Pas la plus exposée médiatiquement, mais pourtant pas la moins efficace, Anaïs Chevalier a connu une saison 2017-2018 contrastée après une belle progression l’année précédente. Elle devrait connaître un cru 2018-2019 capital pour la suite de sa carrière, et ainsi reprendre la progression où elle en est restée.

Anaïs Chevalier devra aller plus vite sur les skis et retrouver son efficacité au tir couché pour confirmer le bien qu'on pense d'elle. Crédit : NordicFocus.

Dans l’ombre de Marie Dorin Habert d’abord, puis dans celles de Justine Braisaz et Anaïs Bescond, elle est un peu la troisième mousquetaire chez les Françaises, pour la saison qui s’annonce. On connait ses capacités et sa faculté à briller. Par intermittence, certes. Mais il manque ce petit quelque chose à Anaïs Chevalier pour retenir l’attention des projecteurs, gagner en régularité, et devenir une vraie tête d’affiche de cette équipe de France du haut de ses 25 ans.

Ce petit quelque chose, c’était sa vitesse à ski lorsqu’elle a explosé aux yeux du grand public, pendant la saison 2016/2017. Mais la saison dernière, le tir s’est souvent déréglé en prime, notamment en couché. Conséquence directe, les résultats se sont dérobés, et les exploits passés sont devenus ceux d’une époque révolue. Quoi que.

Retrouver les sensations de 2017

Sur les pistes depuis 2010, elle réalise un passage prometteur chez les juniors, avant de monter en échelon tranquillement. Sa carrière est alors à cet instant une histoire de relais. Toujours dans les bons coups, et ce n’est pas un hasard, Anaïs Chevalier s’appuie sur ses coéquipières de l’équipe de France pour prendre du galon. Elle multiplie alors les performances en collectif… avant cette fameuse saison 2016/2017.

Dans la nuit tchèque du 17 décembre 2016, Anaïs Chevalier profite de son premier podium en Coupe du Monde sur le sprint, pour décrocher sa première victoire, sur la poursuite, à Nove Mesto (vidéo ci-dessous). C’est le déclic. S’en suit une multitude de bons résultats, et de podiums, accompagnés d’une première médaille, en bronze, aux Championnats du Monde. Tous les compteurs sont au vert, et la progression fulgurante est confirmée lorsqu’elle achève la saison à la 7e place du classement général de la Coupe du Monde.

Une experte du tir

C’est sa recette du succès : un tir irréprochable pour combler des temps de ski optimisables. Son efficacité derrière la carabine qui l’a empêchée, la saison dernière, de poursuivre sa progression. C’est ce qui explique ces deux seuls podiums, contre cinq en 2017. Deux performances qu’elle doit à la mass start. Son nouvel exercice favori ? En tout cas, cela lui permet d'être médaillée sur les quatre épreuves individuelles existantes.

Regarder les meilleures dans les yeux, en face à face. Loin des départs différés en sprint ou en individuel, ou des poursuites qui ne lui permettent pas toujours de jouer des coudes à l’avant. Paradoxalement, son pourcentage au tir couché s’est effondré, signant même une meilleure réussite debout (84% contre 86%). Comme si on devait y voir une difficulté à se concentrer dès les débuts de course, ou une anxiété face à la pression, tant qu’Anaïs Chevalier est à la bagarre pour une médaille. Elle devra sans doute retrouver la fougue sur le pas de tir, dès les premières balles.

Anaïs Chevalier en chiffres

105 : le nombre de courses qu’elle a disputées en Coupe du Monde.
1 : une seule victoire individuelle, sur la poursuite de Nove Mesto en 2016/2017.
7 : son nombre de podiums individuels en Coupe du Monde (13 en relais).
87% : son pourcentage au tir lors de la saison 2016/2017, saison de la révélation. La Française la plus efficace.
19 : Son classement général de la Coupe du Monde 2017/2018. Loin de sa 7e place la saison précédente.

Un accident qui a coûté cher ?

Si son pourcentage au tir s’est réduit, il y a d’autres facteurs à prendre en compte pour justifier sa progression légèrement interrompue. Au printemps 2017, après sa saison folle, Anaïs Chevalier est victime d’un accident de la route, sur son vélo. Souffrant d’une fracture de la clavicule, on peut imaginer toute la difficulté pour garder la forme, et continuer à s’entraîner.

https://www.facebook.com/anaischevalierbiathlon/photos/a.671134939669440/1299693886813539/?type=3&theater

Peu importe les mois qui la séparaient de l’hiver, être sportif de haut niveau est un travail à temps plein. Même lorsque son terrain de prédilection doit se munir de son manteau blanc, Anaïs Chevalier avait elle vêtu son cuissard et troquer ses skis pour les pédales. Comme beaucoup d’autres biathlètes pour garder la condition, d'ailleurs. Une mission beaucoup plus complexe lorsqu’on est convalescente. On ne saura jamais ce qu’il serait advenu de sa saison 2017/2018, avec des mois de vélo en plus, et une clavicule préservée.

Mais place à l’avenir maintenant. Anaïs Chevalier devra retrouver son pourcentage au tir pour 2018/2019. Celui qui lui a permis de monter sur la plus haute marche du podium, en individuel comme en relais. Il faudra coupler cette réussite avec davantage d’efficacité sur les skis. Même si, on l’a compris, sa gâchette suffit à faire des miracles. On attend maintenant son adoubement au panthéon du biathlon français, pour récompenser une pluie de médailles en 2019. La petite Iséroise a toutes les qualités pour devenir une grande Chevalier.