La France et le Portugal s’affrontent mercredi soir pour le dernier match du groupe F de l’Euro 2020. Une rencontre forcément particulière pour les 1,5 millions de luso-descendants dans l’Hexagone. Notamment pour ceux dont le cœur balance entre les deux équipes.

 

« Je baigne dans la culture portugaise depuis tout petit. Quand il y avait la Coupe d'Europe ou la Coupe du monde, il n'y avait pas de question à se poser, c'était le Portugal. » Né dans la région lyonnaise, Anthony Lopes expliquait en 2014 au Parisien son choix de porter les couleurs rouge et verte. Plus qu'une heure et demie passée sur un terrain ou devant la télévision, “o futebol” est pour de nombreux franco-portugais une partie du lien avec la famille restée au pays. Celle que l'on ne voit que l'espace d'un été, après une quinzaine d'heures passée sur de tristes autoroutes en rêvant de ballons qui roulent sur la plage ou dans le jardin des grands-parents. Mais si certains ont opté pour les Bleus ou la Seleção, d'autres attendent la rencontre de mercredi soir autant qu'ils la redoutent. Choisir, parfois entre papa ou maman semble impossible. Alors ce soir, de quel côté se ranger ? Avec ceux qui entonnent La Marseillaise à plein poumons ? Ou ceux qui ne peuvent retenir une larme de nostalgie en pensant à leur terre lointaine lorsque résonne A Portuguesa ?

 

Le cœur entre deux pays

L’amour du football vient souvent de là-bas. Les matchs de la Seleção sur RTP I, les frissons en écoutant Nuno Matos sur Antena 1 et le clubisme parfois exacerbé qui anime les repas de famille. Mais c’est ici, en bas de la rue avec des copains qui ont parfois eux aussi du mal à choisir, que les premières frappes ont dérangé les voisins. Maillot de Ronaldo ramené des vacances sur les épaules, la passion pour le ballon rond s’est renforcée. Suffisamment pour qu’on prenne la peine de nous demander qui aura nos faveurs ce soir. Il y a cinq ans, c’était déjà le même dilemme. Le cœur entre deux pays. Le privilège d’être de la génération des premiers “lusos” vainqueurs, et une blessure bleue finalement pansée deux ans plus tard. Portugais en France et Français au Portugal, sur la place Marquês de Pombal en 2016 et sur les Champs-Élysées en 2018. Impossible de choisir, donc, mais le plaisir de voir toute la famille réunie devant un même match. Et l’espoir d’un match nul qui enverrait les deux équipes au tour suivant. Alors ce soir, allez les Bleus et força Portugal.

 

Crédit photo de une : Reuters