Révélation française du tout début de saison en Challenger, à Rennes et à Quimper, Kyrian Jacquet s’est livré à une interview au micro de WeSport, l’occasion de revenir sur le début de sa jeune carrière, d’échanger sur sa situation et d’entrevoir des perspectives pour le reste de la saison et bien plus encore.
WSFR : Bonjour Kyrian, merci d’avoir répondu favorablement à notre demande. Tout d’abord je voulais te demander, comment se passe ton confinement, sur le plan tennis, et comment t’occupes-tu en ce moment ?
KJ : Actuellement c’est impossible pour moi de jouer, l’intégralité des clubs sont fermés. La seule solution aurait été de disposer d’un court privé, et je n’ai pas ça près de chez moi, donc très clairement je ne peux pas jouer. D’un autre côté, je n’aurais peut-être pas pu forcément jouer, en raison d’une lésion à l’adducteur et je viens de reprendre le bas du corps hier. Ça commence à être dur mentalement de ne pas jouer au tennis. Du coup je ne fais que du physique tous les jours, beaucoup de haut du corps, ça me permet de me renforcer, gainage, abdos, pompes, tractions, etc… mais sans tennis ça commence à être long.
WSFR : Toujours à propos de cette crise du Covid-19, que penses-tu du gel des points ATP ?
KJ : Je suis d’accord sur ce point-là, ce serait dur pour les joueurs qui ne pourraient pas défendre leurs points, mais moi ça ne m’avantage pas forcément car c’était une période durant laquelle je n’avais pas fait de point l’année dernière et où j’aurais pu en faire. C’est d’autant plus compliqué pour moi car aux alentours des dates annoncées pour la reprise j’aurai une finale en Future de 25K à défendre (à Bourg-en-Bresse ndlr). Ça ne m’avantage donc pas forcément mais il faut faire avec, c’est pareil pour tout le monde.

WSFR : Sinon à propos du report de Roland Garros, je sais que tu aimes bien ce tournoi, tu y as eu des résultats prometteurs, que penses-tu de cette décision ?
KJ : Je trouve ça logique, on ne peut pas annuler un Grand Chelem. Il faut forcément trouver une date. La date après…. Il fallait en trouver une. C’aurait été anormal de l’annuler tant au plan de vue économique qu’au niveau sportif.
WSFR : Si on parlait un peu plus de toi, j’avais une question à te poser, intéressante surtout pour les plus jeunes, comment es-tu arrivé à concilier tennis et études ?
KJ : J’ai eu mon bac l’année dernière, avec mention assez bien en option scientifique, et je suis assez fier de ça. Parce qu’il y en a pas mal qui ont arrêté les études et qui ne sont pas allés jusqu’au bac, mais avec mes parents on a toujours dit que la priorité c’était les études, jusqu’au bac au moins.
J’ai été au CNED, depuis la 4ème, et j’avais des professeurs au début qui venaient dans mon club et après j’ai tout fait par Internet, avec des profs par vidéoconférence. Ça demande beaucoup d’organisation mais ça a toujours été ma priorité avec mes parents.

WSFR : Et depuis, tu as décidé de continuer ou de te mettre à 100% dans le tennis ?
KJ : Alors là je me suis lancé à 100% dans le tennis, et je me suis donné deux voire trois ans pour atteindre mes objectifs et au moins progresser pour voir si j’ai une chance ou pas. Au bout de ce laps de temps, j’aurai une décision à prendre, soit je reprends les études soit je continuerai dans le tennis.
WSFR : Est-ce que tu as un moment charnière dans ta jeune carrière, un déclic qui t’a fait dire que tu pouvais avoir ta place dans le monde professionnel ?
KJ : Je ne me suis pas dit je peux avoir ma place mais je me suis plutôt dit qu’il y avait quelque chose à faire, c’était au challenger de Rennes puis à celui de Quimper en début d’année. J’ai bénéficié de WC, et j’ai senti que je pouvais bien jouer, que je pouvais embêter des bons joueurs, voire les battre. Et je me suis dit que si je bossais bien je pouvais les battre.
WSFR : Surtout la victoire face à Tristan Lamasine, en huitièmes de finale de Rennes ou tu en as plutôt une autre en tête ?
KJ : La victoire qui m’a le plus marquée est celle contre Basic au premier tour de Quimper, où j’ai du aller puiser. Le tournoi de Rennes m’a beaucoup appris sur le plan mental, et notamment pendant ma défaite en Quarts face à Ward, j’aurai pu mieux faire, mieux gérer les moments importants et c’est ces petits détails que je suis arrivé à régler face à Basic. J’étais au bord des crampes, et j’ai aussi bien joué face à Vatutin au deuxième tour jusqu’à ce que je me blesse.
WSFR : C’est cette blessure que tu traînes depuis ?
KJ : Non c’était les abdos mais je me suis de nouveau blessé, aux adducteurs à Toulouse il y a deux semaines.
WSFR : Avec le recul, tu fais tes débuts sur le circuit Future à 16ans, est-ce que tu considères que c’était le bon âge, et surtout en quoi tu penses avoir évolué, sur le plan technique et le plan mental ?
KJ : Depuis que je suis arrivé au CNE (Centre National d’Entrainement) depuis septembre, on a fait un gros travail avec mes deux coachs Boris Vallejo et Augustin Gensse, on a fait un énorme travail sur l’aspect mental, sur lequel j’avais beaucoup de lacunes. On travaille tous les jours sur le mental, sur la façon de gérer les moments importants. L’avantage d’avoir deux coachs c’est que grâce à eux j’ai deux aspects, à la fois différents mais qui se complètent, un coach qui a été joueur professionnel dans le Top 150, Augustin Gensse, et Boris qui lui a pu coacher de grands joueurs comme Cilic, Pierre-Hugues Herbert ou Nicolas Mahut, et qui a l’expérience des gros tournois.
L’objectif c’est maintenant aussi de bosser physiquement, parce que j’ai quelques problèmes en ce moment sur le plan physique, et techniquement aussi sur le service et le coup droit notamment.
WSFR : Tu as eu la chance de jouer Roland Garros en Juniors les deux dernières années, et l’US Open en 2019, quels souvenirs tu gardes de ces moments ? Et est-ce que tu penses que tu pourrais enchaîner les deux tournois cette année ?
KJ : Alors étant donné que je ne suis plus dans la catégorie Junior, la situation est différente. Pour l’US Open par exemple, je n’avais même pas eu l’idée de le jouer et finalement j’ai pu grâce à mon classement. Pour Roland, la première année est celle qui m’a le plus marqué, où je fais huitièmes de finale dans le tableau Junior, en sortant des qualifications avec un bon niveau de jeu. J’ai dû abandonner sur blessure, au quadriceps. La deuxième année j’ai vraiment pas bien joué, et j’ai aussi contracté une blessure à l’épaule, et j’ai bien moins joué que la première année. L’US Open j’en retiens un bon souvenir pour l’endroit, pour le tournoi, une ville magique, tout est grand, mais sur le plan des résultats et du tennis j’en ai pas tiré réellement profit.
WSFR : Quel est ton objectif pour cette saison et les saisons à venir ? Est-ce que tu t’es fixé un classement à atteindre avec tes coachs ?
KJ : Oui totalement, on s’était fixé avec les coachs d’être 250-300ème mondial à la fin de l’année voire même avant, ce qui va être compliqué avec cette période sans tournois. Mais je garde cet objectif en tête, il le restera malgré ces inconvénients.
Kyrian en bref
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Ton ami sur le circuit ?
- Un de mes meilleurs amis sur le circuit, mon meilleur ami sur le circuit même c’est Antoine Cornut-Chauvinc, qui vient de Lyon, on se connait depuis très longtemps.
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Ton idole sur le circuit ?
- Alors j’ai des idoles dans le bon sens et dans le mauvais sens. Dans le bon sens, c’est Rafa Nadal. Dans le mauvais sens c’est Kyrgios, un génie.
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Ton joueur français préféré ?
- Pareil, Paire dans le mauvais sens, et j’aime vraiment bien et j’ai appris à connaitre Ugo Humbert, avec qui j’ai déjà fait des séances d’entrainement. J’aime vraiment la personne et j’aime bien son jeu.
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Ton sport préféré, à côté du tennis ?
- Et bien je dois avouer que je ne suis pas réellement de sports hormis le tennis, et encore c’est pas un sport que j’aime vraiment regarder. J’adore le pratiquer mais pas énormément le suivre, je ne suis pas vraiment la saison ATP.