On continue notre série sur les Frenchies en NCAA et aujourd'hui place au soccer. Sport moins populaire que le basket ou le foot US outre-Atlantique, il attire de plus en plus de Français qui souhaitent allier football et études. C'est le cas de Valentin Noël qui a décidé de quitter Niort pour rejoindre l'université de Pittsburgh. Son parcours, son quotidien d'étudiant-athlète et son avenir, entretien exclusif avec le buteur des Panthers.
WeSport : Bonjour Valentin, est-ce que tu peux te présenter et me présenter le parcours qui t'as conduit en NCAA ?
Valentin Noël : Je m'appelle Valentin Noël et j'ai 21 ans. J'ai décidé de rejoindre Pittsburgh aux États-Unis en juillet 2019 pour jouer au “soccer”. J'ai suivi une formation classique au club des Chamois Niortais F.C. pendant 10 ans. Après avoir obtenu mon baccalauréat scientifique, j'ai signé un contrat de deux ans avec mon club. À la fin de celui-ci, je pouvais signer un contrat professionnel ou prendre la porte. Mon aventure s'est malheureusement terminée en mai 2019.
WS : Pourquoi, à ce moment-là, décides-tu de tenter ta chance en NCAA ?
VN : Je voulais changer d'air, rencontrer de nouvelles personnes, découvrir de nouvelles choses. Je voulais retrouver un nouveau projet à l'étranger, sur le plan sportif du moins. C'est alors que par le biais d'un conseiller et de plusieurs contacts, j'ai pris connaissance du projet américain. C’est un projet qui mêle étude et football en même temps, ce à quoi j'ai toujours été habitué depuis le collège et lycée en suivant des sections sportives. Ce projet cochait pour moi toutes les bonnes cases. J'ai donc décidé de foncer et de me donner les moyens d'y aller. J'ai préparé un dossier et l'université de Pittsburgh a montré son intérêt. Le courant est tout de suite passé avec eux et le coach dans le but de m'aider à atteindre mes objectifs. Son impact sur certains joueurs, ma conversation avec lui, sa notoriété sont des choses qui ont pesé dans la balance.
“C’est un projet qui mêle étude et football en même temps, ce à quoi j'ai toujours été habitué depuis le collège et lycée en suivant des sections sportives”
WS : Peux-tu nous dire parler de la médiatisation de la NCAA au niveau du soccer ? Est-ce comparable au basket ou au College Football ?
VN : Contrairement à l’Europe, tout paraît démesuré. Nos matchs sont filmés, commentés. J'aimerais simplement avoir un peu plus de spectateurs mais malheureusement avec le Covid ce n'est pas pour tout de suite… Le “soccer” évolue et commence à prendre une place importante aux États-Unis. Mais il est vrai que ce n'est rien encore comparé au football américain et basketball qui restent les deux sports les plus suivis sans hésitation !
WS : En parlant du Covid, la saison est un peu particulière cette saison. Toutes les équipes ne jouent pas au même moment, c’est bien ça ?
VN : Oui la saison a été organisée de manière différente en raison du Covid. Nous jouons habituellement une saison entière sur trois mois avec des matchs tous les trois ou quatre jours. Cette année, nous avons joué un match par semaine. Notre Ligue ACC et la NCAA ont fait en sorte que cela soit possible en suivant des protocoles stricts. Nous avons été une des seules ligues à avoir pu jouer à l’automne (n.d.l.r. : la plupart des équipes débuteront le championnat au printemps). Seulement une vingtaine d'équipe dans le pays ont pu jouer de manière compétitive.
WS : Sur le plan collectif, comment juges-tu ce début de saison ?
VN : Depuis quelques années, Pittsburgh est en progression fulgurante. Je suis fier de faire partie de cette équipe. Nous espérons continuer à écrire l'histoire de l’université dans les saisons à venir. Ce “Fall2020” (n.d.l.r. : tournoi d’automne) a été particulièrement réussi même si nous avons malheureusement perdu en finale du tournoi ACC contre Clemson (2-1) alors que nous étions sur une série de sept victoires d'affilée. Si nous avions gagné la finale du tournoi de notre ligue ACC, nous aurions été directement qualifiés pour le tournoi final NCAA en mai. Malheureusement tout reste à faire. Il y aura donc des matchs à gagner pour décrocher un ticket. Maintenant place aux vacances de Noël pour ensuite reprendre pour une deuxième partie de saison au “Spring2021” (n.d.l.r. : tournoi de printemps).

WS : Et sur le plan personnel, es-tu satisfait ?
VN : Personnellement, cette première partie de saison a été plutôt réussie. Je me suis très bien senti, dans un groupe où l'on se sent comme dans une famille. J'ai terminé avec huit buts et deux passes décisives en sept matchs ! Je suis de plus, sur une série toujours en cours, d'au moins un but marqué pendant six matchs consécutifs. Le précédent record de l'université était de trois matchs.
“J'ai terminé avec huit buts et deux passes décisives en sept matchs ! Je suis sur une série, toujours en cours, d'au moins un but dans six matchs consécutifs”
WS : Quels sont vos objectifs cette deuxième partie de saison ?
VN : Nous voulons tout gagner. Nous en avons les capacités, nous allons continuer à progresser et nous renforcer après cette défaite qui laisse un goût amer. Nous voulons nous qualifier pour le tournoi national NCAA ayant lieu en mai et aller le plus loin possible.

WS : J’aimerais maintenant que tu nous parles de ton quotidien d’étudiant-athlète. Quel diplôme prépares-tu aux États-Unis ? Est-ce important pour toi ou tu te concentres plus sur le foot ?
VN : Je m'apprête à rentrer dans l'école de business de l'université de Pittsburgh. C’est un diplôme sur trois ans et demi. Les études sont importantes pour moi, cela a été notamment un point fort dans ma décision de traverser l'Atlantique. Mais il faut être honnête, je ne serai jamais venu aux États-Unis s’il n'y avait pas le soccer. Le football rythme ma vie depuis que j'ai sept ans.
WS : Au niveau des frais scolaires, as-tu obtenu une bourse comme beaucoup d’étudiants-athlètes évoluant en NCAA ?
VN : Oui, j'ai obtenu une bourse qui prend en charge mes frais scolaires ainsi que quelques frais de la vie quotidienne comme mon loyer d'appartement ou les différentes taxes.
WS : Peux-tu nous dire comment tu divises ta journée entre le football et les études ? Est-ce facile à gérer ?
VN : Nous avons un rythme assez chargé en général. Réveil bien matinal vers 6h pour un petit déjeuner. Ensuite, rendez-vous aux vestiaires à 7h pour se préparer. Nous avons une grande salle de soin pour se préparer à la séance d'entraînement et faire des exercices. La séance est habituellement fixée à 8h30. Après deux heures d’entrainement, nous avons par la suite accès aux bains froids, aux kinés pour des soins ou des massages. Nous avons également accès à une énorme salle de musculation.
Après l’entrainement, chacun rentre chez soi pour entamer la deuxième partie de la journée : la partie scolaire. Les cours durent la majeure partie de l'après-midi entrecoupés de période où il faut faire ses devoirs. Il est important de se coucher tôt car le lendemain c'est la même journée qui se répète !
WS : Comment vois-tu ton avenir après cette expérience en NCAA. Comptes-tu devenir footballeur professionnel et pourquoi pas revenir en France ?
VS : Cette expérience ne peut que m'apporter que du positif, je suis bilingue maintenant. J'aurai un diplôme si je travaille bien. Les anecdotes et les expériences vécues resteront à jamais gravées dans ma mémoire ! Mais quant à l'avenir, je veux devenir footballeur professionnel, c'est ce pourquoi je suis venu ici. Je pense être au bon endroit pour y arriver, entouré des bonnes personnes. Je vais tout faire en tout cas pour y arriver car je ne me vois pas vraiment rentrer en France après mes quatre années ici, je ne peux pas m'arrêter là je dois aller chercher plus haut !
Crédit photo et couverture: Valentin Noël