Officiellement éliminés dans la course au play-in, les Los Angeles Lakers connaîtront ainsi une deuxième saison sans playoffs depuis l’arrivée de LeBron James en 2018, alors même que l’effectif se voulait taillé pour le titre. Mauvais choix, blessures et problèmes de coaching, tentative d’explications du fiasco californien.

Ils étaient nombreux à croire en la réussite des Lakers cette année. Après une saison 2020/2021 morose avec une élimination lors du premier tour des playoffs contre les Suns, Los Angeles s’était donné les moyens de retrouver les sommets lors de cet exercice, avec un objectif bien défini : un nouveau titre de champion. Quelques mois plus tard, le bilan est encore pire que l’an dernier, et peut s’expliquer par plusieurs décisions qui n’ont pas porté leur fruit ainsi qu’un concours de circonstances défavorable.

Des stars pas au niveau

Le starpower de l’effectif, voilà ce sur quoi avaient principalement misé les Lakers en 2021/2022. Trop seul l’an dernier avec les blessures à répétition d’Anthony Davis (seulement 36 matchs joués sur 72), LeBron James avait réclamé du renfort, et il a été servi, notamment avec l’arrivée d’un homme : Russell Westbrook. Avec lui, les Lakers devaient constituer un Big Three dévastateur, offrant enfin un meneur d’envergure au duo James/Davis.

Westbrook, la fausse bonne idée

« J’arrive dans une équipe qui joue le titre et mon but est de faire en sorte de de pouvoir rendre le jeu plus facile pour lui » confiait Russell Westbrook lors de sa première conférence de presse avec les Los Angeles Lakers, en parlant de LeBron James. Et c’était bien l’objectif annoncé des Lakers en faisant venir l’ancien MVP, arrivé en provenance de Washington contre quelques role players (Kuzma, Harrell, …) : rendre la vie plus facile à ses coéquipiers. Sans véritable meneur, outre LeBron James qui dirigeait habituellement l’attaque, Los Angeles s’offrait ainsi les services d’un vrai playmaker, meilleur passeur de la ligue (11,7 assists/match) l’année précédente, capable de soulager James à la création lorsqu’il est sur le terrain et de le suppléer lorsqu’il est sur le banc. Un pari risqué, et qui n’a, finalement, pas du tout fonctionné.

À quelques matchs de la fin de la saison régulière, le constat ne peut presque qu’être négatif concernant l’arrivée de Westbrook en Californie. Le joueur devait s’adapter à un nouvel environnement et à un nouveau rôle, celui de troisième option derrière LeBron James et Anthony Davis, et force est de constater que le fit n’a jamais marché. Statistiquement, rien de ridicule : 18,5 points, 7,1 assists et 7,4 rebonds par match à 44 % au tir, des moyennes plus ou moins dans ses standards. Dans le jeu – comme dans les statistiques avancées, en revanche, le constat est plus cinglant. Sur le terrain, Russell Westbrook a bénéficié de beaucoup de minutes et a souvent eu le ballon en main, sans pour autant réussir à peser sur les matchs, trop peu impactant au tir et pas assez précautionneux avec le ballon.

La conclusion est assez simple à tirer : Russell Westbrook n’a pas réussi à s’adapter, peut-être parce qu’il n’a jamais vraiment essayé de s’adapter. Habitué à phagocyter le ballon, son adaptation n’a jamais fonctionné, même lorsque James et Davis était absent et qu’il avait tout le loisir d’être l’option n°1. Au final, la venue de Russell Westbrook a tout de l’erreur de casting : le joueur devait s’adapter pour que son équipe devienne meilleur, et cette adaptation n’a jamais eu lieu. Si cela n’explique pas tous les maux des Lakers, cela en explicite une bonne partie sur la qualité de jeu exposée sur le terrain par les purple & gold. LeBron James militait pour sa venue, Rob Pelinka l’a fait, mais rien n’a fonctionné comme prévu.

LeBron/Davis, trop peu souvent ensemble

Outre l’échec Russell Westbrook, le facteur blessure est non-négligeable dans le bilan de la saison des Lakers. Déjà gêné par quelques pépins physiques l’an dernier, Anthony Davis n’a disputé que quarante rencontres cette saison, soit moins d’une rencontre sur deux et son plus petit total en carrière*. Côté LeBron James, le constat est assez similaire avec seulement cinquante-six rencontres jouées, soit une de plus qu’en 2018-2019 – dernière année sans playoffs pour les Lakers – et le deuxième plus faible total de sa carrière*.

Souvent absent des parquets donc, les deux – trois avec Westbrook – stars de Los Angeles n’ont, au final, joué que vingt-et-une rencontres ensemble, pour un bilan très moyen de (11-10). Un peu à l’image des Nets avant le départ de James Harden, le Big Three n’a que très peu eu l’occasion d’évoluer ensemble, sauf qu’ici ces occasions n’ont pas eu le résultat escompté. Sûrement en manque d’automatismes lorsqu’ils étaient ensemble, les stars des Lakers n’ont, finalement, jamais pu trouver la recette, la faute à des blessures trop récurrentes et à des organismes pas assez remis. « Je sens que c’est ce qui a fait la différence » déclarait Anthony Davis après la défaite contre les Suns qui les a officiellement éliminés de la course au play-in. Los Angeles n’a jamais réussi à trouver de la stabilité, en atteste les 39 starting lineups différents utilisés par Frank Vogel qui a dû jongler entre les différentes absences. « Cette année, on a eu plus de starting lineups différents que de victoires » ironisait même Davis lors de la même conférence de presse d’après-match. Avec un effectif jamais au complet et des stars qui n’ont jamais réussi à jouer ensemble, difficile en effet d’obtenir des résultats.

* N’est pas prise en compte la saison 2020-2021, car réduite à 72 matchs et posant donc un pourcentage différent des autres saisons.

D’autres facteurs en cause ?

Si la non-adaptation de Russell Westbrook et les blessures à répétition qui ont miné l’effectif sont, sûrement, les deux principales raisons de la saison ratée des Los Angeles Lakers, deux autres facteurs, peut-être moins incidents, peuvent également être mis en cause.

Un supporting cast trop faible ?

Outre l’arrivée de Russell Westbrook au cours de l’intersaison, les Los Angeles Lakers ont tenté de bâtir un effectif taillé pour le titre en allant chercher plusieurs joueurs pour renforcer leur banc. Au menu, deux profils : des vétérans et des shooteurs. C’est ainsi que Rajon Rondo, Trevor Ariza, Carmelo Anthony, Deandre Jordan, Dwight Howard mais aussi Malik Monk, Avery Bradley et Wayne Ellington ont signé au minimum vétéran pour apporter leurs qualités autour du Big Three. L.A. a aussi offert un contrat de deux ans à Kendrick Nunn, tout en prolongeant pour trois saisons Talen Horton-Tucker. Et là aussi, les résultats furent loin de ce qui était attendu.

Formant un effectif vieillissant, le supporting cast ne s’est jamais montré au niveau pour aider le Big Three lorsqu’il était sur le terrain. Quatrième équipe donnant le plus de temps de jeu à son banc, les Lakers ne se retrouvent qu’avec la onzième attaque dans ce domaine. Aussi critique pouvons-nous être sur les choix de recrutement des Lakers, l’effectif avait les armes pour aller loin, comme l’a souligné Carmelo Anthony : « Nous avions les outils, […] On a juste pas réussi à faire ce que nous avions à faire ». Aveu d’échec de cette incapacité à aider ses stars, les Lakers furent dans de nombreuses rumeurs lors de la trade deadline, notamment pour trouver une contrepartie pour un package comprenant Kendrick Nunn et Talen Horton-Tucker, ses deux joueurs avec le plus de valeur derrière son Big Three. Un désaveu total pour son recrutement, qui donne la mesure de l’échec de construction d’un effectif pour jouer le titre.

Quid de Frank Vogel ?

« Je suis très déçu. Très déçu pour nos fans, très déçu pour la famille Buss » déclarait Frank Vogel après la défaite de son équipe contre les Suns. Dans ce marasme où les blessures et les – finalement – mauvaises décisions ont coûté cher, que penser du rôle de Vogel dans cet échec ? Si le coach et son staff ne sont sûrement pas la cause principale de cet échec, ils ne sont pas non plus exempt de tout reproche. Réputé pour préférer les joueurs solides en défense, Vogel n’avait pas un effectif taillé pour ses systèmes, et n’a pas réussi à s’adapter au matériel dont il disposait. Sa responsabilité peut également être remise en cause dans son incapacité à motiver ses hommes, le manque d’effort fourni par son équipe étant assez criant sur le parquet.

À l’heure de faire le bilan, on peut dire que Frank Vogel n’a pas été aidé par de nombreux facteurs, mais n’a jamais réussi à inverser la tendance. Si ses joueurs gardent une grande part de responsabilité, il est aussi responsable de la fin de saison catastrophique des siens, deuxième pire bilan de la ligue après le All-Star Break et qui ont vu leurs espoirs de play-in douchés par une série finale de sept défaites. Son avenir à Los Angeles s’inscrit en pointillé, comme celui de nombreux joueurs de l’effectif.

Quel avenir pour la franchise ?

Leur saison 2021/2022 officieusement terminée, étant donné qu’ils n’ont plus rien à jouer, il va falloir se tourner vers le futur pour les Los Angeles Lakers afin de repartir de l’avant dès l’année prochaine. Ce qui semble sûr, c’est que le duo LeBron James/Anthony Davis devrait encore être de la partie. Le premier a encore une année de contrat, tandis que le second est encore potentiellement lié à la franchise jusqu’en 2025. Pour le reste, il n’y a absolument aucune certitude.

Parti pour exercer sa player option à 47 millions de dollars, Russell Westbrook sera ainsi encore sous contrat pour une saison, mais la franchise pourrait être tentée de l’échanger pour clore ce chapitre manqué de son histoire. Néanmoins, il sera difficile pour les Lakers de trouver un partenaire d’échange qui accepterait de récupérer un aussi gros contrat – certes expirant. Cette décision conditionnera beaucoup de choses dans l’intersaison des Californiens, car toute leur potentielle marge de manœuvre repose dans ce deal.

Outre ce trio, presque tous les autres joueurs de l’effectif seront en fin de contrat. En effet, ils ne seront sûrement que cinq à être toujours contractuellement liés à la franchise (le Big Three, Talen Horton-Tucker et Kendrick Nunn), et le duo Horton-Tucker/Nunn pourrait encore se retrouver dans les rumeurs d’échange. Los Angeles devra ainsi reconstruire toute son équipe autour de ses stars, exactement comme l’an dernier. Le chantier pourrait être encore plus colossal si les Lakers se séparent de Frank Vogel, une éventualité qui pourrait bien devenir réalité. La franchise ressemble plus que jamais à un champ de ruine, et il faudra faire les bons choix pour s’offrir un last shot pour ce qui sera probablement la dernière saison de LeBron James chez les purple & gold.

Mauvais choix, blessures, mauvaise adaptation et problème de coaching, les Los Angeles Lakers ont vécu un calvaire cette saison et manqueront donc les playoffs pour la septième fois en neuf ans, eux qui n’en avait été absent qu’à cinq reprises entre 1947 et 2013. De prétendants à lottery pick, la franchise a connu une saison cauchemar, et il faudra espérer un rebond dès l’an prochain, dernière année de contrat de son franchise player.

Crédit image en une : Kevork Djansezian/Getty Images