Déjà éliminées de la compétition, l’équipe de France et la Hongrie se rencontrent pour conclure leur coupe du monde en Argentine. Mais de ce match sans enjeu naît l’une des anecdotes les plus dingues du football français. Suite à une erreur d’intendance, les joueurs de Michel Hidalgo portent les maillots d’un club de pêcheurs.

 

« Kimberley en Coupe du Monde ! » Dans le livre La Coupe du Monde 1974-1998, L’Équipe retranscrit ces mots entendus dans les tribunes du stade José Maria Minella un après-midi de juin 1978. Sur la pelouse, l’équipe de France s’apprête à disputer son dernier match du Mondial argentin avec le maillot du CA Kimberley, club de pêcheurs de la région de Mar del Plata.

 

« Maillot white ? »

À l’origine de cette scène surréaliste : Henri Patrelle, l’intendant des Bleus. Après deux défaites face à l’Italie (2-1) et l’Argentine (2-1), Michel Platini et ses partenaires affrontent la Hongrie pour sauver l’honneur. Alors que les remplaçants sont titularisés, Henri Michel a le temps d’observer ses adversaires durant l’échauffement. Et de s’apercevoir d’une anomalie. Sous la veste de survêtement des Magyars, la légende nantaise remarque un bout de maillot blanc. Un détail qui surprend le Français, vêtu d’un équipement de la même couleur. De quoi l’inciter à aller voir Andras Torosciki et lui glisser un timide « maillot white ? », ce à quoi le meneur de jeu hongrois répond par l’affirmative. Monsieur Armando Coelho, l’arbitre de la rencontre, tient à régler rapidement cet imbroglio. Tandis qu’Henri Patrelle montre une circulaire de la FIFA indiquant que les Tricolores doivent évoluer en blanc, son homologue présente la mise à jour de cette même circulaire qui impose aux Bleus de jouer dans leur couleur traditionnelle. Un simple changement de maillots est alors demandé. Problème : l’intendant avait pris le soin d’anticiper le retour dans l’Hexagone quelques jours plus tard. Les tuniques bleues sont donc rangées dans les valises et prêtes à partir de Buenos Aires, à plus de 400 kilomètres de Mar del Plata.

Six ans avant de remporter l’Euro, Michel Platini faisait partie de l’équipe de France qui a évolué avec un maillot vert et blanc.

Des pêcheurs à l’honneur

« C’est de ma faute. Entièrement de ma faute. La France devait effectivement jouer en bleu. C’est un regrettable incident, dont je suis l’unique responsable », avouera Henri Patrelle le lendemain de la rencontre. Très vite, l’équipe hongroise propose de prêter son jeu de maillots rouges. Mais leur gardien de but en a également un et refuse d’en changer. Alors que le coup d’envoi doit être donné dans quelques minutes, les organisateurs envoient une délégation en ville pour récupérer des maillots de toute urgence. C’est donc le Club Atletico Kimberley qui permet au match de démarrer avec une demi-heure de retard. Dans une tenue rayée blanche et verte habituellement portée par des pêcheurs, l’équipe de France parvient à s’imposer 3-1 grâce à des buts de Christian Lopez, Marc Berdoll et Dominique Rocheteau.

 

Un résultat anecdotique face à ce scénario improbable qui, plus de quatre décennies plus tard, allège le souvenir d’une coupe du monde ratée.

 

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