Pour les footeux qui s’ignorent ou les footix en devenir.

Les ambitions des supporters c’est bien. Ceux des propriétaires, c’est mieux. Pour faire évoluer un club ou lui donner une autre direction, la venue de nouveaux investisseurs est parfois nécessaire, pour insuffler une nouvelle dynamique. Et de nouveaux apports financiers. Prenons deux cas différents et récents : le Clermont Foot et les Girondins de Bordeaux.

Un Suisse en Auvergne

Le Clermont Foot 63, club de Ligue 2, est en train de changer de propriétaire. Le processus de vente prendra définitivement fin le 11 mars 2019. Claude Michy, qui avait fait venir Corinne Diacre en tant qu’entraîneure, ou qui a mis un place un centre de formation commun entre les équipes de football et de rugby, souhaite se retirer, à presque 70 ans. Il cherchait depuis un an un repreneur avec son club. C’est finalement le jeune suisse de 37 ans, Ahmet Schaefer qui sera dans l’enceinte de Gabriel-Montpied vendredi pour recevoir Grenoble. Sa première rencontre en tant que président.

Avant d’arriver en Auvergne, le plus jeune propriétaire d’un club professionnel en France s’était dirigé vers d’autres clubs (Troyes, Valenciennes, Niort, Brest, Châteauroux). A tel point qu’un accord de principe avait été signé avec Troyes, avant que les dirigeants de ce club ne remette en question la provenance des fonds investis.

L’ancien membre du cabinet de Sepp Blatter à la FIFA a donc investi sa fortune personnelle à Clermont, à hauteur de 4 millions d’euros pour le rachat.

Mais s’il y a rachat, c’est qu’il y a volonté de gagner de l’argent par la suite.

Pour cela, la stratégie du nouvel investisseur est simple : internationaliser la marque, qui est arrivée à  « un plafond de verre » (interview dans L’Equipe du 4 mars 2019). Et pour le faire exploser, il souhaite s’appuyer sur le « scouting », soit des recruteurs. Ils vont ainsi détecter de jeunes talents, afin de les proposer à leur club. Autre idée : s’appuyer sur la branche industrielle de la région.

Afin de faciliter la vie au club, un directeur général devrait être nommé au début de l’été, pour qu’il s'occupe de l’administratif, tandis que le propriétaire et président du club suisse fera des allers-retours entre les deux pays. Même si un membre de son équipe sera généralement toujours au club.

Développer une marque

Autre exemple pour développer sa marque, le club de Bordeaux. Le groupe M6, via son président Nicolas de Tavernost, souhaitait vendre les Girondins, après vingt ans passés au club. Plusieurs signes étaient déjà visibles, tels que l’arrêt de la chaîne GirondinsTV ou le licenciement de salariés. Les Américains du groupe General American Capital Partners (GACP) ont investi en France, dans le but de développer, là aussi, la marque. Facile quand le nom de l’équipe peut  être associé au vin par les étrangers.

Mais avant les Américains, le géant chinois FoSun, entre autre propriétaire du Club Med ou de la marque de haute couture Lanvin, souhaitant racheter Bordeaux. C’est ce qu’ont révélé de nouvelles analyse des Football Leaks. Le groupe espérait très vite engendrer de nouvelles recettes en faisant venir Zinedine Zidane comme entraîneur et investisseur. Le coach de l’équipe réserve du Real Madrid aurait permis d’augmenter la visibilité du club à l’international, tout en attirant de nouveaux joueurs et en permettant l’augmentation des recettes, liées à la billetterie par exemple.

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Alors que le projet n’est pas encore stabilisé, Zidane accepte de remplacer Benitez, limogé, sur le banc de la Maison blanche – le Real Madrid – , en janvier 2016.

L’investissement est à ce point essentiel que le club anglais de Manchester City a mis en place en 2013 un fond d’investissement pour avoir un retour financier sur des transactions effectuées sur des joueurs. Comme l’ont encore révélé les analyse des Football Leaks. A noter que les fonds de tierce propriété (TPO) sont interdits en Angleterre depuis 2008. Le directeur général du LOSC, Marc Ingla, a aidé les dirigeants citizens à à créer ce fond. Ils se connaissaient depuis un passage commun au Barça. A l'époque, Ingla travaille pour  Mangrove Capital Partner, le groupe qui appartient entre autres à Gérard Lopez, actuel président du LOSC. Ils ont fait en sorte que ce fond ne soit pas lié à Manchester City, pour ne pas l’inclure dans les comptes du club, et donc contourner le fair-play financier.

Au delà du légal

Le fond s’appelait MPI II (MPI pour Mangrove Player Investment, II car un fond avait déjà été crée en 2012) et appartenait à la société Stiching MPI. MPI II a aussi signé un accord de coopération avec la société MPI & Partners, qui s’occupait des droits économiques des joueurs.

MPI & Partners a signé des contrats avec des clubs, notamment sud-américains, pour avoir un intérêt de propriété enrichi sur les droits de certains joueurs. Leur permettant ainsi d’avoir une part lors de la revente de ces dits sportifs.

Or, l’article 18 bis de la FIFA explicite qu'« aucun club ne peut signer de contrat permettant au (x) club(s) adverse(s) […] ou à des tiers d'acquérir dans le cadre de travail ou de transferts la capacité d'influer sur l'indépendance ou la politique du club ou encore sur les performances de ses équipes ».

Manchester City a effectué quelques transferts via le club uruguayen de division 2, Moldano, mais sans véritable succès.

Ce fond a pris fin en décembre 2017, après que la FIFA a définitivement interdit les TOP en mai 2015. Gérard Lopez et son groupe Mangrove ont récolté 1,125 millions d’euros sur toute la période.

Faire évoluer les capitaux et les ambitions d’un club, c’est toujours bien. En toute légalité, c’est mieux.