A quelques jours de l'Open d'Australie, We Sport FR vous propose de partir à la rencontre de Nicolas Peifer, champion de tennis fauteuil qui a notamment remporté la médaille d'or aux Jeux paralympiques de Rio aux côtés de Stéphane Houdet. De son parcours à sa victoire aux jeux paralympiques, zoom sur ce génie du para tennis français.

Bonjour Nicolas, nous tenons tout d'abord à vous remercier de nous accorder cet entretien. Pour commencer, on aimerait connaitre votre plus beau souvenir sur les courts ?

Mon plus beau souvenir est la médaille d'or à Rio, aux jeux paralympiques de 2016 (en double aux côtés de Stéphane Houdet). Ça a été vraiment le plus beau souvenir de ma carrière. Il s'est passé une super belle semaine, avec une super bonne ambiance avec tout le staff, que ce soit avec les kinés, l'équipe France ou même les sportifs. Ça a été au moment de la finale, quand on remporte le match que là on réalise qu'on est champions paralympiques. Ça a été vraiment le plus beau moment.

nicolas peifer stéphane houdet champions paralympiques

Pour revoir leur sacre, c'est ici.

Quelle est votre histoire avec le tennis ? Comment est-ce devenu une passion au point de vouloir devenir joueur professionnel ?

Quand j'étais petit, à 8 ans et demi, je regardais Roland Garros à la télé et ça m'est venu à l’idée de faire ce sport. Sachant que j'étais déjà en fauteuil, j'en ai parlé avec mon père qui pensait que cela ne pouvait pas être possible. Et puis un jour, il en a parlé avec un de ses collègues de boulot qui lui a fait part de l’existence d'une section tennis handisport à Sarreguemines. Du coup, nous sommes allés voir et on a tout de suite été en bon contact avec le président de l'association handisport. Ça a commencé comme ça, je me suis inscrit à 9 ans.

Au début j'ai commencé pour le plaisir, mais on s'est rendu compte que mon niveau évoluait. Alors un jour, je suis parti dans un stage qui était organisé par l'ancien entraîneur de l'équipe de France handisport, dans la région parisienne. A la fin de ce stage de 3 jours, il a contacté mes parents en leur disant que j'avais les moyens d'aller encore plus loin et qu'il pouvait s'occuper de moi pour faire évoluer mon potentiel. A la suite de ça, je suis parti à Versailles pour m’entraîner. Notre premier objectif était de participer aux jeux paralympiques de Pékin, en 2008. Le but était surtout de découvrir l'univers paralympique car on m'a toujours dit que c'était totalement différent d'un tournoi, notamment au niveau de l'ambiance. Le but était surtout de se préparer à ceux de Londres en 2012, où j'ai fait médaille d'argent en double.

Quel joueur est votre source d'inspiration ?

Pour moi, c'est Nadal. C'est un mec qui aime se battre sur le terrain et moi, j'aime le combat. J'aime bien la niaque qu'il a alors ça me motive.

Vous avez aussi pratiqué la natation. Pouvez vous m'en dire un peu plus sur votre parcours dans les bassins ? Est ce que vous pratiquez encore ce sport aujourd'hui ? 

J'ai commencé la natation un petit peu avant le tennis et j'ai été champion de France 4 nages. A l'époque, c'était en 2000 pour les jeux de Sydney, je suis rentré en équipe de France et j'aurais du participer aux jeux.  Le problème est qu'il fallait avoir minimum 12 ans donc on ne m'a pas pris. J'ai été très déçu de ne pas pouvoir faire les jeux car ça me tenait vraiment à cœur. Du coup j'ai arrêté et je me suis lancé dans le tennis.

Normalement je devrais en faire pour entretenir mon corps car c'est bon pour les muscles. Mais le tennis me prend tellement de temps que dès que j'ai une heure pour me reposer, je vais me reposer (rires).

Si vous n’étiez pas joueur de tennis professionnel, qu’est-ce que vous auriez voulu faire dans la vie ?

Très bonne question ! (rires) J'aime bien les animaux, j'aime bien les chiens… Alors j'aurais bien aimé faire maître chien, pourquoi pas! J'aurais également aimé faire l'armée, mais en fauteuil, c'est compliqué.

Je suis également employé par le ministère de la défense, en tant que sportif de haut niveau. J'ai le poste de ASVP, ça m'apporte un salaire tous les mois.

Pouvez vous nous résumer le ressenti sur votre carrière en quelques mots ?

Ma carrière est bien, mais je pense qu'elle peut être mieux. Je suis passé à côté de quelques tournois et quelques matchs que j'aurais pu remporter mais bon… Après, c'est dans la tête. Je suis quand même satisfait, mais comme je le disais, ça pourrait être mieux.

Quels sont vos objectifs pour 2018 ?

Mon objectif est d'être n°1 en simple et en double, en sachant que je l'étais déjà en double. Et puis j'ai envie de remporter encore des Grand Chelem.

Vous avez un très beau palmarès en double (5 Grand Chelem, 1 médaille d'argent et une médaille d'or aux jeux paralymiques), est ce que le double est votre priorité dans votre carrière ?

Pour moi, que ce soit en simple ou en double, je me donne à fond des deux côtés. En double, je joue aussi pour la personne qui est avec moi. J'aime bien rendre mon partenaire heureux donc j'ai peut être tendance à me donner un petit peu plus en double. C'est peut être un petit peu plus relax car on ne couvre qu'une partie du court, mais il faut être bien avec son partenaire, le comprendre, savoir où il va se déplacer, etc… 

Les jeux paralympiques de Paris en 2024, est ce également un objectif pour vous ?

Oui, totalement. Là j'ai 28 ans et il faut savoir qu'on peut jouer au para tennis jusqu'au moins 50 ans. Donc oui, ça fait clairement parti de mes objectifs, j'ai envie de tenir jusqu'aux jeux de Paris. Après, ça dépend toujours des blessures et des conditions physiques. Mais en tout cas j'ai l'intention de les faire.

Vous avez l’habitude de beaucoup voyager. Estimez-vous que la France est plus ou moins en avance que certains pays au niveau du développement de l’handisport ?

En France, on est vraiment en retard. Il faut savoir que les Pays Bas et la Belgique sont beaucoup plus petits que la France mais beaucoup plus développés au niveau de l'handisport et de la vie de tous les jours. Les anglais sont également super bons au niveau de l'handisport et sont beaucoup reconnus. L'Argentine est très développée aussi. Mais en France, on est vraiment en retard. Les médias ne sont pas trop derrière nous… Ils ne nous poussent pas trop et nous aident pas trop. Après, ça a quand même évolué mais on est toujours dans l'ombre. Pour nous, c'est compliqué, et notamment pour chercher des sponsors car ils veulent des personnes qui soient vues un peu partout. 

Un grand merci à vous Nicolas pour avoir pris le temps de répondre à nos questions. Toute l'équipe de We Sport FR vous souhaite bonne chance pour votre saison 2018. On vous laisse le petit mot de la fin pour clore cet entretien.

Je souhaiterais dire aux jeunes que s'ils veulent quelque chose, il faut se battre jusqu'au bout. Il ne faut jamais rien lâcher et se donner tous les moyens pour y arriver.

Charlotte HILDEBRAND @MadameTennis