Qui dit décembre dit mois de disette dans le monde du tennis de haut niveau. Toutefois, il faut se rendre en terre Normande pour trouver un peu de réconfort à l'approche de la nouvelle saison. Depuis désormais treize ans, l'Open de Caen parvient à proposer un plateau de qualité avec la venue de joueurs français comme étrangers. Se définissant comme le plus grand tournoi amateur de France, cette exhibition atypique qui se déroule sur quatre jours a encore une fois tenu toutes ses promesses cette année.
Jour 1 : Caroline Garcia se fait peur pour ses débuts au Zénith
Première chose peu commune dans cet Open qui est son jour de commencement : le dimanche. Là où le jour dominical est synonyme de finale dans le monde du tennis, il permet à l'organisation de débuter avec un large panel de matchs et ce, devant un maximum de public. On passera brièvement sur le match d'entame entre Mathias Bourgue et Tristan Lamasine. Programmé à 13h, ce duel entre tops 200 remporté en trois sets par Bourgue avait peu de chances de faire vibrer le public d'entrée de jeu.
C'est ensuite à l'entame du tournoi féminin que le public caennais se réveille. Depuis 2017, les femmes ont leur mot à dire au Zénith. Malgré un tournoi féminin plus restreint (4 joueuses contre 8 joueurs), l'organisation a su frapper fort en invitant Elina Svitolina lors des deux premières éditions. Un pari gagnant puisque l'Ukrainienne s'est imposée à chaque fois, notamment après une finale de haut niveau l'an passé face à Aliaksandra Sasnovich. La Biélorusse a justement choisi de faire son retour en Normandie et ouvre les hostilités face à la jeune Salma Djoubri en ce dimanche. Âgée de 16 ans, la jeune Normande est inconnue du grand public mais peut compter sur l'appui de ce dernier.
C'est là la particularité de l'Open : un joueur local ou évoluant en junior peut se retrouver face aux tout meilleurs et se révéler aux yeux des connaisseurs. On citera Clara Burel, Corentin Moutet ou encore Elliot Benchetrit qui sont passés par cette case “découverte” sur le court du Zénith avant d'exploser par la suite.
Alors bien sûr on pardonnera Salma Djoubri aujourd'hui sur sa défaite en deux sets (6-2/6-4). Face à une habituée de la WTA, la tension était palpable du côté de la Sainte-Aubinoise dans les points importants. Qu'importe, l'essentiel est qu'elle a su saisir la chance de jouer devant autant de monde et qu'on saura se souvenir d'elle lorsqu'elle parviendra à éclore sur le circuit.
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Le match suivant tient de point d'orgue à cette première journée avec l'entrée en lice de Caroline Garcia. Auréolée d'un titre en Fed Cup, la numéro deux tricolore est affichée comme la grande attraction de ce début de tournoi. Et son arrivée sous les acclamations confirme la bonne décision de la Lyonnaise de venir du côté de Caen. Face à elle, une jeune espoir de 18 ans en la personne de Loudmila Bencheikh. Le même profil de match que le précédent semble se dessiner. Et pourtant la magie de l'Open va opérer : portée par l'évènement, la jeune Bencheikh fait plus que de la résistance. Elle s'adjuge le tie-break du premier set en étant impériale sur ses jeux de service et va même jusqu'à mener 5-2 dans la troisième manche. Devant une foule conquise, elle finit par être rattrapée par l'enjeu et Garcia empoche 5 jeux d'affilée pour s'offrir une place en finale (6-7/6-2/7-5).

Crédit : Gérard Piwtorak.
Par manque de temps, on loupera la jolie perf' de Jules Marie face à Grégoire Barrere en dernière rotation. Victorieux en deux manches, le local de l'étape nous donne rendez-vous dès le lendemain après-midi.
Jour 2 : De surprises en surprises
La deuxième journée démarre avec l'entrée en lice de Pablo Andujar. Seul joueur étranger du tableau masculin, l'Espagnol n'était plus revenu à Caen depuis 2014. Remplaçant au pied levé Richard Gasquet pour blessure, celui qui revient de loin (trois opérations au coude droit) passe cependant à côté de la partie. Battu 6-2/6-4 par un Jules Marie à nouveau très inspiré, le Valencien relativisait cependant après son match; confiant hors micro qu'il n'avait ressenti aucune gêne physique et qu'il se préparait sereinement en vue de débuter la saison 2020 à Doha.
Place ensuite à la finale femmes opposant Caroline Garcia à Aliaksandra Sasnovich. Si ce match se déroule dans le cadre d'une exhibition, on assiste (comme l'an passé) à une finale servant de répétition à l'approche de la saison. Cela donne un niveau de jeu nettement supérieur à celui d'hier et le public ne s'y trompe pas. Il se régale de voir Caroline Garcia bien mieux dans son tennis et dominant les débats durant quasiment deux sets.
Puis c'est la panne … D'abord du côté des éclairages : on passe en mode tamisé le temps de quelques minutes avant de résoudre le problème et de reprendre (il y a alors 6-3/5-3 Garcia). Puis le courant est ensuite interrompu dans le jeu de la Lyonnaise (la Fédération Française de la Lose s'en est d'ailleurs amusée). Ratant 6 balles de matchs, la championne du monde perd le deuxième set au jeu décisif (10 points à 8). Sasnovich jette par la suite un froid sur le court et dans les gradins du Zénith en infligeant un 6-0 dans l'ultime manche. Malgré la défaite, Caroline Garcia reste souriante et disponible en acceptant de taper quelques balles par la suite avec les championnes de France U10.

La deuxième journée se conclue par un duel de serveurs entre Pierre-Hugues Herbert et Mathias Bourgue. Pour sa première à Caen, “P2H” se montre trop tendre et s'incline 7-5/7-5 au bout de la nuit. Petite pensée au passage pour la juge de ligne qui a dû quelque peu souffert après avoir reçu une première balle de service d'Herbert sur le front. Ce dernier a tenté de la consoler comme il a pu.
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Jour 3 : Jules Marie s'offre Benoît Paire
Les demi-finales débutent avec l'entrée en lice de Benoît Paire. C'est bien simple : l'Aveyronnais et 24e mondial est un des chouchous du public et habitué de l'Open. Sa présence ce jour ainsi que celle de Tsonga est donc un gage de sûreté pour l'organisation du tournoi en ce troisième jour. Toujours partant pour jouer sur le court du Zénith, Paire l'est un peu moins pour pratiquer un tennis constant ce soir. En face, Jules Marie continue de jouer son statut d'outsider à la perfection et en profite pour aller chercher une troisième victoire en deux manches contre un top 100. Un enchaînement qui a surpris tout le monde, à commencer par l'ancien pensionnaire du TC Caen. Ce dernier confiant qu'il revenait d'un weekend en simple et double à Saint-Malo avant de poser ses raquettes ici.
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Quant à Benoit Paire, malgré la défaite il aura su régaler la foule de ses points fantasques et de ses vociférations.
La seconde demi-finale a laissé place à une démonstration de Jo-Wilfried Tsonga. Opposé à Mathias Bourgue, le Manceau a rapidement trouvé ses marques au service et en coup droit. Il s'impose aisément 6-3/6-2 et renvoie son adversaire aux limites de son tennis.
Jour 4 : la logique finalement respectée
Le joueur le plus populaire face au joueur local. Il n'en fallait pas plus pour qu'une telle affiche de finale remplisse le Zénith de Caen. Fort de ses derniers matchs, Jules Marie débarque sur le court ce soir en n'ayant absolument rien à perdre. Et dès le départ, il parvient à déstabiliser Jo-Wilfried Tsonga. En perdant le premier set 6-4, on sent même l'ancien top 5 désabusé. Mais ce dernier fait alors parler son rang. En face, Marie perd pied petit à petit. La locomotive sarthoise est bien trop rapide pour lui et il ne parvient qu'à sauver un petit jeu en l'espace des deuxième et troisième manches.

(crédit photo : Côté Caen)
Tsonga s'impose pour la troisième fois ici à Caen après 2015 et 2016. 2, il démontre ainsi que ses sensations sur les courts indoor tricolores sont présentes.Et malgré un parcours relativement à sa portée, le 29e mondial garde les pieds sur terre et se fixe un objectif concret à l'approche de la saison : battre un top 15.
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Malgré quelques résultats qui ont vu certains favoris être dans l'incapacité de tenir leur rang, l'Open de Caen finit sur une note positive. Et au-delà du résultat, cette 13e édition confirme la place centrale que possède désormais cette exhibition dans la période hors-saison.
(crédit photo Une : Tendance Ouest)