Rafael Nadal est immortel. Vainqueur de Matteo Berrettini en quatre manches cette nuit, le Majorquin s’est qualifié pour sa 29ème finale en Grand Chelem, à Melbourne. Dimanche, il aura l’occasion de devenir le seul recordman du nombre de titres dans cette catégorie.
Qui l’eût cru ? Après six mois d’absence, une opération du pied et une contamination à la COVID fin décembre, Rafael Nadal est en finale de l’Open d’Australie 2022. Alors que son état physique était en droit d’interroger avant sa demi-finale contre Matteo Berrettini, l’Espagnol a une nouvelle fois prouvé qu’il fallait (toujours) compter sur lui. “Honnêtement, je voyais une victoire de Rafael Nadal, en raison des armes dont il disposait pour gêner l’Italien. Il était évident qu’il allait le pilonner sur son revers. Avec 48 heures de récupération, je n’étais pas vraiment inquiet concernant sa forme physique”, témoigne Constantin, chroniqueur pour la chaîne Youtube Game set and Talk.
📸 Rafael Nadal | W. West – AFP
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Une demie tactiquement maîtrisée
Performant au service et refusant de décoller de sa ligne de fond de court, le Majorquin a idéalement débuté sa demi-finale en menant deux sets à zéro, après 1h30 de jeu (6/3 6/2). Plus fort dans l’échange, pilonnant souvent le revers de son adversaire pour récolter de nombreux points, Nadal s’est mis en position idoine pour rallier la finale. Il a cependant connu un léger coup de moins bien entre le début du troisième set et le milieu du quatrième. En confiance après avoir réussi quelques coups d’exception, Matteo Berrettini s’est logiquement emparé de la troisième manche (6/3), avant de se retrouver à 15-30 sur le service adverse, à 3-3 dans le quatrième set.
Mais au moment où la rencontre aurait pu basculer, l’Espagnol s’en est sorti, à l’expérience. En augmentant son pourcentage de premières balles, notamment. De nouveau mis sous pression par les coups de boutoir adverses, l’Italien s’est remis à commettre un nombre de fautes directes trop important (39 au total), pour espérer tenir la dragée haute à l’ex numéro un mondial. Trois grossières fautes de coup droit l’ont condamné à lâcher sa mise en jeu au pire des moments, à 3-4, offrant l’opportunité à « Rafa » de servir pour le match.
Une occasion que n’a pas manqué le Majorquin, qui a pu exulter après près de trois heures d’effort et une dernière faute en revers de son adversaire. Plus d’un an et demi après son 13e titre à Roland-Garros, le voici de retour en finale d’un tournoi du Grand Chelem.
Pour l’histoire
Dimanche, Rafael Nadal va donc disputer sa sixième finale à l’Open d’Australie, faisant du Majeur australien le deuxième Grand Chelem où il a le plus atteint ce stade de la compétition. Contre Daniil Medvedev, il tentera de glaner un 21ème titre dans la catégorie reine du tennis, ce qui ferait de lui le seul recordman du nombre de titres majeurs.
Observateur attentif des rencontres de l’Ibérique, Constantin rappelle que cet affrontement est loin d’être joué d’avance : “C’est toujours une partie d’échecs entre ces deux joueurs. Nadal a les armes pour dérégler le Russe, que cela soit grâce à ses balles coupées côté revers ou à ses variations. Il devra également être très performant au service, car il a en face de lui l'un des meilleurs relanceurs de la planète.” Une autre des clés résidera en la capacité du Majorquin à tenir l'intensité qui lui est propre dans l'échange, sur la format d'un cinq sets.
La différence avec ses précédentes rencontres étant que ses potentiels trous d'air seront certainement plus sévèrement sanctionnés, contre un adversaire qui n'est jamais meilleur que lorsqu'il respire l'odeur du sang. S’il devra faire face à l’équation aux multiples inconnues que représente le Russe, “Rafa” peut trouver plusieurs motifs d’espoir.
D’abord, parce qu’il mène 3-1 dans leurs face à face, et qu’il a remporté leur seul affrontement en finale de Grand Chelem (à l’US Open en 2019). Mais aussi parce qu’une statistique montre que l’Espagnol sait faire valoir son statut dans ce genre de contexte. Lors de cet Open d’Australie, Nadal est l’unique membre du Big 3 présent en demi-finale d’un Grand Chelem pour la sixième fois de sa carrière. Les cinq situations précédentes, à Roland-Garros en 2010, 2017 et 2018, et à l’US Open en 2017 et 2019, se sont toutes soldées par une victoire finale du Majorquin.
Medvedev sur le trône ?
La tâche n’en restera pas moins complexe, puisque cette finale revêtira également de plusieurs enjeux pour Daniil Medvedev. Déjà vainqueur de l’US Open en septembre dernier, le Russe pourrait devenir le premier joueur de l’ère Open à remporter son deuxième titre majeur immédiatement après le premier. Mieux, il deviendrait alors numéro un mondial, au nez et à la barbe de Novak Djokovic. Une première pour un joueur hors Big 4 depuis presque vingt ans (2004).
Quoi qu’il en soit, au vu des trois derniers affrontements entre les deux hommes, qui se sont (presque) tous réglés au bout de la manche décisive, leur duel de dimanche devrait valoir le détour. Il sera en tout cas l’occasion pour Rafael Nadal d’inscrire encore un peu plus son nom dans la légende de ce sport qu’il aime tant.