Vainqueur au Japon, Jorge Martin (Prima Pramac Racing) est revenu à trois points de Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) au championnat. Un petit écart presque impensable il y a quelques semaines lorsque l'Italien survolait le classement général. A six rendez-vous de la fin de la saison 2023, les deux hommes abordent cette situation d'une manière complètement différente.
Au soir du Grand Prix d'Autriche, cap du passage dans la deuxième partie de saison, les suiveurs du MotoGP pensaient que le championnat était d'ores et déjà plié. Avec 62 points d'avance sur son plus proche rival, et une nette domination sur ses adversaires, Francesco Bagnaia semblait naviguer tranquillement vers l'acquisition d'un second titre mondial de suite. Mais c'était avant que Jorge Martin ne débute une remontée d'enfer. Jusqu'au sacre ?
Des points lâchés à Barcelone et Misano
La première étape de ce retour au premier plan de Jorge Martin intervient lors du Grand Prix de Catalogne. Deuxième de la course sprint, Francesco Bagnaia reprend encore des points à son concurrent direct. Mais lors de l'épreuve du dimanche, l'Italien tombe et se fait rouler sur les jambes par Brad Binder (Red Bull KTM Factory Racing). Evacué vers l'hôpital le plus proche, l'avenir du champion du monde en titre paraissait sombre. Certains pensaient déjà voir le Martinator et Marco Bezzecchi (Mooney VR46 Racing Team) revenir sur le leader en l'espace de quelques courses. Troisième de l'épreuve catalane, le pilote Prima Pramac Racing reprenait seulement douze points au porteur du N°1.

Une semaine plus tard, Francesco Bagnaia était bien de retour en piste ! Le leader du Ducati Lenovo Team participait au Grand Prix de Saint-Marin comme si de rien n'était. Si Jorge Martin faisait un carton plein, les deux troisième places de Pecco ne faisait reprendre que 14 points à son rival. En deux courses, il avait perdu 26 unités mais cela aurait pu être bien pire au vu de son accident à Barcelone.
Bagnaia retombe dans ses travers en Inde
Pour la première venue du MotoGP en Inde, Jorge Martin s'imposait lors de la sprint race. Encore des points de repris ! Derrière l'intouchable Marco Bezzecchi lors du Grand Prix, les deux prétendants au titre se battaient. Francesco Bagnaia prenait le meilleur sur son homologue et pensait enfin lui reprendre des points. Mais à huit tours de l'arrivée, le champion du monde 2022 tombait tout seul dans le virage cinq.

Deuxième de la course, le pilote Prima Pramac Racing empochait 20 points. Le Martinator n'avait plus que 13 unités de retard. Un rien, comparé aux 62 qu'il comptait après l'Autriche. Au-delà de l'aspect comptable, Pecco commettait de nouveau des erreurs, comme en 2021 face à Fabio Quartararo ou au début de la saison 2022 lorsqu'il était distancé au championnat. « Peu après avoir dépassé Martin, sur les freins, dès que l’arrière a arrêté de glisser, j’ai perdu l’avant et j’ai chuté, analysait-il au soir de sa faute à Buddh. Ça peut arriver, même si ça ne devrait pas, je ne peux pas éviter certaines erreurs. Le truc, c’est que je ne devrais pas me retrouver dans ces situations, comme ici ou à Misano : je ne pouvais pas arrêter la moto et je ne comprends pas pourquoi. »
Expliquer le retour de Jorge Martin au championnat par la simple défaillance de Francesco Bagnaia serait bien réducteur. Puisque l'Espagnol est sur une série incroyable de cinq victoires sur les six dernières courses (en comptant les sprint race). Ajouté à cela ses premières lignes en qualifications et le Madrilène est devenu un pilote complet, redoutable sur un tour comme sur plusieurs. A Motegi, il a encore gagné les deux courses et réduit l'écart à trois points. Il n'est pas encore en tête du championnat mais pourrait bien l'être très rapidement

Championnat : Martin ne veut pas y penser, Bagnaia en gestion
Face à cette situation, les deux n'ont pas la même approche. Habitué à se battre pour le titre depuis deux saisons, Francesco Bagnaia est excité avant d'attaquer le sprint final. « Je pense que ça va être intéressant, ça pourrait devenir un bon combat, même si tout devient plus intense et difficile. J’ai déjà été dans cette situation et le sais comment la gérer, j’aime cette pression et ça ne me dérange pas beaucoup. Jorge est dans un excellent moment mais j’ai trouvé quelque chose qui m’a aidé ces derniers jours. Je pourrai certainement me battre à nouveau avec lui et les autres à Mandalika, même si l’an dernier j’y suis arrivé dans des conditions techniques très difficiles. J’aime les circuits restants. »
Interrogé sur le sujet après le sprint de Motegi, Jorge Martin préfère ne pas se soucier de cette question et profiter de ce qu'il est en train de vivre. « C'est assez intéressant, c'est comme un rêve. Je ne m'attendais pas à être dans cette situation il y a trois ou quatre mois, mais je pense que je ne dois pas changer de mentalité. Comme je l'ai dit à Misano, je veux profiter du moment, je sens que je n'ai pas cette responsabilité [de devenir Champion du monde]. C'est sûr que je veux gagner mais je n'en ai pas la responsabilité. Pecco l'a, parce qu'il est dans une équipe d'usine. On essaie de prendre du plaisir, de gagner des courses, de faire le maximum et on verra où je serai à Valence. » Prochaine bataille entre les deux hommes : le Grand Prix d'Indonésie dans quinze jours (13 – 15 octobre) à Mandalika.
