Après une année 2021 riche en sensations, le monde du tennis est désormais tourné vers la saison 2022. Voici cinq de nos attentes pour cette nouvelle année sur les circuits ATP et WTA.
Un titre du Grand Chelem pour Alexander Zverev
Comment ne pas commencer par évoquer l'homme qui a marqué la fin de la saison 2021 ? Vainqueur de six titres dont les Jeux olympiques et le Masters, Alexander Zverev n'a toujours pas gagné le moindre titre du Grand Chelem. Un fait qui pourrait être considéré comme une anomalie, tant l'Allemand a pris nouvelle dimension ces derniers mois.
Souvent critiqué pour son manque de constance dans les tournois majeurs, le n°3 mondial s'est rapproché du graal en atteignant la finale de l'US Open, en 2020. Défait par Dominic Thiem après avoir mené deux sets à rien, “Sascha” a touché son rêve du bout des doigts. Si cette défaite a probablement été la plus difficile à encaisser de sa carrière jusqu'ici, elle a eu le mérite de marquer un tournant dans son approche tennistique.
Gros travail au service, sur seconde notamment, volonté d'aller davantage chercher les points à la volée, gestion des changements de rythme : Zverev a appris à mieux cibler les éléments sur lesquels il devait travailler pour se rapprocher des meilleurs, tout au long de l'année. À l'instar de ce que peut produire un Daniil Medvedev, le géant allemand est devenu une équation à de multiples inconnues pour ses adversaires.
“Il a énormément amélioré sa volée. Il lit aussi beaucoup mieux le jeu, sait quand attaquer ou temporiser. Sascha est bien meilleur dans la sélection de ses frappes. Il bouge bien en ce moment, de façon intelligente. Contre Medvedev, il a trouvé un très bon équilibre. Il a parfaitement évalué les moments où il devait jouer vers l'avant et ceux où il fallait jouer plus calmement. Il a mis beaucoup de changements de rythme dans son jeu, mais tout ça était parfaitement contrôlé”, a expliqué son frère Mischa après sa finale gagnée au Masters.
Si on connaissait ses qualités habituelles que sont son service, sa lourdeur de frappe et son revers, l'Allemand a encore élargi sa palette en 2021. Une progression qui lui a permis d'enchaîner les succès contre les meilleurs, bien qu'il ait échoué de peu lors des derniers tours de Majeurs (contre Djokovic notamment). À tel point que ne pas le voir remporter un Grand Chelem en 2022 serait presque un échec.
Le retour des grands blessés
Nadal, Federer, Thiem, Wawrinka… Quatre noms qui déchaînent régulièrement les foules, et qu'on n'a plus eu la chance de voir évoluer sur un court depuis de (trop) nombreux mois.
Si les deux Suisses n'ont pas vraiment annoncé de date de retour, ils ont affirmé leur volonté de revenir sur le circuit pour une dernier tour de course. Dans une interview au quotidien suisse Le Matin, Roger Federer a indiqué qu'il ne “pourrai recommencer à courir tranquillement qu'en janvier et reprendre des séances sur le court avec des appuis complexes en mars ou avril. Aujourd'hui, il estime son retour à la compétition “à l'été 2022”, tout en concédant qu'il serait “extrêmement surpris de pouvoir jouer Wimbledon.”
Rafael Nadal et Dominic Thiem devraient quant à eux réapparaître officiellement lors de la tournée australienne, début janvier. Si l'état physique du Majorquin interroge, d’autant plus après son épopée à Abu Dhabi lors de laquelle il a contracté la COVID-19, l'état psychologique de l'Autrichien n'apporte guère plus de garanties. Pour rappel, le vainqueur de l'US Open 2020 avait fait part de sa lassitude mentale en cours de saison dernière. Si on l'a récemment vu frapper quelques revers, après une blessure au poignet qui l'a éloigné des terrains pendant plusieurs mois, sa date de retour à la compétition est toujours incertaine.
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Retrouvera-t-il les repères qui lui avaient permis de s'affirmer comme le “quatrième homme' du circuit derrière le Big 3 jusqu'à son titre new-yorkais ? Reverra-t-on Roger Federer et Rafael Nadal suffisamment compétitifs pour prétendre à un nouveau titre en Grand Chelem ? Autant d'interrogations qui seront particulièrement scrutées en 2022.
Un premier coup d'éclat au (très) haut niveau pour Alcaraz
Si les amateurs de tennis connaissaient déjà son nom, le grand public a découvert l'ovni Carlos Alcaraz en 2021. 141ème mondial en début de saison, le jeune espagnol a gagné plus de 100 places pour finir l'année à la 32ème place mondiale. Vainqueur de son premier titre ATP à Umag, du Masters NextGen et quart de finaliste à l'US Open, le protégé de Juan Carlos Ferrero s'est révélé cette année.
Doté d'une puissance de frappe redoutable, Stéfanos Tsitsipás et Matteo Berrettini peuvent en témoigner, il sera évidemment attendu dans les derniers tours de tournois en 2022. Si sa marge de progression est encore importante et qu'il ne s'agira que de sa deuxième saison au plus haut niveau, il ne serait pas délirant de le voir rallier une demi-finale de Grand Chelem, candidater pour des titres en Masters 1000 voire même intégrer le top 10.
Ne pas le voir atteindre (au moins) l'un de ces trois paliers la saison prochaine ne serait certes pas dramatique, mais sa polyvalence et sa capacité à se sublimer dans les grands rendez-vous incitent forcément à l’optimisme. Alors que certains osent (déjà) la comparaison avec Rafael Nadal, il faudra encore que Carlos Alcaraz progresse sur certains aspects de son jeu, comme le service et la maîtrise des changements de rythme, pour franchir un nouveau cap.
Un retour des Françaises à leur meilleur niveau
Voilà (bien) trop longtemps que le tennis français n'a plus connu de coup d'éclat chez ces dames. Sur le circuit WTA du moins. Si le titre en Fed Cup laissait penser que les Françaises pourraient surfer sur cette vague de confiance, il n'en a rien été. Numéro une française en cette fin de saison, Alizé Cornet ne pointe qu'au… 59ème rang mondial.
Un résultat qui serait satisfaisant pour bien des nations, mais qui demeure insuffisant lorsqu'on connaît le potentiel des Caroline Garcia ou Kristina Mladenovic. Ces dernières peinent toujours à retrouver le niveau moyen qui leur avait permis d'intégrer le top 10 il y a quelques années. Avec une seule victoire cumulée contre une des dix meilleures joueuses mondiales ces 24 derniers mois, les deux compères ne parviennent plus à faire preuve de constance. Pourtant, la nouvelle structure mise en place par “Caro” avec Gabriel Urpi laissait présager des jours meilleurs.
Incapacité à trouver un plan B, à mettre convenablement leurs schémas de jeu en place, défaillance mentale : les mêmes problèmes sont régulièrement pointés. Même décadence pour Fiona Ferro, auteure d'une superbe saison 2020 mais qui n'a pas confirmé en 2021. En grande difficulté depuis mars dernier, avec seulement sept victoires sur le circuit principal (hors qualifications), Ferro est sortie du top 100 et n'est plus que la sixième joueuse française au classement.
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Des motifs d'espoirs ?
Avec sept femmes entre la 74e et la 115e place mondiale, la France dispose néanmoins d'un vivier intéressant. En retrouvant un peu de confiance et en redéfinissant une structure de jeu plus solide autour de leur service et de leur coup droit notamment, il n'y a aucune raison de ne pas revoir des joueuses comme Caroline Garcia ou même Océane Dodin performer à plus haut niveau.
Il sera par ailleurs intéressant de suivre l'évolution de Diane Parry et Clara Burel en 2022, elles qui font partie des Françaises ayant le vent en poupe ces derniers mois. À 19 et 20 ans, elles incarnent l'avenir d'un tennis tricolore frustré par une génération 1993 qui ne donne plus le meilleur exemple. À tel point qu'on peut se demander si ce n'est pas les plus jeunes qui insuffleront une dynamique capable de relancer leurs aînées.
Que la WTA se trouve une rivalité durable
Qu'il semble loin, le temps où Martina Navratilova et Chris Evert se livraient des duels légendaires marquants l'histoire de leur sport. À l'instar d'une enquête que publiait récemment Tennis Magazine, la WTA est à un tournant de son histoire. D'abord parce que les contrats avec la Chine, une des principales sources de revenus de l'association, sont en péril depuis l’affaire Peng Shuai, mais aussi car le tennis féminin peinent actuellement à attirer le grand public.
Une des principales raisons à cela semble être l'absence d'une rivalité dont la récurrence et le charisme de ses protagonistes déchaîneraient les foules. Si Ashleigh Barty et Naomi Osaka semblaient tenir la corde pour prendre le leadership du circuit WTA, la première citée a peu joué depuis le début de la crise sanitaire, tandis que la deuxième a divisé l'opinion avec ses récentes prises de position à l'égard de sa santé mentale. Sur le court, les deux joueuses ne se sont affrontées qu'à quatre reprises, dont seulement une depuis qu'elles ont atteint les premières places. Difficile donc de considérer cela comme une rivalité digne d'un thriller.
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Un circuit en quête de leaders
À l'heure où les principales têtes d'affiches peinent à s'inscrire dans la continuité, le circuit féminin se cherchent toujours des arguments de vente tels que l'étaient les duels entre Steffi Graf et Monica Seles. Si les prétendantes ne manquent pas (Osaka, Sabalenka, Andreescu, Badosa, Swiatek…), il faudra désormais qu'elles parviennent à enchaîner les très bons résultats dans les plus grands tournois, et ce sur la durée.
Lorsque la pandémie laissera une opportunité aux joueurs et joueuses de se rendre sur certains événements sans contrainte, il sera intéressant d'observer si les meilleures parviendront à concilier régularité et stabilité mentale, le tout en évitant les blessures longue durée. Si la diversité du tennis féminin en ravie plus d'un, en comparaison d'un circuit masculin que beaucoup jugent aseptisé, force est de constater qu'elle est (aussi) l'une de ses grandes faiblesses dans sa quête de popularité.