Aujourd’hui, interview exceptionnelle ! En effet, Grégoire Allain est allé ce mardi à la rencontre d’un des membres de la meilleure équipe de France de l’histoire en la personne de Franck Leboeuf. France 98, reconversion, génération Mbappé ou secret pour durer au plus haut niveau, l’ancien joueur de Chelsea et de l’Olympique de Marseille s’est pris au jeu.

Bonjour Franck, merci d’avoir accepté cette interview pour We Sport.

Vainqueur de la Coupe du Monde, de l’Euro et de la Coupe des Confédérations avec les Bleus, vainqueur de plusieurs coupes d’Europe en club (Coupe Intertoto & Coupe d'Europe des vainqueurs de coupes), ta carrière a été très riche.

Si on t’imagine fier de ton palmarès, quel a été ton « secret » pour durer au plus haut niveau et glaner tous ces grands titres ?

Je crois que j’ai mangé football, que j’ai bu football et que j’ai dormi football. C’est une discipline de tous les jours. Le plus compliqué est effectivement de rester tout en haut une fois que tu y es arrivé. Pour cela, il faut une certaine diététique à savoir bien manger, faire attention à ce qu’on boit, à comment on dort, et puis avoir envie de bosser tout le temps, de parfaire les petites lacunes qu’on peut avoir. Il faut souvent faire des choix de carrière en espérant que ceux-ci soient payants.

En ce qui concerne la méthode pour gagner des grands titres, on fait un sport collectif, donc tu dépends de toi mais également de la performance des autres. Quand tu arrives sur une finale, à l’instant T, tu espères que tes coéquipiers sont aussi motivés que toi ; mais j’ai quand même eu la chance de jouer avec des grands joueurs. Quand tu joues avec Zizou, c’est sûr que ça aide (sourire).

Pourquoi avoir privilégié une reconversion comme consultant (et acteur, comédien en dehors de l’univers du foot) plutôt que comme entraineur ? Est-ce que cela a été un moyen de continuer d’être dans le monde du football tout en n'ayant pas toute cette pression et cette exigence du monde professionnel ? 

En fait moi j’ai toujours voulu être acteur, comédien avant d’être footballeur (qui pour moi était plus une passion qu’un métier). J’avais donc un projet avant même la fin de ma carrière, et à l’issue de celle-ci, je suis parti à Los Angeles pour apprendre le métier d’acteur. J’ai pris un an et demi de cours puis je me suis lancé dans cette voie-là. J’ai tourné dans plusieurs films aux Etats-Unis avant de revenir en France car on m’avait appelé pour jouer dans une pièce de théâtre. A mon retour en France, RMC m’a également sollicité pour une interview, puis ils m’ont demandé si cela m’intéressait de continuer et donc j’ai retrouvé la possibilité de parler football car cela reste une passion pour moi.

Depuis, ça s’est développé puisque j’ai travaillé un peu pour TF1, et qu’aujourd’hui je travaille pour SFR Sport 1 et pour une chaîne de télévision américaine ESPN où on parle plutôt du foot anglais (comme chez SFR Sport 1). Cela me permet de continuer à être animé par cette passion du foot mais en même temps de pouvoir me consacrer à mon activité principale à savoir le théâtre puisque j’écris, je produis, je mets en scène et je joue, en plus de jouer dans quelques films même si le cinéma m’intéresse moins que le théâtre.

Selon toi, l’équipe de France a-t-elle les moyens et va-t-elle gagner un grand titre avec la génération qui arrive (Mbappé, Dembélé, Umtiti pour ne citer qu’eux) ?

Alors ça personne ne peut réellement le savoir car ils ne sont pas tout seul : il y a aussi l’Allemagne, le Brésil qui sont présents, plus l’Espagne encore. Il y a tout ce qu’il faut, tous les ingrédients individuels pour que cette équipe de France fasse quelque chose d’extraordinaire. Maintenant, est-ce qu’elle va le faire collectivement ? On ne sait pas. Pour réussir, il faut une âme, une âme de club en sélection. Nous, en 1998, on a réussi parce qu’on était vraiment tous des potes ; c’est ce qu’Aimé Jacquet a réussi à faire à savoir transformer l’équipe de France en club, ce qui a pris 4, 5 ans, jusqu’à cette Coupe du Monde 98, et puis après ça s’est enchaîné. Il y a la Russie qui arrive, puis il y aura le Qatar etc. C’est une jeune génération, ils peuvent faire quelque chose, on va croire en eux mais il va falloir qu’ils bossent.

Une anecdote (de vestiaire ou autre) pour terminer ?

Alors une anecdote de vestiaire pendant la Coupe du Monde 98, j’étais tout le temps assis entre Marcel Desailly et Didier Deschamps, avec qui j’ai joué également à Chelsea. Les deux étaient des Nantais. On s’est connu très jeunes. Avant chaque match, je voyais leur décontraction alors que moi j’étais tendu comme un string, et c’est là qu’on voit que ce sont de grands joueurs qui ont commencé très tôt (début en professionnel à 17 ans) alors que moi j’ai commencé plus tard et j’avais l’impression de ne pas avoir le droit de manquer quelque chose pour pouvoir combler mon « retard ».

Avant les matchs, ils avaient donc une certaine sérénité, et à chaque fois, ils me regardaient en rigolant et me disaient « bon allez détend toi Francky ! » car ils voyaient bien que j’étais très tendu (rires). Et puis bon en règle générale, même si je faisais partie des joueurs de l’équipe de France, quand j’étais assis dans le vestiaire et que je regardais les autres, je me disais « putain y’a quand même Zizou, Desailly, Dugarry, Barthez », et c’était toujours très impressionnant de se retrouver dans ce vestiaire. Je pense que tout le monde pensait la même chose, mais on n’a jamais osé se l’avouer car on était tous fiers d’être là mais sans se prendre la tête. On ne s’est jamais pris pour des stars et c’est peut-être ce qui a fait la différence.

Merci beaucoup à Franck d’avoir pris le temps de nous répondre et d’avoir joué le jeu !

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Grégoire ALLAIN

@wesportfr