NBA – L’influence du rap US sur la NBA
La célébration de James Harden après un 3-pointer nous vient tout de suite en tête lorsqu'on y pense. “Stir the pot”, littéralement “remuer le pot” en français, est une célébration consistant à mimer la préparation d'un plat. Dans la tête du joueur, il cuisine ses adversaires. Cette célébration ne viendrait pas de lui, mais de Lil B, rappeur américain, qui en revendique la paternité (le geste serait issu de son clip pour la chanson I Cook, sorti en 2011). Il lui avait d'ailleurs fait savoir, et d'une bien belle manière. Des anecdotes de ce genre, il en existe cent autres. Parfois, les connexions sont encore plus grandes. Retour sur les plus belles influences du rap US sur la NBA.
Les joueurs-chanteurs, Lillard en tête
Shaq
Shaquille O'Neal est certainement le joueur le plus complet à avoir eu une carrière dans le rap. Aujourd'hui analyste TV, grand fêtard, plein de bonne humeur, il fut un temps où Shaq écrasait ses adversaires sur le parquet, comme dans les charts. Il n'était d'ailleurs pas encore le plus connu des joueurs NBA, mais pesait déjà très clairement dans le game. En 1993 sort son premier album, Shaq Diesel, qui finit disque de platine. Rien que ça. Le Shaq collabore avec de gros producteurs et d'immense chanteurs. Il a notamment réalisé des sons avec Ice Cube, Phife Dawg, ou encore The Notorious B.I.G. sur son titre et album éponyme Can't Stop The Reign. Son plus gros succès commercial restera un son extrait de son premier album sorti sous le label Jive Records, en featuring avec Def Jef. (I Know I Got) Skillz, véritable claque musicale à l'époque, posait Shaq Fu sur la carte du Rap US.
Jewels
Allen Iverson, véritable icône de la NBA s'y est lui aussi mis. En 1996, année de son arrivée en NBA, il débarqua en même temps que le style hip-hop. Baggys, chaînes en or autour du coup et tout ce qui s'y apparente sont venus soulever la Ligue. Sa connexion avec le monde du rap saute aux yeux, et forcément il s'y essaye. En 2000, le meneur des Sixers sort même un premier single, intitulé 40 Bars, sous le nom de Jewels. Ses paroles, jugées misogynes, homophobes et violentes, condamnent sa sortie. David Stern, le grand commissaire de la NBA de l'époque, l'enjoint de retirer son album. Il s'exécute : Misunderstood ne sortira qu'en 2010, à la fin de sa carrière NBA. Pour la petite histoire, c'est en partie à cause de lui qu'un dress-code fut instauré en Octobre 2005. Nous vous laissons deviner la réaction de The Answer.
C-Web
Autre joueur à avoir bénéficié d'une grande influence du Rap US : Chris Webber. En 1999, le joueur des Kings, surnommé The Best Looser, sortait son premier album. Intitulé 2 Much Drama, l'ailier fort tente de se faire discret en empruntant le nom de scène C-Web. Gangsta! Gangsta! (How U Do It), issu de cet album, se hissera même dans le Top 10 du Billboard Rap. Le featuring avec Kurupt aura donc très bien marché. Par la suite, il écrira de nombreux sons pour de grandes stars du rap, en passant notamment par Nas et son morceau Surviving the Times.
Dame D.O.L.L.A.
Plus récemment, Damian Lillard s'est parfaitement imposé comme la relève du joueur-rappeur. Pour certains, il est même probablement le seul joueur NBA qui n'aurait pas eu besoin de son statut pour percer dans le milieu du Rap US. Avec déjà quatre albums au sein de sa discographie, le premier sorti en 2016, Dame D.O.L.L.A. n'a pas chômé. Il s'est même payé le luxe d'en sortir un en 2020, en direct depuis la bulle d'Orlando. Live From the Bubble, ce sont quatre sons sortis en pleine période de playoffs NBA. Son premier album, The Letter “O”, avait d'ailleurs été couronné par le King lui-même, LeBron James. Aujourd'hui, Lillard a lancé un hashtag sur Twitter, #4BarFriday, permettant aux rappeurs amateurs de partager leurs créations. Des amateurs aux noms plutôt connus, puisque Lebron James, Draymond Green ou encore Paul George s'y sont essayés.
Le streetwear en NBA
Depuis 2005 et une nouvelle règle de David Stern, les ardeurs des joueurs NBA se sont calmées. Comme dit plus haut, Allen Iverson incarnait à la perfection l'arrivée de la mode hip-hop au sein de la NBA. Aujourd'hui, en revanche, les joueurs sont plutôt considérés pour certains comme des icônes de mode. Exit donc les snapbacks, les bijoux tape à l’œil, les baggys (qui ne sont de toute façon plus à la mode)… Cependant, le Rap US a trouvé d'autres moyens pour s'immiscer dans la NBA. Il y en a d'ailleurs tellement que cela devient difficile de tous les recenser.
En 2019 par exemple, après que les Toronto Raptors aient été sacrés champions NBA, Drake leur a offert un sacré cadeau. Sans doute le rappeur US le plus impliqué au sein d'une franchise, coach assistant de Nick Nurse à ses heures perdues, Drake est un fan absolu de basketball et de sa franchise de cœur, les Raptors. En 2012, Drake, accompagné d'Oliver El-Khatib, avait fondé sa marque de vêtements, OVO (October's Very Own). Il n'en fallait pas plus pour que la magie opère. Pour remercier la franchise canadienne comme il se doit, le rappeur canadien a offert à chacun des joueurs une veste de champion NBA, personnalisée. Le rendu est juste magnifique, nul doute que les fans ont du apprécier l'attention.
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Autre exemple de cette connexion entre les rappeurs US et la NBA, la collaboration NBA Remix, toujours disponible sur le site Bleacher Report. De nombreuses franchises NBA ont vu leur maillot revisité par des stars du Rap US. Parmi toutes ces créations, certaines ont retenu notre attention. C'est notamment le cas du maillot des Hawks imaginé par Future, du Heat (DJ Khaled), des Pistons (Big Sean) et des Nets (Joey Bada$$). Certains sont d'ailleurs toujours disponibles sur la boutique en ligne. Le fait que des maillots de franchises NBA soient repris, rendant parfois hommage à de glorieuses périodes (celui des Nets notamment), marque une fois de plus l'empreinte du Rap US et de ses représentants au sein de la NBA.
À chaque rappeur sa franchise de cœur
Il y a ceux où cela sonne comme une évidence. Cité plus haut, Drake est un fan absolu des Raptors de Toronto. Plus vieux, Snoop Dogg a lui aussi incarné cette génération de rappeurs drogués à la NBA. Très souvent repéré du côté de Los Angeles, de la West Coast évidemment, Snoop a assisté à de nombreux matchs des Purple & Gold en front court. Nombreux sont les rappeurs fans des Lakers, tant la franchise a une histoire incroyable. Kendrick Lamar ou encore Ice Cube en sont fous. Le regretté 2Pac, grand rival de Notorious B.I.G. à l'époque de la concurrence West Coast / East Coast, en étant également très fan.
Il en va de même pour Eminem, qui est très attaché à la franchise des Pistons de Detroit, d'où il est originaire. En 2017, il avait même chauffé la salle en prenant le micro pour l'inauguration de la Little Caesars Arena de Detroit. Les joueurs présents avaient d'ailleurs halluciné, Andre Drummond en tête. Tobias Harris lui se croyait presque dans 8 Miles (à partir de 8:24 dans la vidéo). Il n'est d'ailleurs pas le seul fan des Detroit Pistons, Big Sean (voir plus haut) étant également un gros fan de la franchise de Motor City.
Autre très gros poisson du monde du rap, Travis Scott s'est lui épris de la franchise des Rockets de Houston. Cactus Jack, natif de cette ville du Texas, ne cache pas sa grande passion pour la franchise où évolue notre cher James Harden. Pour boucler la boucle, Travis Scott avait d'ailleurs lui aussi participé à la campagne NBA Remix Collection citée plus haut, fruit du travail entre Mitchell & Ness et Bleacher Report. Il avait alors sorti un maillot inédit des Rockets, épuisé en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Plusieurs références à l'univers de Travis Scott étaient visibles, dont le globe au smiley de son album Astroworld. Houston est d'ailleurs l'un des thèmes récurrents de cet album.
Enfin, pour parler de rappeurs qui ne font pas qu'écrire sur leur franchise de cœur, Quavo ne pouvait pas ne pas être cité. MVP du All-Star Game Celebrities de 2019, le chanteur du groupe Migos a un vrai petit niveau. Il faut dire qu'il s'était entrainé dur pour cette performance. Fan des Hawks d'Atlanta, la franchise aurait presque pu lui proposer un petit contrat, tant elle a du mal à se qualifier en playoffs depuis quelques années maintenant. Il n'est d'ailleurs pas le seul rappeur connu fan des Hawks, 2 Chainz possédant lui aussi un sacré shoot à faire pâlir certains joueurs d'Atlanta.
Nous aurions aussi pu citer Jay-Z, ambassadeur des Brooklyn Nets (comme Notorious B.I.G. avant lui), Rick Ross (Chicago Bulls), ou encore J. Cole. D'ailleurs, histoire intéressante, ce dernier en aurait bien fait son métier. Il aurait d'ailleurs eu quelques contacts avec certaines franchises, dont les Pistons très récemment. Alors, finira-t-il à l'essai sur le banc d'une franchise NBA ? Si beaucoup de joueurs se sont essayés au rap, un seul a réussi à faire le chemin inverse. Lors des pré-saisons 1998 et 1999, Master P avait intégré l'effectif étendu des Raptors et des Hornets. Hornets, franchise préférée de … J.Cole. Artiste complet, talentueux, J. Cole est dans les oreilles de bon nombre de joueurs NBA, alors bientôt sur les parquets ?
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Le Rap US et la NBA sont deux mondes indissociables que rien ne pourrait séparer. Il existe aujourd'hui beaucoup trop de connexions entre eux. Le Rap US a bien évidemment influencé la NBA, mais qu'en est-il de l'inverse ? À quel point la NBA s'est-elle immiscée dans la vie des rappeurs ? Un début de réponse a été donné, de nombreuses stars américaines défendant bec et ongles leur franchise préférée. Et qu'en est-il de la France sur ce point-là ? Sommes-nous vraiment légitimes lorsque nous parlons de NBA dans nos textes ? Faut-il s'arrêter au “3 points switch comme Shaquille O'Neal” de Niska dans Vrai de Vrai, ou certains rappeurs français sont-ils plus légitimes ? Réponses (peut-être) au prochain épisode.