Le Milan (encore) dans une crise institutionelle
Les années passent et se ressemblent à Milan. Le club lombard va une nouvelle fois repartir de zéro cet été avec un important changement institutionnel. Pour cause, un conflit devenu public entre le PDG du club Ivan Gazidis et le directeur sportif Zvominir Boban. Une énième goutte qui fait déborder un énième vase.
Retour sur un divorce inévitable
Les récentes déclarations de Boban à La Gazzetta dello Sport ont été perçue comme une bombe atomique au sein de l’institution milanaise. L’édition du 29 février du quotidien italien en fait sa une : «Milan, ora voglio chiarezza », autrement dit «Je veux de la clarté». Au travers d’un long entretien, le directeur sportif fustige publiquement Ivan Gazidis en revenant sur de nombreux points. Boban évoque le dossier Rangnick : «On n’a pas été averti des discussions avec Rangnick […] c’est irrespectueux et indigne pour un club comme le Milan». Boban demande par ailleurs des explications avec la direction « Ils doivent préciser les objectifs et le budget. Nous ne savons pas quelles marges nous avons […] j'y ai cru à ce projet ». Des attaques frontales qui ont accéléré le divorce entre Boban et le Milan.
Ce mardi 3 mars s'est déroulée une réunion entre les dirigeants milanais vraisemblablement pour concrétiser le départ de Boban. Des détails se règlent en interne sur la modalité de cette séparation. Après ses déclarations publiques, il risque un licenciement pour faute grave, mais rien de certain. Reste à savoir si le Croate quittera le navire dans les prochains jours ou si le club décidera de le garder jusqu’à la fin de saison. La première hypothèse semble être la plus plausible car il est difficile d’imaginer Boban rester pour faire de la figuration. Mais le Croate de 51 ans ne sera sûrement pas l’unique départ au sein de la direction. Ses deux collègues, Frederic Massara et Paolo Maldini devraient eux aussi faire leur valise.
En s’y penchant de plus près, ce divorce sonne comme une évidence tant les points de divergences entre Gazidis et le trio Boban-Massara-Maldini sont nombreux, datant de plusieurs mois pour certains. Boban et Maldini ont reproché plusieurs choses à leur PDG notamment le fait qu’il s’occupait de dossiers dont ce n’était pas sa responsabilité. L’impression pour les deux anciens joueurs du Milan de ne pas disposer d’une totale liberté dans leurs fonctions.
Du côté de l’ancien dirigeant d’Arsenal aussi les reproches sont nombreux envers ces (anciens) collègues. Entre autres le retour de Zlatan Ibrahimovic ou encore la venue de Marco Giampaolo sur le banc en début de saison, orchestrée par Paolo Maldini. Son licenciement trois mois après sa nomination a terni les relations entre les deux hommes.
Ces dernières semaines, les négociations de l’ancien dirigeant d’Arsenal avec Randgnick n’ont pas arrangé la situation. Il a clairement fait comprendre que Rangnick sera l’entraîneur du Milan la saison prochaine. Pourtant, Maldini avait déclaré il y a deux semaines que « Rangnick n’est pas le profil adapté pour le Milan ». La contradiction entre Gazidis et la direction sportive est totale. Après seulement un an, ce divorce était inévitable.
Un avenir comme point d'interrogation
Ce conflit institutionnel n’arrive pas au meilleur moment et risque d’avoir des conséquences directes sur le sportif. Le Milan traverse une nouvelle saison délicate et n’a vraisemblablement pas besoin d’un fardeau supplémentaire. De plus, Gazidis a clairement fait comprendre que Stefano Pioli à la tête actuelle de la formation milanaise ne sera pas l’entraîneur la saison prochaine. L’ancien tacticien de la Fiorentina n’accepte pas ce préavis et pourrait de lui-même quitter le Milan dans les prochains jours. Un choix compréhensible tant il est difficile pour un entraîneur de finir une saison lorsque son président ne compte pas sur lui. Des joueurs pourraient aussi quitter le navire dès cet été. Donnarumma, Rebic et Ibrahimovic sont en tête de liste.
Mais alors quel projet Gazidis veut mettre en place ? Son objectif principal est de miser sur la jeunesse. Un projet qui s’appuie sur l’achat de jeunes joueurs à prix bas pour les faire éclore à Milan et ainsi les vendre par la suite à un prix beaucoup plus important. Dortmund adopte cette politique ou encore plus dernièrement Leipzig. Des formations qui dégagent de forts bénéfices tout en restant performantes au niveau sportif, l’exemple que souhaite suivre Gazidis. Selon la presse italienne, l’organigramme pourrait être composé de Michael Emenalo, Paul Mitchel et ainsi Ralf Rangnick dans le rôle d’entraîneur et de manager à la manière d’Arsene Wenger. La venue de l’ancien entraîneur de Leipzig devrait sans surprise se concrétiser lui qui apprend actuellement l’italien.
Un énième changement de direction pour le Milan que l’instabilité ne rassure guère. Le projet de Gazidis est dans l’ère du temps et sa politique pourra très certainement sauver les finances du club sur le long terme pour rentrer dans les clous du FPF. Mais pour les tifosi rossoneri, l’espoir de revoir leur club sur le toit de l’Europe dans les prochaines années s’évapore peu à peu. Ils devront s’armer d’une solide patience. Mais comme dit le célèbre dicton : les grands clubs ne meurent jamais.