Le 14 octobre 2019, Cristiano Ronaldo inscrivait avec le Portugal son 700e but en carrière. L'occasion pour We Sport de dresser le portrait des cinq joueurs qui devancent encore CR7 au classement des meilleurs buteurs de l'histoire. Aujourd’hui, focus sur Josef Bican, joueur le plus prolifique de tous les temps.
Son total de buts rend le nom de cette série caduque. Entre 1928 et 1955, Josef Bican a fait trembler les filets à 805 reprises selon la Rec Sport Soccer Statistics Foundation, faisant de lui le meilleur buteur de l’histoire du football. 27 saisons passées notamment dans les rangs du Rapid de Vienne, du Sparta Prague mais aussi de trois sélections nationales.
Le joyau austro-hongrois
Josef Bican naît en septembre 1913 à Vienne, située à l’époque en Autriche-Hongrie. Alors qu’il est âgé d’à peine huit ans, son père décède d’une maladie aux reins contractée lors d’un match de football. Ce drame plonge la famille Bican dans une grande pauvreté, obligeant Josef à jouer au football sans chaussures. Et comme pour de nombreuses autres légendes de ce sport, la pratique du football pieds nus lui confère d’excellentes qualités techniques et un toucher de balle tout aussi remarquable, du droit comme du gauche. A cela s’ajoutent des aptitudes physiques exceptionnelles, Josef Bican étant capable de courir le 100 mètres en 10,8 secondes. De quoi faire ses débuts à seulement 15 ans dans le club autrichien de Schustek, et inscrire 24 buts en 23 matchs. Ses performances attirent l’attention du Rapid de Vienne, club dans lequel Josef Bican signe en 1931, à 18 ans.
La « Wunderteam » autrichoise, une sélection parmi d’autres
Dans sa nouvelle équipe, celui qui est surnommé « Pepi » continue sur sa lancée et trouve 52 fois le chemin des filets adverses en 49 apparitions. En parallèle, l’attaquant fait ses premiers pas en sélection autrichienne, alors surnommée « Wunderteam » en raison de son jeu attrayant qui domine l’Europe, et atteint les demi-finales de la Coupe du Monde 1934. Trois ans plus tard, il rejoint le Slavia Prague et inscrit définitivement son nom dans l’Histoire du football. En 274 matchs disputés entre 1937 et 1948, il marque 534 buts ! Des chiffres qui lui valent douze titres de meilleur buteur de championnat ainsi qu’un statut de meilleur buteur d’Europe conservé cinq saisons consécutives, de 1939/1940 à 1943/1944.
Son aventure de onze ans dans le club de Prague le voit également disputer 14 rencontres pour la Tchécoslovaquie, pays de naissance de son père dont il possède la nationalité. Au début de la Seconde Guerre Mondiale, l’annexion du pays par l’Allemagne nazie pousse même Josef Bican à jouer sous le maillot d’une troisième sélection, Bohême et Moravie, une région austro-hongroise dont l’équipe fut créée par le IIIe Reich. Il n’y dispute qu’un seul match et inscrit un triplé face à… l’Allemagne. Au sortir du conflit qui a dévasté l’Europe, le prodige est convoité par de nombreux clubs du Vieux Continent qui tentent de se reconstruire. Mais fort de ses convictions politiques, Josef Bican aurait notamment refusé un contrat en or de la part de la Juventus, inquiété de l’arrivée imminente des Communistes à la tête de l’Italie. Un état d’esprit déjà dévoilé plusieurs années auparavant, lorsqu’il avait refusé de rejoindre le parti nazi autrichien et avait alors quitté Vienne. Mais en 1948, la prise du pouvoir par le parti communiste en Tchécoslovaquie pousse Josef Bican à quitter le Slavia Prague.
Le buteur entame alors plusieurs années de carrière perturbées en raison de ses relations tumultueuses avec le régime en place. Il connaît ainsi trois clubs différents entre 1950 et 1955, dont un retour de deux saisons au Slavia, alors appelé Dynamo Prague. A l’âge canonique de 42 ans, Josef Bican raccroche finalement les crampons avec 805 réalisations au compteur. Un total qui lui vaut encore aujourd’hui, malgré son relatif anonymat, un titre de meilleur buteur de l’histoire du football ainsi qu’un astéroïde à son nom. Rien que ça.