Après onze mois fournis en évènements sportifs, notamment à cause du report de nombreuses compétitions qui devaient avoir lieu l’an passé, le mois de décembre conclut un cru 2021 riche en émotions. De la septième bague de Tom Brady au titre de champion du monde de Fabio Quartararo en Moto GP, en passant par les Jeux olympiques et paralympiques, We Sport revient sur 30 moments marquants qui ont rythmé l’année civile. Aujourd'hui, retour sur le 8e titre du duo Sébastien Ogier – Julien Ingrassia en WRC, huitième et dernier de leur carrière.
Un titre en forme de bouquet final
Après 2013, 2014, 2015 et 2016 chez Volkswagen Motorsports, 2017 et 2018 chez M-Sports et 2020 chez Toyota Goazoo Racing, le duo Ogier – Ingrassia l’a emporté pour la seconde fois avec le constructeur nippon, la huitième en tout. Surprise de taille presque pour le duo qui devait raccrocher en 2020, avant que la pandémie ne les pousse à rempiler une dernière fois afin de vivre une saison plus joyeuse. C’est encore un chiffre ahurissant pour un pilote français, qui le place à une unité de la légende Sébastien Loeb. S’il n’ira pas chercher le couple Loeb – Elena, Ingrassia prenant sa retraite sportive, le duo français peut se targuer d’avoir remporté une huitième couronne mondiale en novembre, à Monza, avec un troisième constructeur différent.
Cette saison ne fut pas de tout repos pour Ogier et Ingrassia. Les deux Français ont dû faire face à un calendrier parfois perturbé par la pandémie mondiale, d’abord (Suède, Grande-Bretagne, Chili et Japon reportés), et ensuite par l’émergence de nombreux pilotes talentueux, comme le champion du monde 2019 Ott Tänak ou la jeune étoile montante Kalle Rovanperä. Thierry Neuville et leur coéquipier chez Toyota Elfyn Evans avaient aussi leur carte à jouer au sein d’un plateau décidément très relevé.
Victoires à Monaco, en Croatie, en Sardaigne et au Kenya
Lors de la première partie de saison, Ogier et Ingrassia sont intraitables. Ils s’imposent d’emblée à Monte-Carlo, pour la huitième fois de leur carrière. Ce succès leur permet d’ailleurs de dépasser Loeb et Elena en terme de victoires en Principauté. Ils s’imposent de justesse devant leurs coéquipiers Evans et Martin, la paire belge de chez Hyundai complétant le podium. S’en suit une 20e place au premier des deux rallyes de Finlande (en remplacement du rallye de Suède), avant de renouer avec la victoire en Croatie, pour 6 dixièmes devant Evans.
Au Portugal, le duo Ogier – Ingrassia se classe à une belle troisième place derrière Evans, très régulier en début de saison, et Sordo. Les victoires en Sardaigne et au Kenya confortent leur place de leader au championnat du monde, et une huitième couronne mondiale peut alors s’envisager.
Petite pression à Monza
La seconde partie de saison du duo français se passe légèrement moins bien. Incapables de renouer avec le podium en Estonie et en Belgique, à Ypres, il faut attendre le rallye de l’Acropole en Grèce pour les voir apparaître sur la troisième marche du podium. La paire Evans – Martin, vainqueur en Finlande et seconde en Catalogne alors que les Français ne font que cinquième et quatrième, met la pression sur les septuple champions du monde. C’est d’ailleurs peu après le rallye de Finlande que Julien Ingrassia annonçait sa volonté de se retirer du monde du sport automobile. Un arrêt poignant qui appelait à une sortie en apothéose.
Finalement, il arrive à Monza avec un petit matelas de 17 points tout de même, sachant que Evans et Martin ne peuvent marquer plus de 30 points, course et Power Stage comprises. En tête au bout de deux jours de course, il s’impose le dimanche avec 7 secondes d’avance sur ses coéquipiers, Neuville complétant le podium. Une victoire finale couronnant alors les Français pour la huitième fois, au même endroit que l’année précédente, mais cette fois-ci devant une foule de 30 000 spectateurs. Scénario différent dans sa dramaturgie aussi, puisqu’il avait privé Evans l’année dernière de son premier titre mondial, alors que le Gallois était arrivé avec 14 points d’avance. Pour la 5e fois de sa carirère, il s’adjuge le titre mondial et le dernier rallye de la saison en WRC. Enfin cette année, les deux équipages (plus Rovanparä) permettent à Toyota de remporter le titre constructeur devant Hyundai, qui le monopolisait depuis deux ans maintenant.
Clap de fin pour Ingrassia
Ingrassia, à 41 ans, a donc décidé de mettre un terme à sa carrière sportive, après plus de 16 ans aux côtés d’Ogier. Si ce dernier conservera un pied dans la discipline avec un programme partagé en 2022 avec Toyota toujours, il verra donc débarquer un nouveau copilote en la personne de Benjamin Veillas. Sa reconversion sur piste devrait être entamée dès l’année prochaine, avec un sérieux penchant pour l’Endurance.
Quant à la soif de records ? Il ne l’avait à priori plus depuis longtemps, et c’est ce qu’il avait déclaré cette année : « cela n'a jamais vraiment fait partie de mes objectifs, assure Ogier depuis longtemps. Au début de ma carrière, j'étais davantage attaché aux statistiques mais, au fil des saisons, je me suis rendu compte que mon bonheur ne tenait pas aux chiffres, au nombre de victoires ou de titres. Huit ou neuf ne changerait donc pas grand-chose à ma vie ». D’ailleurs, comme s’il devait le rappeler une énième fois, il n’était pas prévu qu’il court cette année en WRC : « je n'oublie pas d'où je viens et j'ai bien conscience de la chance que j'ai de piloter ces voitures incroyables, confie Ogier. J'ai voulu en profiter le plus possible, mais cela ne veut pas forcément dire le plus longtemps possible. Tout était clair dans ma tête lorsque j'ai établi un plan de carrière et un projet de vie fin 2019. Même si je l'ai décalé d'un an à cause du Covid, je m'y suis tenu. J'aspire à d'autres choses, notamment à passer plus de temps en famille ».
Quels horizons pour 2022 ?
Et même s’il ne gagne plus autant qu’avant à l’avenir, il aura réussi l’exploit de maintenir au sommet la France après le départ de Loeb dans une discipline exigeante et longtemps dominée par les pilotes nordiques ou espagnols. Et Ogier de conclure : “j‘ai envie de lever le pied en 2022 mais je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait. Revenir en WRC à temps plein un jour ne fait pas partie de mes plans aujourd'hui, mais je ne m'interdis rien. La motivation s'érode avec les années, j'ai besoin de faire cette pause et je vais voir ce que cela déclenche au plus profond de moi. Je vais vivre au jour le jour, voir si j'ai envie d'en faire plus ou pas, en rallye ou ailleurs. Le principal de ma carrière est derrière moi et j'ai eu de la chance de vivre tout ça. Le reste ne sera que du bonus”.
La suite, personne ne la connait vraiment pour Sébastien Ogier. Sacré champion du monde pour la 8e fois aux côtés de son compère de toujours Julien Ingrassia, il s’essayera l’année prochaine à une autre discipline non moins exigeante. Pour autant, il n’est certainement pas prêt de laisser tomber le WRC, et l’arrivée de moteurs hybrides l’année prochaine pourrait bien rebattre à nouveau les cartes.