L’analyse tactique de Portugal – Croatie
La deuxième édition de la Ligue des Nations s’ouvrait hier soir pour le groupe 3 de la ligue A. Tandis que la France s’est imposée sans convaincre en Suède, le Portugal a dicté sa loi pour l’emporter 4-1 face à la Croatie. Analyse tactique d’une rencontre dominée de la tête et des épaules par la Seleçao das Quinas.
Les champions en titre ont tenu leur rang. Orphelins d’un Cristiano Ronaldo blessé, les Portugais ont dominé la Croatie. Dans un 4-3-3, Fernando Santos titularise Diogo Jota en attaque et Anthony Lopes dans les cages, tandis que Joao Cancelo est préféré à Nélson Semedo au poste de latéral droit.
Du côté croate, Zlatko Dalic dispose les siens en 4-2-3-1, sans pouvoir compter sur Luka Modric ni Ivan Rakitic.
Des Portugais maîtres du mouvement
La clé de l’animation du dispositif de Fernando Santos est assurément la liberté accordée aux joueurs dans leurs déplacements. Avec des joueurs polyvalents habitués à évoluer dans différentes positions, le Portugal peut compter sur une grande mobilité et une bonne adaptation dans les diverses zones du terrain. Aligné à la pointe de l’attaque, Joao Félix (cercle blanc) n’hésite pas à décrocher et à venir proposer des solutions entre les lignes, à gauche comme à droite.
A sa gauche, Diogo Jota apporte quant à lui davantage de verticalité. Un ton en dessous de ses partenaires en première période, le joueur de Wolverhamton se ressaisit dans le deuxième acte pour exploiter les espaces dans le dos de la défense croate, comme sur l'action menant à son but.
De l’autre côté du terrain, Bernardo Silva (cercle blanc) est aligné sur le flanc droit. Le Citizen temporise quant à lui davantage avec le ballon, revenant régulièrement sur son pied gauche après un appel vertical pour renverser le jeu vers un espace libre ou attendre un dédoublement.
Cette grande mobilité concerne également les milieux de terrain, en particulier Bruno Fernandes. Le déplacement permanent des champions d’Europe 2016 permet une occupation quasi-optimale des espaces, avec la mise en place de nombreux triangles dans la circulation courte du ballon entre les lignes.
Devant, Joao Félix, Diogo Jota et Bernardo Silva quittent régulièrement leur secteur de jeu initial. Ici, les joueurs de Manchester City et de l'Atletico Madrid se démarquent dans le demi-espace et le couloir gauche.
Une liberté qui, parfois, rencontre des limites et met en exergue un manque d’automatismes entre certains joueurs. Sur cette phase de jeu, Joao Félix et Diogo Jota occupent la même zone du terrain.
Un comportement défensif solide et flexible
Sans le ballon, le Portugal propose également une flexibilité importante. Le schéma lors des possessions adverses se présente en 4-4-2.
Mais l’organisation défensive varie tout au long de la rencontre, notamment lors des pertes du ballon dans le dernier tier. Un contre-pressing se met alors en place, les joueurs quittant un dispositif précis pour chasser le porteur et marquer en individuel.
Quelques constantes caractérisent l’attitude des Lusitaniens lorsque la Croatie parvient à sortir de ce pressing. En premier lieu, le marquage des deux joueurs du double-pivot croate qui empêche les Vatreni d’assurer la première relance et de toucher facilement l’entrejeu.
La communication entre les Portugais permet également une occupation presque souveraine du terrain, obstruant les différentes lignes de passe vers l’avant pour le porteur.
Le bloc de la Selecao das Quinas présente cependant quelques failles, notamment sur les phases de transition où elle laisse des espaces conséquents souvent mal exploités par la Croatie.
Le côté droit de la défense portugaise est le théâtre des quelques incursions croates, comme en témoigne la carte de chaleur des ballons touchés par les partenaires de Mateo Kovacic. C’est sur ce côté du terrain qu’est initié la réduction du score de Bruno Petkovic dans le temps additionnel.
Joao Cancelo, le facteur X
Au sein de cette prestation collective aboutie, Joao Cancelo (cercle blanc) est apparu comme l’une des individualités les plus en vue. Un peu plus discret en deuxième mi-temps avec quelques errements défensifs, le latéral droit de Manchester City illumine les 45 premières minutes par son activité. Efficace en un contre un, il apporte sans cesse le surnombre en attaque, proposant des solutions dans le dos de la défense.
Balle au pied, Joao Cancelo n’hésite pas à quitter son couloir droit pour attaquer le demi-espace et ainsi apporter le danger dans une zone plus axiale en perturbant le marquage de la Croatie. C'est notamment le cas lors de son but.
Sans le ballon, le joueur formé à Benfica (cercle blanc) adopte à plusieurs reprises une attitude de meneur de jeu en demandant le ballon entre les lignes et dans le demi-espace.
Au-delà du résultat, la prestation du Portugal a apporté son lot de satisfactions. De quoi entamer la défense de son titre et la préparation de l’Euro en toute sérénité.