Le SL Benfica s'est imposé 2-1 samedi soir sur la pelouse du FC Porto. Un Clássico remporté face au tenant du titre, qui permet aux Aguias de récupérer la première place au classement. Tel était l'enjeu de cette flambante confrontation, avant laquelle les Dragons ne possédaient qu'un petit point d'avance sur leur dauphin. Le match aller avait vu s'imposer Benfica par un but à zéro. L'historique des confrontations est relativement partagé. En effet, sur les 7 dernières rencontres, 3 nuls ont été concédés, et 2 victoires obtenues par chacune des deux formations.

Un match faussement équilibré

Résume vidéo du match. Crédit : Sport TV.

C'est dans un stade plein à craquer recouvert d'un sublime tifo  – 49 000 spectateurs faisant régner une bien ardente ambiance, que débute la rencontre. Dés les premières secondes, Porto tente de surprendre les visiteurs avec une frappe lointaine d'Alex Telles, captée avec assurance par le gardien adverse. Benfica multiplie les tacles assassins. L'un d'entre eux, perpétré sur Brahimi par Rúben Dias, contraint Jorge Sousa à sortir la première biscotte de la soirée. S'en suit un coup-franc à l'entrée de la surface, battu par Adrian Lopez et repoussé par le mur des rouges et blancs. Le balle revient sur l'Espagnol, qui d'une frappe en cloche, vient crucifier le petit filet gauche d'Odysseas. Les locaux mènent 1-0, à la 18ème minute. Peu avant la demi-heure de jeu, Gabriel et Seferovic profitent d'une erreur défensive Portista pour servir João Félix, qui du pied droit se défait de Casillas. Benfica acte l'égalisation.

Plusieurs altercations marquent le match, notamment entre Félix et Pepe. Le tempérament sanguin du brésilien rattrape alors sa riche expérience. Casillas dévie admirablement un puissant tir de Seferovic, puis les 22 protagonistes entrent dos à dos aux vestiaires. Le match reprend et la sentence échoie à la 52ème minute. Grimaldo centre vers Rafa, lequel effectue un-une deux avec Pizzi avant de trouver l'espace pour frapper. Face à une défense tripeira désordonnée, le milieu de terrain décroche un tir à ras de terre infaillible. La troupe de Bruno Lage renverse le match, 2-1. Dans un dessein de conserver son avantage, l'écurie lisboète se montre parfois trop pugnace. Coupable d'un abominable tacle sur Óliver puis d'un geste d'humeur face à Otávio, Gabriel (Benfica) écope successivement de deux jaunes, synonymes d'expulsion. 5 autres cartons sont distribués de part et d'autre.

Dominer, c'est bien. Être réaliste, c'est mieux.

Crédit : FC Porto

Porto pousse. La frappe de Brahimi rase les buts (53′), le portier visiteur intercepte les molles tentatives de Marega et Danilo (62′ ; 83′), la tête de Felipe heurte la transversale (84′),  Odysseas repousse avec bravoure les ultimes occasions de Moussa et Felipe (90′). Le score ne transmuera pas : Benfica tient les 3 cruciaux points ! Son entraîneur Bruno Lage (fraîchement recruté) jubile modestement : “Émotionnellement, nous étions tranquilles, sachant ce que nous devions faire. Nous avons fait un match brillant, dominé jusqu'au 2-1. Les joueurs sont en train de faire de moi un entraîneur”  Côté perdant, Conceição (qui a prolongé jusqu'en 2021) reste digne : “Nous avons tout tenté mais avons manqué d'efficacité. Le championnat est encore long et nous allons lutter jusqu'à la fin.”

D'un point de vue statistique, c'est bel et bien les bleus et blancs qui ont (stérilement) dominé les 90 minutes. Une meilleure possession de balle (60%), un plus grand nombre d'occasions, de corners et de duels gagnés ainsi que des frappes et des passes d'avantage précises. Mais une difficulté dans le dernier geste, signal d'un manque de constructivité dans la stratégie offensive, vraisemblablement fondée sur l'espoir en des éclats individuels. Est-il décent de voir un club de niveau européen comme le FC Porto balancer hasardeusement la balle en avant, telle une pomme de terre brulante ? Dés leur ouverture du score, les hommes de Sérgio Conceição se sont montrés anxieux, brouillons, submergés par une fébrilité pourtant propre aux équipes menées au score. En défense côté droit, les pertes de balles et mauvais contrôles de Manafá ont été pénalisants. Óliver au milieu n'a pas toujours su que faire de la balle.

Et maintenant ?

Crédit : Super Dragões

Le jeu proposé par Benfica fut constructif et posé, emmené par un collectif à la mentalité hargneuse dont le réalisme à la finition fut redoutable. Un brillant et jeune effectif qui a parfaitement assimilé les idées et le système adapté prôné par Bruno Lage. Un schéma en  4-4-2, avec un Rafa percutant et rigoureux au milieu, un excellent João Félix en pointe – Porto doit se mordre les doigts de l'avoir laissé quitter sa formation en 2014. Puis une ré-organisation en 5-3-2 défensif en fin de rencontre pour tenir l'avantage. Odysseas au poste de gardien s'impose comme un futur grand.

Comme à chaque Clássico, nous avons eu  droit aux traditionnels caillassages d'autocars. Aux incidents d'avant-match souvent liés à l'utilisation d'engins pyrotechniques (une adolescente a été blessée.) Sur le terrain, de nombreux actes d'anti-jeu, une tension palpable entre les joueurs, et une éternelle contestation de l'arbitrage. Les uns voient une position de hors-jeu sur l'ouverture d'Adrian, les autres une faute commise avant l'égalisation de Félix. Qu'importe.

Pour apaiser la fureur de ses supporters, Porto peut audacieusement essayé de se qualifier en 1/4 de finale de la Champions. Pour cela, il faudra vaincre l'AS Roma (victorieuse 2-1 à l'allée), laquelle s'est lourdement inclinée 3-0 face à la Lazio. Benfica affrontera quant à lui le Dynamo Zagreb en Europa League. Il reste 10 matchs d’impétueuse lutte en Liga NOS. Et bien que le calendrier du club de la capitale semble plus abordable que celui du FC Porto, tout reste plausible. Par le passé, les Dragons ont maintes fois ravivé la flamme annihilante lors des toutes dernières journées…