Ah, le basketball, un sport chéri par beaucoup de personnes sur notre planète. Chaque son, chaque mot peut rappeler à un fan un merveilleux moment, mais aussi un souvenir douloureux. “Curry, way downtown : BANG !”, “Oh, blocked by James !”, “Oh Thomas Heurtel, donne-moi ton short !”, tant de phrases qui résonnent en nous encore et toujours. Mais au juste, qu’est-ce qui nous a fait aimer le basket, nous autres amateurs de la balle orange ? Quels évènements, quelles équipes ou quels joueurs nous ont fait basculer du côté obscur du terrain ? La rédaction basket de We Sport a essayé de répondre à ces questions à travers le point de vue de différents rédacteurs.

Un amour de jeunesse

Personne ne s’en doute à ce moment, mais le 26 juin 1996 est une date-clé dans l’Histoire de la grande Ligue. Ce jour-là se tient certainement l’une des plus belles Draft all-time. Parmi les stars de cette cuvée (Steve Nash, Stephan Marbury, Peja Stojakovic ou encore Zydrunas Iglauskas), deux ont véritablement révolutionné la NBA et marqué l’histoire de ce sport.

Lorsque The Answer et Kobe arrivent en NBA, je n’ai que dix ans. Le seul moyen de suivre la NBA en France c’est Canal+ et nous ne sommes pas abonnés, cet évènement me passe alors largement au-dessus de la tête. Ce n’est que quelques années plus tard que la mouche NBA me piquera. En 1999, j’ai treize ans et je suis nul au foot (ce n’est pas peu de le dire). Pour m’occuper le midi au collège, je décide de m’inscrire en compagnie de quelques amis à l’équipe UNSS de basket. En quelques jours je prends goût au jeu. Et comme ce sont les débuts d’internet chez moi (vous savez, avec le modem qui fait biiiiip pendant vingt secondes avant d’ouvrir une page) , je commence à me renseigner. Je vois que deux gamins commencent à crever l’écran outre-atlantique. Rapidement on s’identifie, le panier au-dessus du garage commence à chauffer et les premiers jerseys arrivent à Noël : Kobe pour moi, Iverson pour mon frère. Une idylle entre moi et ces deux monstres sacrés est née.

“Toi et moi, chaque fois que nous mettions les pieds sur les parquets, nous allions à la guerre. Mais il n'y avait aucune animosité. C'était comme deux boxeurs poids-lourds l'un face à l'autre. Mais à la fin, lorsque sonne le gong, il n'y a rien d'autre que de l'amour et du respect.” – Allen Iverson

Une opposition de style sur le parquet…

Sur le terrain, Kobe et Iverson font la loi dans leurs conférences respectives. Les duels sont électriques, les deux joueurs sont conscients qu’ils peuvent faire quelque chose de grand. Allen Iverson, numéro 1 de cette draft, est certainement le plus talentueux. Dès sa première saison, le natif d'Hampton en Virginie éclabousse la NBA de sa classe. Titulaire pour son premier match, il compile 30 points et 6 assists. Le reste de la saison il explose les compteurs, seul rookie à réaliser cinq matchs consécutifs à plus de 40 points, 14 double-double sur la saison, et surtout un handle devenu légendaire sur Michael Jordan. La fusée Iverson est lancée et quatre ans après, le numéro 3, devenu MVP de la saison régulière en 2001, hisse enfin les Sixers en finales NBA face à un certain Kobe Bryant. Le duel tourne court tant les Lakers paraissent au-dessus. Surtout portés par un immense Shaquille O’Neal, Los Angeles s’impose 4-1 et Iverson ne reverra plus jamais les finales NBA malgré des stats ahurissantes jusqu’à son départ de Philadelphie en 2007.

De l’autre côté des États-Unis, son rival connaît une ascension beaucoup moins fulgurante. Arrivé dans une franchise qui tourne beaucoup mieux, Bryant est entouré de stars et peut éclore sans pression. Sa première saison est timide mais laisse entrevoir un beau potentiel, si beau qu’il devient en 1998 le plus jeune titulaire lors d’un All-Star Game. Avec l’avènement de Kobe, l’heure des Lakers avait sonné. Champion NBA 2000 et 2001, Bryant apparaît comme le futur du basketball et mène à distance son duel avec Iverson. Leurs face-à-faces sont toujours attendus et empreints d’une certaine tension, même en saison régulière. On sent que ces deux-là veulent être les meilleurs. Pour le plus grand bien de la NBA, ils popularisent le basketball dans le monde entier, deviennent les visages de celle qui deviendra au début des années 2000 la ligue la plus suivie dans le monde.

“C'était une obsession. J'ai lu chaque article, chaque livre qui parlait de AI. J'ai regardé chaque match qu'il a joué, remontant jusqu'au collège. J'ai étudié tous ses succès, toutes ses batailles. J'ai obsessionnellement recherché chaque faiblesse que je pouvais trouver en lui.” – Kobe Bryant

…Mais surtout en dehors

S’ils ont tous deux marqué la NBA de leur empreinte, Kobe et Iverson l’ont fait de manière différente. Habitué des unes de magazines sportifs, AI révolutionne en partie la NBA dans son aspect « show-biz ». Rap, mode, drogue, son style « Gangsta » interpelle autant qu’il fascine. Visage de la NBA, Iverson devient une icône pour toute une génération de jeunes américains qui s’identifient parfaitement à ce gamin tatoué, né sous X. Accroc au jeux d’argent, à la drogue, son style vestimentaire Bling-Bling dérange, si bien que David Stern, le commissioner NBA, en viendra à imposer un dress-code aux joueurs. Mais Iverson aime jouer avec les interdits, il s’en délecte et joue de son image de bad-boy. Iverson est ce qu’il est, pas ce que l’on veut qu’il soit.

Kobe aussi déchainera les passions et avec ça les tabloïds. Monstre de travail et de persévérance, le numéro 8 (il changera de numéro en 2006) veut paraître plus sage que son rival. Il n’est néanmoins pas en reste au niveau scandales et se retrouve mêlé à une sombre affaire d’agression sexuelle en 2003. Père de famille, marié à Vanessa qu’il a connu à l’âge de 17 ans, Kobe (certainement un peu avec l’aide de la NBA il faut bien le dire) réussit à s’en sortir grâce à un arrangement à l’amiable. Cependant, son image gardera toujours cette cicatrice.

Un antagonisme comme la NBA en a connu peu, une rivalité légendaire, voilà ce qui m’a fait aimer la NBA. Un duel iconique, parfaitement résumé en une seule phrase prononcée par AI à la mort de Kobe : “Greatness needs company, and we needed each other”.

Credits : Jeff HAYNES / Getty Images