Miami et Jimmy Butler pourront longtemps épiloguer sur ce dernier shoot à 3pts qui a peut-être précipité la chute du Heat. Néanmoins, éliminés par des Celtics qui paraissaient tout de même meilleurs en finale de conférence en début de semaine, les joueurs d'Erik Spoelstra n'ont rien à regretter de leur superbe saison, si ce n'est l'accumulation de blessures, et ce jusqu'à ce Game 7 . Comme dans la bulle, Butler a prouvé qu'il pouvait pratiquement emmener une équipe en finale à lui tout seul. Reste maintenant à savoir dans quel direction le Heat et son franchise player vont se diriger la saison prochaine.
Pour certains, son dernier shoot à 3pts, à 20 secondes du buzzer et alors que le Heat était mené de 2pts lors du Game 7 contre les Celtics en finale de conférence, n'était pas le bon choix. Cuit physiquement (il a disputé les 48min, alors qu'il en avait déjà joué 46 au match précédent), manquant sans doute de lucidité et alors qu'il avait inscrit le même tir en première mi-temps, difficile de lui en vouloir. Car malgré tout, le shoot est ouvert ! Et rien ne dit qu'il aurait été capable de marquer en force face à Al Horford, alors même qu'il a manqué lay-up sur lay-up lors de la deuxième mi-temps.
Jimmy le méprisé
Critiqué, Jimmy Bucket l'aura été après ce shoot. Si la fanbase du Heat ne lui en veut évidemment pas au vue de cette campagne de playoffs héroïque, cela a beaucoup fait parler du coté des experts NBA. D'ailleurs, le cas Jimmy B fait souvent débat. Son jeu aussi bien que son attitude, sont souvent épiés. De son passage tumultueux du coté du Minnesota, en passant par ses bouderies du coté de Philadelphie, Butler ne laisse pas insensible. Mais force est de constater que depuis son arrivée du coté de South Beach, il se comporte comme un patron. Une finale NBA dans la bulle en 2020, puis une finale de conférence deux ans plus tard. Le tout, sans être entouré de superstar.
D'ailleurs lui n'en est peut-être pas une non plus. Très souvent, cette question refait surface. Est-il vraiment un MVP en puissance? Un joueur de la trempe des Curry, LeBron, Durant, Giannis? Non, il n'a pas les qualités basket de la plupart des superstars de la ligue, affichant quelques “lacunes” depuis son plus jeune âge. Mais le natif de Tomball dans la banlieue de Houston a de la ressource, de la persévérance, du caractère. Depuis tout petit et une enfance difficile, il a dû se battre contre la vie. C'est sans doute ce qui lui donne cette force mentale aujourd'hui. Non, il n'a sans doute pas le niveau intrinsèque du top 5 NBA à l'heure actuelle, mais oui, Jimmy Butler est bien l'un des meilleurs joueurs de la ligue aujourd'hui.
Des playoffs de MVP
Vous en doutiez ? Regardez donc ses prestations tout au long de cette campagne de playoffs 2022. Le premier tour contre les Hawks d'Atlanta, pourtant finalistes à l'Est la saison passée, est une œuvre collective de basket, où Butler fut le chef de file. Une victoire 4-1, Trae Young complètement cadenassé par les systèmes mis en place par Spoelstra, et un Jimmy qui a pu gentiment monter en pression. 30.7pts, 7.7rbss, 5.2asts de moyenne, une tuerie lors du game 2 (45pts), une masterclass lors du game 4 (36pts, 10rbds, 4asts, 4stls). Il s'est même payé le luxe de ne pas jouer pour le dernier match de la série, laissant au repos sa cheville douloureuse.
Contre Philadelphie, ambitieux au possible, lors du deuxième tour, Butler va encore atteindre des sommets inimaginables. Si l'absence d'Embiid au début de la série a aidé le Heat à mener 2-0, c'est pourtant bien ensuite qu'il va se révolter face à son ancienne équipe. 33 et 40 points lors des deux défaites au Wells Fargo Center, 23pts, 9rbds et 6asts mais surtout un différentiel de +36 lorsqu'il est sur le parquet lors du Game 5, puis une nouvelle partition de maestro pour clore les débats en Pennsylvanie: 32pts, 8rbds, 4asts et 2blks, direction la finale de conférence. “Tobias Harris over he”, really ?
Un vrai franchise player
10 matchs de playoffs disputés lors des deux premiers tours, 5 fois plus de 30 points, 2 fois la barre des 40 dépassée, oui, Butler est bien l'arme offensive numéro une du Heat. Plus que cela, c'est lui qui impulse l'élan de toute une équipe, une franchise. Il donne le ton, dicte le tempo. Il le prouvera encore un petit peu plus au tour suivant, contre Boston. Oui, les Celtics avaient sans doute légèrement plus de talent dans l'effectif, ce qui a sans doute fait la différence au final. Mais si Spoelstra n'avait pas eu Jimmy B dans ses rangs, le coup de balai aurait sans doute botté les fesses des Floridiens depuis belle lurette. Car Butler avait démarré la série sur les chapeaux de roue, avec 41 points lors du Game 1, ponctués d'une adresse folle (12 sur 19) et une agressivité débordante (18 lancers tentés). Et puis, patatras, une rechute à la cheville.. fort heureusement, Bam Adebayo, pourtant en deçà de son niveau de All-Star, a pris le relais pour maintenir le Heat en vie. Mais quand Boston est revenu chercher l'avantage du terrain à la FTX Arena pour mener 3 victoires à 2, c'est bien Butler qui, une nouvelle fois, a porté son équipe à bout de bras : 47pts, 9rbds, 8asts, 4stls et un succès au TD Garden pour ramener tout ce petit monde à Miami pour un Game 7 explosif. Que ce soit dans l'attitude ou au scoring, le Heat n'aurait jamais survécu sans sa star. Il a montré l'exemple, aussi bien sur le terrain, où sa cheville l'a fait souffrir le martyr, qu'en dehors, où il s'est montré grand, par ses déclarations et son investissement envers l'ensemble de ses coéquipiers.
Maintenant, la bague !
Malheureusement, cela n'aura pas suffit au Heat pour passer un nouveau cap et retrouver les finales NBA, deux ans après les avoir disputées dans la bulle d'Orlando. Minés par les blessures (Markieff Morris depuis le début de saison, Kyle Lowry qui a joué sur une jambe, Tyler Herro blessé depuis le Game 4, Bulter), les Floridiens n'ont pas eu les ressources nécessaires pour donner un dernier coup de collier et se frotter aux Warriors.
Néanmoins, les qualités, l'encadrement, les conditions pour progresser sont là: Spoelstra et son staff continueront la saison prochaine à pérenniser ce qui est fait depuis maintenant une dizaine d'années, et l'effectif sera encore très solide : le big three est encore sous contrat pour longtemps (Butler est engagé jusqu'en 2026 tout comme Adebayo, Lowry dispose d'au moins deux ans encore), Gabe Vincent et Max Strus , free-agents devraient tout de même continuer l'aventure, eux qui doivent tout à leur franchise. Idem pour PJ Tucker, homme de bade du roster défensif. Duncan Robinson, bien que snobé durant toute la durée des playoffs, est lui aussi engagé pour quelques années encore. Reste alors le cas Tyler Herro. Elu meilleur 6ème homme de la saison, il est free-agent restrictif, et devrait être prolongé par Pat Riley.. pour mieux servir de monnaie d'échange? Car le petit Tyler a un appétit d'ogre et estime “mériter une place dans le 5 de départ”.
Miami a besoin de se renforcer, et les rumeurs de trade pour Donovan Mitchell entre autre ne font que grandir. Herro pourrait être un élément important de l'avenir du Heat. Que ce soit au sein de l'effectif, comme en cas de trade. S'il reçoit des offres d'autres franchises, Miami pourra s'aligner.
La base de l'effectif est là, et seules des (petites ou grosses?) retouches devraient avoir lieux à l'intersaison. Si Miami veut franchir un cap et décrocher une bague qui la fuit depuis 2013 maintenant, il va falloir être malin.. et croiser les doigts pour que les pépins physiques ne soient qu'un mauvais souvenir.
Jimmy Butler a prouvé pendant ce printemps 2022 qu'il était bien l'un des tous meilleurs joueurs de la ligue. A un cheveux d'emmener les siens en finales NBA, il a fait taire les critiques. Si quelques éléments perturbateurs sont venus mettre des bâtons dans ses roues et celles du Heat, il a démontré, comme en 2020, qu'il pouvait porter sa franchise très haut. Maintenant, il va falloir faire encore un petit peu plus pour espérer enfin décrocher un trophée Larry O'Brien. Dès 2023? L'avenir nous le dira !
Crédit photo : Sporting News