« Le cyclisme, c’est un sport de dopés », ça c’est la première phrase qui arrive à l’oreille d’un passionné de vélo, quand il discute de son sport de prédilection avec des interlocuteurs apparemment limités intellectuellement. Alors je ne vais pas vous livrer un plaidoyer qui vient contrer cet adage relativement idiot. Déjà parce que ça serait trop facile, et parce qu’on ne devrait pas défendre quelque chose qui n’a pas besoin de l’être. En revanche, je vais vous exposer la manière dont on traite le dopage selon les sports. Amis footballeurs, boxeurs ou rugbymen, tenez-vous tranquilles.

Tous les sportifs ne sont pas égaux face au dopage. Comme tous les utilisateurs de Paint face au montage photo.

Ca sent la poudre…

On peut déjà évoquer un cas concret. Prenons l’exemple de la cocaïne. Le footballeur péruvien, Paolo Guerrero est contrôlé positif après un match des éliminatoires contre l’Argentine. Résultat, un an de suspension et une Coupe du Monde qui passe à l’as. Finalement, ça serait quand même dommage de priver un footballeur d’une compétition, juste à cause du dopage (sic). Alors on a réduit sa suspension à six mois… en attendant un acquittement total ? Le joueur l’a demandé en tout cas.

Prenons un cas similaire en cyclisme maintenant. Luca Paolini, alors chez Katusha, est contrôlé positif à cette même substance pendant le Tour de France. L’équipe russe le licencie immédiatement, et le coureur est suspendu 18 mois, soit un an et demi pour les plus nuls en conversion. Pas d’aménagement, rien. Je vous laisse seuls juges. Bien sûr, on pourrait établir ce genre de constat avec tout un tas de substances, mais c’est un livre qu’il faudrait écrire.

No-show must go on

Autre que le dopage avéré, on a les fameux « no-show ». Un sportif doit renseigner sa localisation, pour répondre à des contrôles anti-dopage « surprises ». En gros, vous pouvez être sous votre douche, en famille, ou en vacances, un commissaire peut débarquer pour vous contrôler. Selon la réglementation, vous êtes sanctionné si vous êtes coupable de trois manquements à ces contrôles, soit parce que vous n’étiez pas présent à un créneau indiqué, soit parce que vous n’aviez pas informé de votre localisation.

Comme exemple très récent, on a celui de Tony Yoka. Le boxeur français a écopé d’un an de suspension… avec sursis. Insatisfait de cette sanction, l’Agence Française de Lutte contre le Dopage s’est saisi du dossier. Au rugby, on a eu le cas Yoann Huget, suspendu trois mois pour la même raison.

Et puis on a le cyclisme. Yoann Offredo a bénéficié de nettement moins de clémence, prenant le tarif réglementaire d’un an de suspension ferme pour ces manquements. Autant vous dire qu’on attend avec hâte le jugement d’Alizé Cornet, elle aussi visée par cette procédure.

Suspecter n'est pas suspendre

Enfin, il y a la suspicion. Je ne veux pas revenir sur la phrase introductive de mon discours. Pourtant, je suis obligé de m’appuyer dessus pour mener mon explication. Il faut être déconnecté de la réalité pour ignorer tous ces messages déplacés contre Chris Froome. Pourtant, à l’heure où j’écris ces lignes, le Britannique n’est coupable de rien.

Comme Dan Carter, légende de son sport et ses petits copains rugbymen. Comme les joueurs NBA, concernés par plusieurs déclarations, mais dont les contrôles antidopage sont plus que limités. Ou au tennis, où certains suspendus reviennent dans la moindre indifférence, en plus de suspicions qui n’ont jamais provoqué de tollés. Aucun de ces exemples n'a subi un acharnement particulier, ou des jets d'urine dans la pratique de son sport (et c'est tant mieux, évidemment).

Attention, il ne s’agit pas de crier au complot et dire que tout le monde est coupable, ni même de regarder dans l’assiette de son voisin. Mais quand on parle de vélo, la suspicion tourne vite à la condamnation. Je me réjouis que le cyclisme soit sévère avec ceux qui violent les règles antidopage, mais je pense que certains sports feraient mieux de la jouer profil bas, à commencer par leurs suiveurs, sur ces questions. La chance qu’ont tous ces sports, c’est de n’avoir connu aucun Lance Armstrong et consorts comme représentants principaux. A moins qu’on ne le sache pas encore…