Alors que sept weekends sur dix de la Coupe du monde de biathlon ont déjà eu lieu, il est d'ores et déjà possible de dresser un premier bilan. Pendant que certains se sont absentés pour préparer les Jeux de Pékin, d'autres en ont profité pour se concentrer sur les globes. Si une tendance se dessine au niveau des classements généraux, tout reste à faire dans certaines disciplines. 

Marte Olsbu Roeiseland et Quentin Fillon Maillet sont des noms qui ressortent beaucoup ces derniers temps. En effet, avec de nombreuses courses remportées que cela soit pour la Norvégienne ou pour le Français, les deux biathlètes planent sur le reste du peloton. Pour autant ce ne sont pas les seuls à avoir fait parler d'eux depuis le début de saison. Par des podiums, des victoires, des bons résultats voire des impasses, la communauté du biathlon a eu pas mal de choses à se mettre sous la dent. On parle souvent de la préparation en parallèle des JO, mais il faut également souligner l'impact que le Covid-19 peut avoir sur les athlètes.

Par exemple, les Russes en ont été victimes à l'image de leur leader Eduard Latypov. Ce dernier ayant dû s'isoler durant plusieurs jours, a eu du mal à s'en remettre. Heureusement pour lui, il était de retour aux avant-postes lors du relais hommes d'Antholz. Alors 4e à la sortie du dernier tir, il a déposé successivement Eric Perrot puis Lucas Fratzscher pour aller placer sa nation à la 2e place.

MARTE ET QUENTIN MÈNENT LA DANSE 

Avant de parler de petits globes, il est logique de s'intéresser au gros. À ce petit jeu là, c'est pour le moment Roeiseland qui emmène tout le monde chez les femmes pendant que Fillon Maillet fait de même chez les hommes. Partie crescendo sur le premier weekend de course, la Norvégienne a depuis mis les bouchées doubles. Première avec 62 points d'avance sur la Biélorusse Dzinara Alimbekava, elle s'est souvent battue avec la jeune Elvira Oeberg. Entre expérience et apprentissage du haut niveau, le duel a jusqu'à présent tourné en la faveur de la 2e du classement général de l'an passé.

Nettement plus rapide sur les skis, la sœur de Hanna Oeberg a encore des progrès à faire sur le pas de tir pour transformer certains podiums en victoires. De son côté Marte Olsbu fait preuve d'une grande sérénité quand elle prend sa carabine. Ses stats en témoignent avec son splendide 92% de réussite devant les cibles.

Chez les garçons, c'est le Jurassien Quentin Fillon Maillet qui est en train de s'envoler. Pourtant, au départ Emilien Jacquelin semblait le mieux parti. En effet, le vainqueur de la mass start du Grand-Bornand faisait un début de saison rêvé. Alors que sa préparation avait été chamboulée par une violente chute à vélo, Emilien parvenait à déjouer les pronostics. Cependant, il a craqué physiquement sur les deux dernières semaines de course. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'a pas pris part à la mass start et au relais d'Antholz. En espérant que ce choix lui permettra d'arriver rechargé au moment des JO.

Mais cette saison un Français peut en cacher un autre. C'est le cas de Quentin Fillon qui a eu une grosse période depuis sa victoire à Hochfilzen. Rapide et élégant sur les skis, il est également d'un grand calme sur ses tirs debout. Il devra tout de même se méfier du retour des Norvégiens à l'image du weekend italien.

FAIRE L'IMPASSE AVANT LES JO DE BIATHLON

Si certains biathlètes, ont zappé des courses pour se reposer à l'image des Français sur les derniers relais, d'autres sont allés plus loin. Chez les favoris, la Norvège et la Suède ont pris chacune un weekend à l'écart de la Coupe du monde. Les têtes d'affiche norvégiennes à l'exception de Marte Olsbu Roeiseland se sont absentées pour l'épreuve de Ruhpolding. De leur côté, les Suédois ont fait de même au lieu de se rendre à Antholz. D'ailleurs, cette fois-ci la meneuse du classement général chez les femmes avait également posé sa semaine. Pour ces nations, l'objectif est clair, il faut tout rafler aux Jeux Olympiques de Pékin.

La capitale chinoise possédant sa piste olympique en altitude, la gestion des efforts peut ainsi être plus délicate chez certains. Certes, les biathlètes ont l'habitude de se dépenser dans les montagnes. Pourtant, gagner plusieurs centaines de mètres d'élévation est suffisant pour modifier la réaction du corps pendant l'exercice. C'est pourquoi Norvège puis Suède ont décidé d'aller faire un stage en altitude avec leur sélection olympique afin de préparer au mieux les athlètes aux conditions météorologiques qui les attendent.

Du côté des Norvégiens, la potion magique semble avoir fait du bien. En effet, le pays scandinave a remporté les relais féminin et masculin haut la main en Italie. En difficulté depuis le début de saison, Johannes Boe en a profité pour envoyer un message fort à ses adversaires. Le grand favori chez les hommes a retrouvé une vitesse à skis qui lui ressemble. Il a également sorti quelques tirs éclairs qui nous ont confirmé qu'il sera bien l'homme à abattre lors des JO.

LE CLAN BLEU CONCENTRÉ SUR LA COUPE DU MONDE ?

Le fait de ne pas faire d'impasse pourrait légitimer la question. Cependant, il est inconcevable de penser que le clan tricolore n'ait pas pris en compte les Jeux dans leur préparation. On parle ici d'un événement majeur dans la vie d'un ou d'une athlète. Il est évident que les biathlètes français ont Pékin bien ancré dans leur cerveau. Une médaille olympique est tellement plus compliquée à décrocher qu'un podium en Coupe du monde qu'il faudrait être fou pour ne pas en rêver. La rareté des JO (tous les 4 ans) fait que nos Françaises et Français auront bien entendu les crocs du 5 au 19 février.

Les Norvégiens et Suédois auront sûrement un avantage sur le papier. Mais dans ce type de course tout est possible. Contrairement à d'habitude, ils n'auront qu'un essai par discipline pour décrocher une médaille. En plus de cela, les Bleus sont en train de monter en puissance. Chez les filles, Justine Braisaz-Bouchet, Anaïs Chevalier-Bouchet, Anaïs Bescond et Julia Simon sont toutes sur une phase ascendante. Les quatre sont proches du top 5 au général et certaines se battent pour des petits globes à l'image de Julia et celui de la mass start.

Chez les garçons, la dynamique est bonne aussi. Après avoir évoqué les cas Fillon Maillet et Jacquelin, il faut mettre en lumière ceux de Desthieux, Claude et Guigonnat. Auteurs d'un relais très prometteur en l'absence des leaders, ils ont montré qu'il faudra compter sur eux pour jouer les trouble-fêtes. Bien sûr, on n'oublie pas les jeunes Eric Perrot, Paula Botet et Chloé Chevalier qui seront de la partie en Chine. Une sélection qui vient récompenser leurs progrès depuis le début de saison.

Après sept épreuves de Coupe du monde où les Français se sont distingués, c'est une nouvelle compétition qui débute avec les Jeux. Avec des résultats qui ne compteront pas pour le classement général, les biathlètes n'auront donc que les médailles en tête. En espérant que pas mal d'entre elles reviennent en terres françaises.