacré champion du monde à Imola en 2020, Julian Alaphilippe se devait de remettre cela pour son orgueil de champion, pour continuer à écrire sa légende, pour rester fidèle et dévoué à sa soif de victoires…Une dégringolade juste une année après ce premier sacre aurait été d’une indigestion monumentale. Et même s’il a participé à une pléthore de compétitions sur l’année, cet objectif campait dans sa tête goulument et générait une forme de hantise. Un maillot arc-en-ciel sur les épaules pèse indubitablement lourd. La belle preuve, jusqu’à ce 26 septembre 2021, à l’aune de ses standards habituels, son potentiel et ses ambitions, sa saison était juste bonne. Rien de plus.
Cinq dates dont le 26 septembre l’illustrent à suffisance,
11 mars : Quelques jours après avoir subi la foudre Mathieu Van der Poel sur les Strade Bianche. Alpahilippe se reprend sur la 2e étape de Tirreno-Adriatico et triomphe victorieusement. Sur la ligne d’arrivée, il laissera derrière lui dans l'ordre : Van Aert et Pogacar.
21 avril : Alaphilippe n’aura gagné qu'une seule fois en 2021. Il cherche la forme autant que la confiance. Il traverse une véritable période de crise confiance. Il balbutie et va cahin-caha à la reconquête de ses repères. Eureka. Il trouve la recette et triomphe au sommet du Mur de Huy où il est désormais invaincu depuis 2018 lui qui a été absent en 2020. Primoz Roglic a tout tenté pour le déposer mais que nenni. Le maître ici, c’est bien Julian.
25 avril : En 2015, il s'était révélé en prenant la 2e place de la Flèche puis de Liège-Bastogne-Liège. S'il a finalement dompté la première, la seconde lui échappe toujours. Malheureusement pour lui, 2021 n’y changera rien. Tadej Pogacar y est toujours aussi souverain. Il devra encore attendre.
26 juin : Brest-Landerneau, 1ere étape du Tour de France. Les organisateurs ont à dessein placé l'arrivée au sommet d'une bosse. Cette journée ressemble traits pour traits à un Mondial entre puncheurs où tous les coups sont permis. Agilité, précision, résilience et abnégation…Ses concurrents tentèrent le tout pour tout mais entreprise improductive.
Le plus fort, c’est bien Alaphilippe ! Il démarre le premier à 2,3 km de la ligne. Personne ne le reverra.
26 septembre : Il le crie haut et fort : perdre le maillot de champion du monde serait un soulagement. Mais entre ce que l’on dit et ce que l’on veut, il y a souvent un pas sinon deux. Alaphilippe a de la ressource et une idée derrière la tête. Alors qu'on pense qu'il a fait trop d'efforts dans la journée, sa banderille à 17,5 km de l'arrivée laisse ses adversaires atones, amorphes. Sur un parcours que l'on disait parfaitement dessiné pour Wout Van Aert, l'immense favori, le Français a attaqué, une fois, deux fois, trois fois et même quatre fois pour finalement faire la différence. Oui ! Le bonheur est au bout de la douleur. Le doublé historique est désormais dans la gibecière.
Plus que jamais, la carrière et la vie du cycliste sont indissociables du maillot arc-en-ciel. Et dire que seuls six cyclistes ont réalisé cet exploit avant lui. “Devenir champion du monde deux fois de suite, c’est incroyable. J’aime gagner, mais je suis aussi fier d’avoir su partager des émotions’’. Confiera-t-il.
Après une année exceptionnelle qui aura également consacré la venue au monde de son fils Nino, Alaphilippe a désormais les yeux rivés sur 2022 pour d’autres lignes dorées sur une page qui n’a pas encore livré toutes ses fulgurances.