On n’a presque plus besoin de la présenter. Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Margot Dumont, journaliste à beIN SPORTS, diffuseur de tous les matchs de la Coupe du monde de la FIFA en Russie. Entre sa vision du football et de son métier, découvrons un peu plus cette journaliste à la carrière déjà bien garnie.

Margot, on commence un peu à vous connaitre maintenant : vos cousins vous ont fait aimer le foot et vous êtes arrivée à beIN SPORTS au fur et à mesure de vos stages en école de journalisme. Est-ce que couvrir cette Coupe du monde, votre première, constitue l’apogée de votre carrière ou au moins une étape de franchie ?

Être journaliste, c’est comme être joueur : on aspire aux plus grandes compétitions. C’est comme le graal, d’autant plus que beIN SPORTS est le diffuseur officiel donc on sera au cœur de l’évènement et très exposé. Ça va être extraordinaire.

Y a-t-il une préparation particulière lorsqu’on s’apprête à suivre une équipe pour un grand évènement comme celui-ci ?

Il faut travailler en amont : depuis plusieurs jours et semaines, j’épluche quotidiennement la presse allemande. Après il y a aussi une préparation qui se fait tout au long de l’année pour avoir les contacts et être organisée en arrivant dans le pays.

“C'est une compétition d'un mois où il faut tout donner”

La Coupe du Monde constitue-t-elle un pallier au dessus d’un Euro de football à domicile ?

L’organisation est la même que pour une Coupe du monde et on cible le même public ; ce sont de grands évènements internationaux. Après, l’Euro en France a touché énormément de monde car c’était aussi un évènement national. Quant à savoir lequel est le mieux, je pense qu’ils se valent : c’est une compétition d’un mois où il faut tout donner.

Est-ce que vous appréhendez l’ambiance dans le pays, par rapport aux hooligans par exemple ?

Pas du tout. Je me suis déjà rendue trois jours à Moscou lorsque l’OL a joué contre le CSKA Moscou en Ligue Europa. C’était parfait pour prendre ses marques. Les gens étaient sympas et je ne me suis pas sentie en insécurité. Puis je n’ai peur de rien dans la vie, je fonce tout le temps. Par exemple quand j’étais à Ajaccio pour les play-offs de Ligue 2 dernièrement, c’était un peu chaud mais je ne me suis pas posée la question et j’étais au cœur de l’action.

Vous avez 27 ans et vous avez déjà suivi un Euro, une Coupe du monde, la Ligue Europa, où comptez-vous vous arrêter ?

J’ai des ambitions et des projets : si je peux suivre ce genre d’évènements tous les deux ans et me pérenniser, ce serait super. Tout en suivant la Ligue 1 qui est peut-être ce qui me passionne le plus.

Être bilingue en allemand a-t-il été un réel accélérateur de carrière, même si vous avez dû aussi faire vos preuves ?

Cela m’a permis de me faire vivre un Euro et une Coupe du monde. On m’a aussi pris pour ça. Après il y a aussi les compétences journalistiques. J’ai aussi eu la chance de faire la première interview en allemand du nouvel entraineur du PSG. C’est une langue que peu de personnes maitrisent en France donc c’est un avantage, c’est sûr.

“Je pense que j'ai atteint un premier cap”

D’ailleurs, qu’est-ce qu’une carrière réussie ? Avez-vous besoin d’une reconnaissance des téléspectateurs ?

Je pense que j’ai atteint un premier cap avec tout le travail effectué : 150 reportages, 200 matchs couverts et un Euro. Je ressens une reconnaissance des spectateurs, de ma rédaction, de mes collègues et confrères, même des rédactions différentes et des concurrents, car on est tous en contact et amis. C’est pareil pour les joueurs et entraineurs que je vois lorsqu’on échange sur les terrains. C’est une très bonne marque de reconnaissance. Après il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, ça doit me booster.

Selon vous, quelle différence d’approche y a-t-il entre vous et un.e autre journaliste ?

J’ai essayé de me détacher du fait d’être fan ou supporter. Je regarde le foot avec un œil plus avisé et expert : comment est fait un appel, les déplacements, les changements tactiques … Je suis moins dans la passion mais plus dans le jeu, ce qui me permet aussi d’orienter mes questions. Pour cela je lis aussi un superbe magazine : Vestiaires mag, qui est en fait adressé aux entraîneurs car très axé sur l’aspect technico-tactique.

 Est-ce qu’on vous a déjà accusée d’être trop supportrice ?

On ne me l’a pas trop reproché. On me l’a dit deux, trois fois sur Twitter mais ça provenait de trolls qui font exprès pour m’embêter. Je pense que j’ai énormément de recul : par exemple je suis souvent amener à suivre les matchs de Saint-Étienne et cela se passe très bien avec les supporters, qui m’apprécient beaucoup.

Vous cherchez aussi à montrer des histoires d’hommes …

Complètement. C’est une autre facette. Comme dans la vie, je suis attachée aux belles histoires, à l’humain, à ce qu’on peut tirer des gens. Il faut chercher la petite histoire que personne ne connait. C’est presque du sentimental. Ce n’est pas toujours évident car c’est un travail d’enquête. Mais on montre qu’un footballeur ne fait pas que taper dans un ballon.

“J'aime beaucoup la compétition”

Vous avez repris le football avec Issy-les-Moulineaux, en Division 2, pourquoi ne pas seulement jouer au football entre amis ?

J’aime beaucoup la compétition, la difficulté et la recherche de dépassement de soi, qu’on n’a pas forcément lorsqu’on joue avec des amis. Je suis avec un vrai staff qui a des exigences de haut niveau. On a un cadre pour s’entrainer et on fait quatre entrainements plus un match par semaine. Entre amis, on ne se rentre pas dedans alors qu’en club, il y a une certaine exigence.

D’ailleurs, pourquoi avoir privilégié une carrière de journaliste lorsqu’on voit que d’anciens footballeurs sont ensuite dans le milieu des médias ?

Je devais faire un choix lorsque j’avais 20 ans : je jouais en D1 avec Issy-les-Moulineaux et je venais d’avoir un CDI à BeIN SPORTS et ma carrière commençait à décoller. Partir tous les week-ends à l’autre bout de la France n’était pas compatible avec mon métier. Je n’étais pas payée avec Issy-les-Moulineaux car j’étais une jeune joueuse et je ne jouais pas tous les matchs. Tout cela s’est fait assez naturellement.

Vous voyez-vous journaliste sportive jusqu’à l’âge de la retraite ?

Je veux l’être le plus longtemps possible, mais je ne suis pas persuadée qu’on puisse faire toute une vie dans ce rôle là. On peut avoir besoin de se poser ou de changer. Aujourd’hui, on ne fait plus toute une carrière dans une seule branche. Je resterai aussi longtemps que BeIN veut de moi, mais si je vois que le vent tourne ou qu’une nouvelle génération arrive, j’aviserai. Mais il y a toujours des moyens de rebondir dans le foot, la communication ou le journalisme.

Faire de la télé s’est-il imposé à vous ?

Cela s’est fait naturellement car c’est un média que j’ai consommé étant petite. Je n’écoutais pas la radio et n’étais pas férue de lecture. J’ai toujours adoré mon rapport à l’image car lorsqu’on était petits, mon père nous filmait toujours, mon frère et moi. Même dans les années 90 il avait déjà une caméra.

Aujourd’hui, est ce que vos cousins vous jalousent un peu ?

Non, ils m’admirent plutôt : il y a une certaine forme de fierté car ils m’ont mis dans un milieu dans lequel mes parents ne baignaient pas. Ils sont fiers car ils m’ont initiée à mon métier et à ma passion.

Pourriez-vous me décrire ce qui vous passe par la tête lorsque je vous dis les expressions suivantes :

Ligue 2 : Difficulté : c’est un championnat difficile.

Ligue 1 : Le premier mot qui me vient à l’esprit est mélange : il y a des mélanges de joueurs, de stades, de cultures, de couleurs. C’est un bouquet de fleurs.

Lyon : Capitale gastronomique.

Mannschaft : Rigueur.

Équipe de France : Un grand huit. Il y a des hauts et des bas, c’est les feux de l’amour.

Kimmich : Beau goss.

Avant de décoller en Russie, est-ce que vous avez un pronostic pour cette Coupe du monde ?

La France et l’Allemagne peuvent aller dans le dernier carré et même en finale. Peut-être l’Argentine…  C’est très compliqué de savoir.

Donc entre la France et l’Allemagne, que le meilleur gagne ?

Oui. Dans mon intérêt personnel, pour l’écran, c’est bien que l’Allemagne aille le plus loin possible pour profiter un peu de la Coupe du monde et peut-être vivre une première finale. Quant à l’intérêt national, je privilégie la France.

Enfin, que peut-on vous souhaiter pour la suite, hormis un maillot allemand dédicacé pour votre anniversaire ?

J’espère qu’il y aura pas mal de football à Moscou, c’est-à-dire que je pourrais jouer avec les autres journalistes comme on l’avait fait pendant l’Euro. Je souhaite que tout se passe bien, et comme on dit, quand la santé va, tout va.

 

 

Crédit photo : PANORAMIC.