Tout part de la citation d’une célèbre philosophe du XXe siècle : « Et si je t’avais dit combien je t’aimais mon frère et si on t’avait dit ne baisse pas les bras sur cette Terre. Et si… Tout simplement si. ». On a coutume de dire qu’avec des « si » on peut mettre Paris en bouteille. Avec une séries d’uchronies, Wesport vous propose de refaire l’histoire du football si un élément perturbateur du ballon rond avait été différent.

Nous sommes en novembre 2006. En marge du match amical entre l’Equipe de France et la Grèce, Raymond Domenech fait une annonce surprise. En effet, au moment d’évoquer sa sélection, il énumère les milieux offensifs, dont un qui n’était pas forcément attendu. Autour de Sidney Govou, Florent Malouda, Franck Ribéry et Sylvain Wiltord apparait le nom de Gonzalo Higuain. Le joueur de 18 ans évolue à River Plate, parle espagnol mais est né à Brest, en Bretagne. Son père n’est autre que l’ancien défenseur de Boca Juniors, River Plate et le Stade brestois dans les années 80, Jorge Higuain.

Une surprise qui n’en n’est pas forcément une. Depuis quelques semaines, le père de Gonzalo Higuain ne cessait de répéter à la presse argentine que son fils avait la nationalité française et pouvait porter à tout moment le maillot frappé du coq. Domenech a donc entendu ce message et passé le cap en lançant une invitation auprès du jeune Higuain.

Les heures qui ont suivi cette annonce, la presse argentine et française se sont agitées. Gonzalo Higuain allait-il accepter la convocation ? Le principal intéressé laissait planer le doute et allait donner sa réponse quelques jours plus tard. « Pipita » ne semble pas encore savoir s’il est capable d’aller s’envoler vers le Vieux Continent. Il demande concertation auprès de sa famille. Son père lui dit qu’il lui a choisi ce surnom en regardant une émission français, Pyramide, avec Pépita (poisson d’avril, en fait).

Son père semble favorable (en tout cas, c’est qu’il indique à la presse) mais la barrière de la langue ainsi que le flou total dans la connaissance de ses futurs coéquipiers le poussent vers un « non ». Domenech est un peu déçu mais pense qu’un jour Higuain reviendra sur sa décision.

Un passeport vers l’Europe

Higuain ne reparlera plus jamais français mais jouera sur sa nationalité pour tenter le french-kiss en Europe. En effet, en évoquant haut et fort dans la presse qu’il est français, il a lancé un appel du pied auprès des plus grands clubs européens : il a un passeport français, donc européen. Le recruter sera beaucoup plus facile car considéré comme non-extracommunautaire. En ce sens, le Real Madrid le fait venir quelques semaines plus tard. Il devient Merengue mais commencera sa carrière internationale que deux ans plus tard, avec l’Argentine.

Au diable les Bleus, Higuain est et a toujours été un soldat de l’Albiceleste. Sa carrière internationale durera neuf ans et le fera honorer le blason argentin à soixante-quinze reprises pour trente-et-un buts. Higuain connaitra une finale de Coupe du Monde en 2014 perdue face à l’Allemagne. En mars 2019, Higuain annonce que sa carrière internationale est terminée. Une carrière argentine.

En club, Gonzalo Higuain a porté le maillot du Real Madrid de 2006 à 2013, puis ceux de Naples, de la Juventus, de l’AC Milan et est actuellement prêté à Chelsea. Une belle carrière qui aurait pu être totalement différente si « Pipita » était devenu tout simplement « La Pépite » ?

Et si… Higuain avait été Bleu

Nous sommes en novembre 2006. En marge du match amical entre l’Equipe de France et la Grèce, Raymond Domenech fait une annonce surprise. En effet, au moment d’évoquer sa sélection, il énumère les milieux offensifs, dont un qui n’était pas forcément attendu. Autour de Sidney Govou, Florent Malouda, Franck Ribéry et Sylvain Wiltord apparait le nom de Gonzalo Higuain. Le joueur de 18 ans évolue à River Plate, parle espagnol mais est né à Brest, en Bretagne. Son père n’est autre que l’ancien défenseur de Boca Juniors, River Plate et le Stade brestois dans les années 80, Jorge Higuain.

Gonzalo Higuain hésite fortement mais après quelques heures de réflexion, il convoque la presse pour annoncer sa décision. Accompagné de son père, il commence par « Soy francés » puis continue en informant l’assistance qu’il va répondre favorablement à la convocation de Raymond Domenech. Après son match face au Club Estudiantes de La Plata, il s’envolera vers Clairefontaine, accompagné de son père.

Au rassemblement, « Pipita » se sent un peu seul. Autour de Grégory Coupet, Mickael Landreau, Patrice Evra, Philippe Mexès, Rio Mavuba ou encore Nicolas Anelka, il cherche du soutien chez les Bleus. Quelques joueurs parlent un peu espagnol, Julien Escudé joue au FC Séville et devient son « amigo ». Thierry Henry lui indique également que David Trezeguet, le français né en Argentine, n’a dit que du bien sur Higuain.

 

Franco-argentin, bien avant Bigflo et Oli

Très rapidement, Higuain montre qu’il n’est pas milieu offensif, comme le pense Raymond Domenech mais attaquant. Il se place sur le front offensif des vice-champions du Monde. Cependant, la presse française s’insurge et créé la polémique. Pour être français, il ne faut pas se contenter d’y être né, mais il faut parler la langue de Molière.

En conférence de presse, Higuain dit qu’il fait énormément d’efforts. Il sait dire « bonjour », « merci » et « aurevoir ». Son père fait office de traducteur. Il se permet même parfois de répondre à la place de son protégé. L’accueil très froid des français peut pousser le joueur de River Plate à retourner au pays et faire une croix sur les Bleus. Porter le maillot français face à la Grèce ne le privera pas d’une future sélection argentine.

A l’instar de Diego Costa, il pourrait porter le maillot de deux sélections différentes. En effet, la rencontre face à la Grèce n’est qu’un match amical et n’officialise pas le choix français aux yeux de la FIFA. Au moins, Gonzalo Higuain aura essayé et aura vu la France avant de donner sa décision officielle. S’il porte un des deux maillots lors d’un match « officiel », il fera une croix sur l’autre.

Cependant, en France il croise du monde qui lui indique qu’en se rendant visible avec les Bleus, il pourrait pousser des grands clubs à l’engager. Le rêve européen d’Higuain peut passer par les champions du Monde 1998. Un tremplin ?

Se faire voir chez les grecs

Nous sommes le 15 novembre 2006 au Stade de France. Les Bleus affrontent les champions d’Europe en titre, l’équipe de Grèce. En préambule, la FFF fait un hommage aux champions du Monde 1998 et champions d’Europe 2000. Patrick Vieira honore sa centième sélection et les Bleus débutent avec une attaque Thierry Henry – Louis Saha. Gonzalo Higuain est sur le banc.

A l’évocation du nom du franco-argentin, ou plutôt du français, lors des compositions d’équipe, l’accueil est plutôt mitigé. Certains supporters pensent qu’il porte le maillot bleu pour se servir de la renommée européenne. A la mi-temps, la France mène 1-0 grâce à un but de Thierry Henry de la tête à la vingt-sixième minute. Au retour aux vestiaires, Domenech demande à François Clerc, Patrice Evra, Alou Diarra et Gonzalo Higuain de rester sur le terrain pour s’échauffer. Ils vont jouer la deuxième mi-temps.

Au retour des vestiaires, Gonzalo Higuain entre en jeu avec ce maillot bleu muni d’une étoile. Son entrée est poussive, il n’est pas habitué au jeu à l’européenne. Lui qui dispute des rencontres dans un stade Monumental bouillant ou dans une Bombonera, l’ambiance européenne le dépayse. A la fin du match, la France fait le service minimum (1-0) et Higuain n’a pas été très convaincant.

Interrogé en fin de match, Raymond Domenech promet que ce n’étaient que les débuts de la carrière internationale de Pipita. De son côté, le principal intéressé ne souhaite pas s’exprimer auprès de la presse. Son père se contente d’un « nous allons en discuter en rentrant ».

Destins liés

Un autre attaquant devait les rejoindre pour ce match contre la Grèce : Karim Benzema. Le jeune lyonnais effectue une très bonne entame de saison et se voit être convoqué pour la première fois. Cependant, une blessure l’empêche de rejoindre les Bleus à Clairefontaine. Les conseillers de Karim Benzema lui disent de faire attention. Avec un joueur comme Gonzalo Higuain dans les rangs français, la concurrence sera très rude sur le front de l’attaque.

C’est à ce moment que la fédération algérienne de football propose à Benzema de porter le maillot des Fennecs. On lui propose d’être le Plan A des algériens plutôt que d’être l’un des plans B des français. Benzema hésite fortement. L’Algérie a de grandes ambitions et veut absolument disputer le prochain Mondial en 2010, après 24 années d’absence. Interrogé à ce sujet, Karim Benzema répondra « L'Algérie c'est le pays de mes parents, c'est dans mon cœur. Sportivement, je peux les aider ».

De son côté, Higuain est face à ce même dilemme. Son expérience française ne fût pas concluante mais il ne veut pas partir sur un échec. Son père lui rappelle que depuis quelques semaines, de grosses écuries sonnent à sa porte. Parmi elles, le Real Madrid. Mais Gonzalo se demande s’il ne doit pas s’imprégner du jeu à la française en signant dans un club de l’Hexagone. Et, en 2006, « The Place To Be », c’est l’Olympique Lyonnais.

Après quelques jours de réflexion, Higuain décide tout de même de signer au Real Madrid. Arrivé en Espagne, il est clair : il est français. Si Raymond Domenech veut encore de lui, il se tiendra disponible en février prochain pour le prochain match amical… contre l’Argentine !

En 2007, Higuain est appelé pour les treize rencontres des Bleus. Il participera même à l’Euro 2008 mais ne pourra pas empêcher l’élimination au premier tour. La France se qualifie pour le Mondial 2010 suite à un match de barrage face à l’Irlande. Il est convoqué pour la compétition aux côtés des autres attaquants André-Pierre Gignac, Djibril Cissé et Thierry Henry. Hatem Ben Arfa et Nicolas Anelka sont donc laissés sur le carreau.

« Hijo de … tus padres »

Gonzalo Higuain ne pourra pas empêcher l’élimination des Bleus dès le premier tour. Mais, sans Nicolas Anelka, pas d’accrochage avec Domenech à la mi-temps de France-Mexique, pas de prétendue insulte et donc pas de grève dans le bus… Et donc pas d’affaire Knysna…

La suite de la carrière internationale de Gonzalo Higuain est plutôt honorable : cinquante-six sélections pour quinze buts. Higuain voit une génération dorée arriver, surtout dans le secteur offensif. Il participe donc aux Mondiaux 2010 et 2014. En 2018, il se blesse juste avant la compétition laissant sa place au jeune Kylian Mbappé. C’est derrière son poste de télévision que celui qui parle désormais un français très correct voit ses coéquipiers se qualifier pour la finale du Mondial en Russie. Il est invité à être dans les gradins puis dans les vestiaires des Bleus afin de voir ses amis soulever la Coupe du Monde.

Après une histoire d’amour avec la France qui aura duré treize belles années, Gonzalo Higuain annonce au lendemain d’un match face à l’Islande en 2019 qu’il ne portera plus le maillot frappé du coq. Une nouvelle qui rend triste ses plus grands fans : Bigflo et Oli (qui rêvent secrètement de le voir, un jour, avec le maillot du TFC). Les deux frangins sortent un titre « Pipita » qui fera un énorme carton.

Tout ceci n’est qu’uchronie. Gonzalo Higuain n’a pas porté le maillot des Bleus et a fait sa carrière sous les couleurs de l’Albiceleste. Bigflo et Oli continuent de faire des sons sur des gens qui prennent le bus et qui n’osent pas demander un « 06 » (#rapconscient). Mais tout aurait été différent si « Pipita » avait été international français.

(Crédit photo : Skysports)