C’est un petit évènement dans le paysage sportif international, mais un grand moment pour les adeptes de judo. Après plus d’1 an et demi d’absence, Teddy Riner remontait ce dimanche sur un tapis de compétition lors du Grand Prix de Montréal, prêt à débuter la course à la qualification pour les JO de 2020 et montrer au monde qu’il mettra tout en œuvre pour obtenir ce troisième titre olympique.

 

Un plateau faible en nombre mais riche en spectacle

Placé à seulement quelques semaines des Championnats du Monde, dans le grand nord canadien, cette 1ère édition du Grand Prix de Montréal n’aura pas réussi à rassembler un nombre incroyable de judokas.

Mais qu’importe la quantité pourvu que la qualité soit au rendez-vous, et ce fut le cas avec la présence d’une belle délégation nippone et de quelques-uns des meilleurs européens du circuit, accompagnés évidemment de locaux comme le médaillé olympique Antoine Valois-Fortier (-81kg). De quoi voir du beau judo du premier tour à la finale !

 

La catégorie des -60kg en fut un parfait exemple, avec une démonstration du japonais Takato, triple champion du monde tout de même, jamais mis en difficulté et qui a semblé jouer avec chacun de ses adversaires, exploitant chacune de leurs erreurs.

Autre athlète du pays du soleil levant et autre pépite, la jeune Koga, 18 ans à peine, s’impose à Montréal chez les -48kg après avoir sorti entre autres la championne olympique en titre. Déjà championne du Japon il y a quelques mois, celle qui n’est encore que juniors 1ère année risque de faire beaucoup parler d’elle dans la course au JO 2024.

(c) International Judo Federation

 

Pas de nippon en revanche dans les catégories -66kg ou les -52kg, où l’on retrouve toutefois sur le podium des habitué(e)s comme le mongol Gambold (n°10 mondial) ou la brésilienne Menezes, championne olympique 2012.

Le récital japonais reprend avec les -73kg et Soichi Hashimoto, vice-champion du monde, qui se balade jusqu’en finale avant de finir sa journée par une victoire presque facile contre l’émirati Scvortov.

L’histoire semble se répéter inlassablement puisque viennent prendre l’or au pays de la feuille d’érable le champion du monde 2015 Nagase (-81kg) et le champion olympique en titre Masher (-90kg).

Une telle domination semble parfois irréelle vue de l’extérieur, mais du point de vue des combattants le tableau n’est pas plus rose puisque plus de la moitié des combattants japonais présents et médaillés ne sont même pas retenus pour disputer les Championnats du Monde cet été.

 

Comble du comble, même quand aucun japonais n’est présent sur le tapis, leur « école » gagne quand même, à l’image de la finale des féminines -57kg.

En effet, même si sur le papier s’opposaient deux canadiennes, Deguchi et Klimkait, la première est née et a débuté le judo au japon avant de se faire naturaliser canadienne en 2017.

Autre fait remarquable, c’est leur quatrième rencontre face à face, lors de quatre finales différentes, avec aujourd’hui un score de 4-0 en faveur de la canado-japonaise. Bête noire.

 

Dans les autres catégories, on relèvera avec plaisir les victoires de la coréenne Cho (-63kg), jusqu’ici sans référence au niveau international et peut être amenée à refaire partie de la délégation du pays du matin calme, ainsi que de l’allemande Scoccimarro (-70kg) tout juste 21 ans et déjà championne du monde juniors et médaillée sur des tournois références.

Chez les plus lourds, pas de réelle surprise si ce n’est la 7ème place du japonais Haga engagé chez les -100kg, contre-performance toute relative dont se contenteraient nombre de combattants.

En -78kg, la championne du monde en titre Hamada remporte tranquillement le titre, imitée par sa compatriote Asahina en +78kg, laissant la troisième nippone Inamori prendre le bronze.

 

Le retour du roi

C’est une annonce qui est arrivée tardivement, à quelques jours à peine du Grand-Prix. Coup de tête du champion français ou discrétion pour ne pas voir se présenter les plus gros adversaires sur un tournoi de reprise, la stratégie reste secrète.

Une fois inscrit et le tirage au sort effectué, il était en tout cas plus facile d’y voir clair dans le parcours probable du double champion olympique.

Sur le papier, deux combats largement à sa portée pour débuter, suivis d’une demi-finale potentiellement compliquée face à un adversaire coriace.

Dans les faits, on eut deux premiers combats largement dominés et une demi-finale très compliquée ! Face à lui se dressait Lukas Krpalek, champion olympique 2016 dans la catégorie inférieure, déterminé à être l’homme qui renversera la montagne.

Très engagé dès le début du combat, le tchèque imposa son rythme au français quitte à tenter de le piéger au sol malgré les 140 kilos à déplacer.

Finalement, c’est au bout d’un combat intense et de 2 minutes de golden score supplémentaire que le décuple champion du monde français trouva l’ouverture sur un mouvement de hanche qui fit décoller son adversaire et lever la salle.

(c) Di Feliciantonio Emanuele

En finale Riner retrouvait Harasawa, un autre japonais, pour un remake de la finale des derniers JO à Rio. Après 2 premières minutes équilibrées, le japonais baissait peu à peu de rythme et laissait de plus en plus d’espace au français jusqu’à se faire fixer sur l’ultime attaque du tricolore dans le golden score.

 

 

Comme sur chacune de ses sorties, l’équipe nationale japonaise rayonne et rafle tous les titres, ou presque. Heureusement, la France avait envoyé son meilleur élément pour stopper la progression nippone, et bien que toujours en phase de recherche de sensations le géant français s’est rappelé à tous ses concurrents, avec la manière.

Ses sorties devraient se faire plus fréquentes puisqu'il lui faudra aller chercher d'autres points en compétition pour être à Tokyo en 2020, mais il faudra certainement attendre une autre année avant de revoir Teddy Riner sur une compétition majeure, lui qui a annoncé renoncer aux mondiaux de cette année.

 

 

Photo Une : Di Feliciantonio Emanuele