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Maradona au Mexique : le foot à la Netflix

Elle est sortie dans une indifférence assez générale. La série documentaire de Netflix sur les exploits (relatifs) de Diego Maradona en tant qu’entraîneur des Dorados de Sinaloa mêle habilement le caractère atypique d'une équipe de seconde division mexicaine avec l'histoire tumultueuse d'une ville qui a vu naître El Chapo Guzman, baron de la drogue. 

 

Maradona en mission

En août 2018, le club de Culiacán, alors dernier de deuxième division mexicaine, fait le choix le plus paradoxal qu'il soit : signer Diego Armando Maradona comme entraîneur salvateur. Deux mois après un nouveau “bad buzz” de la légende argentine lors de la Coupe du Monde en Russie, la plus cocaïnomane des stars du football rejoint le berceau de la poudre blanche. Coup de communication ou arrangement douteux ? A l'époque personne n'ose croire que le choix est sportif. Et pourtant, Diego, vu comme une idole, un prophète en Amérique du Sud et Centrale, va transformer son équipe et l'emmener vers les sommets.

Après le grand succès de Sunderland 'till I die  l'année dernière (la saison 2 arrive en janvier/février), Netflix sait faire en matière de série-documentaire. Le petit club aux ambitions de montée, la ville et ses habitants peu aisés mais passionnés, le stade modeste mais plein d'histoire, toutes les conditions étaient réunies pour remplir le cahier des charges d'un documentaire réussi. Soulevons la prise de risque de Netflix de choisir de faire un documentaire sur Maradona chez les Dorados en sachant que l'aventure aurait pu s'arrêter au bout d'un mois.

 

Attention à l'overdose ! 

Toutefois, l'approche “netflixienne” du football reste relative et particulière. Dans les deux premiers des sept épisodes de la série, on arrive parfois à se questionner s'il ne s'agit pas de la saison 2 de Narcos Mexico tant l'accent est mis sur cet aspect de la ville de Culiacán. Toutes les trois minutes environ, attendez-vous à ce que le cartel d'El Chapo soit mentionné, à ce que des vues d'hélicoptère de la ville sur fond de musique traditionnelle servent de transition entre les matchs ou à ce que les casseroles stupéfiantes de Diego soient rappelées.

En tant que passionné de foot, vous ne serez pas frustrés par le manque d'images sur le terrain. En effet, il y en a même un peu trop parfois. Cette notion pouvant vite devenir agaçante surtout lorsque les images choisies n'ont aucune valeur sportive mais entrent dans une optique esthétique du sport. De plus, certains bruitages lors des matchs paraissent presque grotesques : les contrôles de balle font le bruit d'un claquement de portière, les encouragements des supporters sont tout droit sortis d'une bibliothèque d'effets sonores libres de droits…

 

Se laisser prendre au jeu

Mais Netflix n'est pas la plus grande plateforme de streaming du monde pour rien. En sept épisodes d'environ trente minutes chacun, nous sommes transportés dans l'univers attachant et parfois pathétique du petit club prêt à tout pour faire parler de lui. La série nous donne également une autre vision – peut-être fictionnelle – de Maradona que celle qui lui colle à la peau depuis son départ à la retraite sportive. Le champion du monde en 1986 avec l'Argentine se livre corps et âme pour un club qu'il “dirige” comme un père (ou un parrain). Il déclare même à ses joueurs : “Merci de m'avoir ramené à la vie. Vous m'avez rendu heureux”. Malgré des problèmes de santé et familiaux visibles au quotidien, son caractère sulfureux et authentique pimente des épisodes déjà forts en rebondissements sportifs.

 

Bien que Netflix use d'un storytelling dont il ne faut pas être dupe, cette série-documentaire devrait plaire aux jeunes et aux moins jeunes qui ont connu les exploits de Diego Armando Maradona. En l'espace d'une ou de deux soirées, elle vous plongera dans un univers particulier, celui du football mexicain. Suspense et émotions garantis ! 

 

Crédits photo de Une : TVA Sports 

@TheoPutavy

Si vous me cherchez, vous me trouverez peut-être en train d'arpenter Fulham Road aux abords de Stamford Bridge ou d'assister aux exploits de Pinot dans les pentes du Galibier. Ou peut-être plus simplement sur mon canapé bordelais où je suis étudiant en journalisme, ou encore dans mon 94 natal.

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