De passage ce soir en France à l’occasion de la rencontre entre son Fenerbahce et l’ASVEL à l’Astroballe, Nando De Colo tentera de poursuivre sa résurrection après un début de saison compliqué, tant individuellement que collectivement. Si le Fener va beaucoup mieux et vient d’enchaîner quatre succès consécutifs en Euroleague, l’ancien Spurs y est pour beaucoup. Fabuleux depuis six matchs, il porte sur ses épaules, avec Vesely, le club Stambouliote, revenu dans la course aux playoffs. Un état de forme de MVP.

Un été difficile à digérer

Mais que l’entame de saison fut compliquée. Fraîchement médaillé d’argent aux JO de Tokyo avec l’équipe de France de basket-ball, De Colo est revenu de sa campagne olympique sur les rotules. Fer de lance des tricolores tout l’été (13.5pts, 4.5rbds, 6.2asts de moyenne sur la compétition), il a éprouvé un mal fou à relancer la machine. Irrégulier, il a semblé cramé, incapable d’influer sur le jeu de son équipe. Le Fener n’a jamais enchaîné deux victoires consécutives avant la 14eme journée d’Euroleague et Nando, par son jeu comme par ses stats, n’a clairement pas été transcendant. Avec à peine 10pts de moyenne (9.8) mais surtout seulement 3.4asts sur les 10 premières journées, le natif de Sainte Catherine est complètement passé à travers: 4pts et 3asts pour 1 d'éval contre le Barca, soit la même note évaluative qu'en ouverture contre l'Etoile Rouge et contre Milan.. mais toujours mieux que son piteux -6 contre le Bayern, où il termina à 2pts à 1/10 au shoot, 3rbds, 2 asts. Très loin de ses standards. Trop loin.

Un record.. puis un deuxième

Et puis De Colo a décidé de mettre la marche avant.. tout en s’inscrivant dans la légende. Lors du succès à Moscou, dans son ancien jardin, il est devenu le troisième meilleur scoreur de l’histoire de l’Euroleague, derrière Vassilis Spanoulis et Nikos Galis, en plantant 11pts dans le dernier quart temps, à 4/6 du parking. Mais comme le bonhomme n’était pas rassasié, il a décidé de devenir, contre Monaco, le meilleur joueur de la compétition en terme d’évaluation, devant le grand Vassilis. Mais lui est encore plus grand désormais. En guise de dessert, il s’est offert la semaine dernière son record d’interception sur un match européen, avec 6 vols, contre Baskonia. Plus que ses records, c'est sa métamorphose qui laisse pantois. Depuis son fameux réveil, il tourne à 19.7 d'éval en moyenne. Ce chiffre moyen qu'il n'avait réussi à atteindre qu'à deux reprises lors des dix premières journées. Preuve, s’il en fallait, que le grand Nando est de retour.

Facteur X

Et avec lui, c’est tout Istanbul (tout du moins la rive Est) qui sourit. Vesely profite à merveille de son travaille de sape pour enfiler les points comme des perles (32 récemment contre le Zenith), Devin Booker, l’ancien Chalonnais MVP de Betclic Elite tourne à près de 13pts de moyenne sur les 4 derniers matchs d’Euroleague et s’affirme comme la troisième arme offensive du Fener. Guduric et autres Pierria profitent de la diversité de son jeu pour alterner entre pénétrations et shoots longues distances.. ce qui rend le jeu Stambouliote plus varié. Et les victoires s’enchaînent à vitesse grand V ! Quatre de suite en Euroleague donc, mais surtout huit toutes compétitions confondues. Résultat, une folle remontée au classement Européen, en plus d'un statut de leader du championnat Turc assumé. Et De Colo, surtout ces derniers temps, n’y est pas étranger.

Masterclass sur masterclass

Ses six dernières partitions sont tout bonnement magnifiques : malgré deux défaites contre le Zalgiris puis l’Anadolu dans le derby, il a tourné à plus de 50% au shoot, comme d’ailleurs contre Monaco, le Zenith et le Maccabi. Il en est à 17pts de moyenne sur cette période, beaucoup plus dans ses standards. Avec 5.7asts et près de 3rbds, il démontre qu’il est bien l’homme à tout faire du vainqueur de l’Euroleague 2017.
Le plus inquiétant pour l’ASVEL, qui retrouve le français ce soir, c’est que ses trois derniers matchs sont monstrueux: 18.7pts à 54.2% au shoot, 6.7asts. Espérons que l’Astroballe, qui garde de mauvais souvenirs de son passage l’année dernière (il y avait inscrit le panier de la gagne), puisse le freiner. Malheureusement, tout porte à croire que son retour en France, juste avant les fêtes, le galvanisera.

Embarqué dans un début de saison galère, Fenerbahce est tout heureux de voir De Colo sortir de sa boîte au bon moment. Le club Turc aura grandement besoin du Français à son meilleur niveau pour atteindre le top 8, légèrement décroché (l’Efes est juste devant, mais avec 2 victoires d’avance déjà).  A titre personnel, lui, peut encore rêver d’une saison historique, et pourquoi pas espérer un destin à la Vasilje Micic, élu MVP la saison passée après un début de saison pourtant catastrophique de son club. Mais champion en fin de saison. Pour cela, il va falloir continuer sur la lancée actuelle. Et nul doute que le bougre voudra finir l’année sur une bonne note, à « domicile » avant de passer les fêtes en famille.