Que sont devenus les champions d’Angleterre 2015/2016 de Leicester ?
Légendaire. Voilà un mot qui résume bien l’aventure de Leicester lors de cette mythique saison 2015/2016 qui a vu les Foxes remporter le premier titre de champion d’Angleterre de leur histoire. Une épopée qui aura contribué à poser les bases d’un club qui compte aujourd’hui en Angleterre, comme l’illustre ses deux titres remportés en 2021. Mais justement, que sont devenus ceux qui ont construit la réussite du club situé dans les Midlands de l’Est ?
Ils sont devenus des références à leur poste
Quatre noms viennent de suite en tête. Les plus grands artisans de ce miracle footballistique. Le premier a réussi à garder ses cages inviolées à 15 reprises, n’encaissant que 36 buts au cours des 38 rencontres auxquelles il a participé : Kasper Schmeichel. Le Danois a tout connu avec les Foxes. L’enfer du Championship, la demi-finale de play-off perdue contre Watford et Troy Deeney, la promotion en 2014, le maintien dantesque de 2015. Puis le titre. La consécration d’une carrière, la consécration d’un joueur plutôt, souvent considéré comme un simple « fils de ». Il faut dire que le sang qui coule dans ses veines a une origine qui n’est pas quelconque certes. Comme papa, Kasper a eu son épopée européenne avec le Danemark même s’il n’est pas allé au bout. Comme papa, il a eu son titre de champion d'Angleterre. Maintenant, il aura sans doute l’occasion de faire aussi bien que Peter en 2022 pour la Coupe du monde au Qatar : les quarts de finale, soit la meilleure performance de l’histoire de la nation danoise. Il faudrait un tremblement de terre pour que les hommes de Hjulmand ne soient pas au rendez-vous (6 victoires en autant de matchs, 22 buts marqués, 0 concédés et 7 points d’avance sur le deuxième, l’Israël).
Kasper Schmeichel: 𝐓𝐎𝐏 𝟓 𝐆𝐀𝐌𝐄𝐒 🌟
City's No.1 on his favourite games for the Foxes… pic.twitter.com/WBJsljifTU
— Leicester City (@LCFC) March 24, 2020
Il y en a un autre qui a tout connu avec Leicester. Et encore beaucoup d’autres choses dans sa vie. De l’usine de fabrication d’attelles au record de plus vieux joueur finissant meilleur buteur de Premier League en passant par le bracelet électronique et les bagarres dans les bars et casinos, il n’y aurait qu’un pas. C’est du moins ce que tente de nous faire croire Jamie Vardy si on regarde un peu par où est passé le gamin de Sheffield pour arriver là où il est actuellement. Ah, on oubliait aussi qu’il avait marqué au moins une fois lors des onze premiers matchs de championnat en 2015/2016 ce qui est un record. On oubliait aussi qu’il avait été élu meilleur joueur de Premier League par la FWA, l’association des journalistes sportifs anglais en 2016, mais également Premier League player of the season, un titre cette fois décerné par les sponsors, médias, supporters et instances du football anglais. Non, l’homme qui a dépassé les 120 buts en PL il y a quelques semaines n’est pas un joueur comme les autres, loin de là. En même temps, on ne finit pas 8e du classement au Ballon d’or pour rien. Une icône de la Premier League. Et peut-être même un peu plus que ça…
Un autre de ces Foxes est actuellement une icône du football africain depuis la victoire de l’Algérie à la CAN 2019, compétition bien sûr marquée par son coup franc décisif en demi-finale contre le Nigéria. Riyad Mahrez finira 7e au classement de la plus grande des distinctions individuelles, juste devant son fameux compère d’attaque. L’Algérien aussi a suivi une trajectoire spéciale. Né et formé à Sarcelles, ce sont ses performances avec Quimper en CFA, désormais dénommé la National 2, qui lui permettent de découvrir le football professionnel et la Ligue 2 avec Le Havre. Il est repéré par Leicester et s’y engage lors de la trêve hivernale de la saison 2013/2014. La suite de l’histoire est connue de tous. Depuis maintenant 4 ans, c’est avec Manchester City qu’il affole les défenses anglaises et européennes et empile les titres. Et si son rendement ne justifie pas toujours pleinement le prix de son transfert (67,5 millions d’euros), Riyad Mahrez reste bel et bien un joueur important des Skyblues malgré la forte concurrence. Évidemment, personne n’oubliera sa saison 2015/2016 et ses 17 buts accompagnés de 10 passes décisives, lui permettant d’être élu joueur de l’année de la PFA (on ne s’y retrouve plus au milieu de tous ces titres), grâce aux votes des membres du syndicats des joueurs (la PFA). Il est le premier africain a remporté ce titre. Mohamed Salah suivra 2 saisons plus tard. Mahrez est aussi à ce jour l’unique joueur de Leicester a avoir remporté cette distinction.
Congratulations @Mahrez22! 👏🇩🇿 pic.twitter.com/rlkxhGXHVH
— Leicester City (@LCFC) December 12, 2016
Du moins, l'Algérien est le seul joueur de l’effectif à l’avoir remporté avec le maillot de Foxes. N’Golo Kanté l’a aussi reçu, juste après Riyad Mahrez. Parce qu’un titre de champion d’Angleterre ne suffisait pas, le Français en remporte un second la saison suivante avec Chelsea. Il empochera par la suite respectivement une Coupe d’Angleterre, la Coupe du monde, une Ligue Europa, la Ligue des champions et la Supercoupe d’Europe. Rien que ça. Et comme ça ne suffisait pas, il s'est aussi classé 8e du Ballon d’or 2017, 11e en 2018, fait élire meilleure recrue de l’année en Angleterre lors des saisons 2015/2016 (avec Leicester), puis meilleur joueur du championnat selon la PFA en 2016/2017. Un parcours aussi exceptionnel puisque rien n’était gagné pour l’ancien joueur de l’US Boulogne, puis du SM Caen. En 2015, il avait l’occasion de signer à Lyon ou à Marseille. West Ham était aussi sur le coup. Seul Ranieri parviendra à le convaincre. La meilleure décision de sa vie sans doute.
Ils ont su surfer sur la vague du titre
Si tout le monde ne peut pas devenir une star du football mondial, certains peuvent se targuer d’avoir mené une carrière pour le moins très correcte. C’est le cas de Marc Albrighton, au club depuis maintenant 7 ans et premier buteur de l'histoire des Foxes en Ligue des champions. Sans sortir du lot, l'Anglais a pour lui cette capacité à ne pas rechigner pour faire les efforts. Albrighton reste néanmoins un joueur de complément pour une équipe visant au moins une qualification en Coupe d’Europe à la fin de la saison. Ce statut de joueur de complément peut aussi se rapporter à celui que tient aujourd’hui Daniel Amartey, arrivé lors de la trêve hivernale en provenance du FC Copenhague. Titularisé lors des premières journées de championnat, il a retrouvé le banc après le retour de blessure de Jannik Vestergaard.
Marc Albrighton scored #lcfc's first Champions League goal #OnThisDay in 2016 🙌 pic.twitter.com/exdfGIh6IK
— Leicester City (@LCFC) September 14, 2019
Il ne faut pas non plus oublier la présence de Jeffrey Schlupp. Alternant entre les postes de milieu latéral et défenseur gauche, l’international ghanéen a quitté Leicester seulement quelques mois après le titre. Direction Londres pour Crystal Palace (avec qui il a marqué ce week-end contre… Leicester) même si à l'heure actuelle, Patrick Vieira lui préfère d’autres options comme Wilfried Zaha et Jordan Ayew. Qu’est-ce qui justifiait ce départ ? La montée en puissance du jeune et fulgurant Demarai Gray, recruté à Birmingham en janvier 2016. Mais l’Anglais d’origine jamaïcaine n’a jamais su montrer sur la durée de quoi il était capable. Direction la Bundesliga début 2021 et le Bayer Leverkusen pour se relancer. Moins de 6 mois plus tard, le voilà de retour en PL à Everton où il réalise pour le moment un bon début de saison. Affaire à suivre.
La suite a été compliquée
Tout le monde n’a pas pu participer à la fête jusqu’au bout. Le polyvalent défenseur belge Ritchie De Laet avait été prêté pour la seconde partie de saison à Middlesbrough, alors en seconde division. La suite ? Un passage à Aston Villa totalement gâché par les blessures, un retour sous forme de prêt au Royal Antwerp puis une aventure de quelques mois à Melbourne en Australie. De retour en Angleterre, il s’engage finalement pour la 3e fois au club de son enfance : le Royal Antwerp. Cette saison 2015/2016 sera tout de même l’occasion pour lui de remporter son second titre de champion d’Angleterre après celui glané avec Manchester United en 2009 (79 minutes de jeu lors de l’ultime journée).
Un de ses concurrents avait lui aussi déjà remporté le Graal du football anglais : Danny Simpson avec… Manchester United en 2008 (128 minutes de jeu et une passe décisive en 3 apparitions). Latéral droit titulaire des Foxes, l’Anglais ne brille pas par ses prouesses offensives (0 but, 0 passe décisive). Peu importe, Leicester tient le coup défensivement. Mission réussie. Mais la saison suivant le titre met en lumière les limites de Simpson. Toujours titulaire, il se fait sanctionner à 12 reprises d’un carton jaune en 35 apparitions. Il perd définitivement sa place de titulaire lors de la saison 2018/2019 et signe à Huddersfield en Championship fin septembre 2019. Quelques mois de contrat, puis retour au chômage. Il s’entraîne avec la réserve des Foxes jusqu’à sa signature à Bristol, plus de 9 mois après son dernier entraînement avec un groupe professionnel.
Même s’il n’a pas disputé la moindre minute, il faut aussi évoquer l’emblématique Matty James. Absent entre le 9 mai 2015 et 14 août 2016 à cause d’une rupture des ligaments croisés, l’ancien joueur de Manchester United (décidément) n’effectuera pas une seule saison complète avant la saison 2020/2021 (38 matchs de Championship). Il faut dire que la rude concurrence n’a pas aidé, ni ses multiples soucis physiques. On retiendra par exemple ses deux ruptures du tendon d’Achille le 12 mars 2018 puis le 6 février 2019, moins d’un mois après son retour à la compétition. Une fragilité qui a menacé sa carrière avant qu’il ne retrouve du temps de jeu et de la continuité lors de ses prêts à Barnsley et Coventry la saison passée, à Bristol cette saison après sa signature en tant qu’agent libre. La fin d’une aventure de 9 ans dans les Midlands de l’Est.
Le départ n’a pas été facile non plus pour Andy King, post-formé au club après avoir grandi à l’académie de Chelsea. Avec ses 25 apparitions, essentiellement des entrées en fin de match, le Gallois a été un des rouages de la mécanique mise en place par Claudio Ranieri. Mais le niveau était trop élevé. Son temps de jeu s’est réduit, les prêts se sont multipliés : Swansea, Derby County, les Rangers, Huddersfield. Puis arrive la fin de son contrat en 2020, 13 ans après son arrivée. Aujourd’hui, après quelques mois passés en Belgique du côté de l’OH Louvain qui avaient mis fin à 6 mois de chômage, il a lui aussi rejoint Bristol, bien décidé à empiler les champions d’Angleterre.
Danny Drinkwater scores at Stamford Bridge #OnThisDay in 2016! ⚽️🗓 pic.twitter.com/Y2XIzkiuUq
— Leicester City (@LCFC) May 15, 2021
Vient enfin la plus grande déchéance, celle de l’une des pièces maîtresses de l’effectif champion d’Angleterre en 2016 : Danny Drinkwater. Formé à Manchester United (et champion en 2009), il avait rejoint Leicester en 2012 pour moins d’un million d’euros. 5 ans après, les Foxes en tirent plus de 37,90 millions. Une plus-value assez exceptionnelle qui permettra au club de se renforcer pour grandir par la suite. En revanche, c’est le début de la fin pour Danny. Il débarque à Chelsea pour rejoindre celui avec qui il avait régné sur l’Angleterre. Sauf que N’Golo Kanté est né pour évoluer au plus haut niveau sur la durée. Pas Danny Drinkwater. Le flop est monumental. 12 matchs de championnat lors de la première saison (43 minutes de jeu en moyenne), pas la moindre minute (il est souvent absent pour causes de blessure) pendant la seconde durant laquelle l’international anglais aux trois sélections est arrêté au volant en état d’ébriété. En 2019/2020, il ne parvient pas à retrouver la forme physique ni à Burnley, ni à Aston Villa où il se bat avec un coéquipier. Direction la Turquie et Istanbul pour un nouveau prêt au Kasımpaşa cette fois. 11 matchs sur 23 possibles. Cet été, c’est à Reading que le double champion d’Angleterre a posé ses valises. Un nouvel épisode qui appuie les propos de Danny : son aventure à Chelsea a été « un désastre ». Il sera en fin de contrat cet été.
Ils sont à la retraite ou ont quitté le football de haut niveau européen
Comment oublier la fameuse charnière centrale composée de Wes Morgan et Robert Huth ? L’international jamaïcain, capitaine indispensable des Foxes (il n’a manqué aucune minute de jeu lors de la saison 2015/2016) a pris sa retraite en fin de saison dernière après des derniers mois marqués par de multiples blessures. Son compère, l’international allemand aux 4 sélections, a quant à lui raccroché les crampons en 2018. Pour lui aussi, les derniers instants ont été compliqués. Le joueur formé à Chelsea a passé l’intégralité de sa dernière saison avec Leicester à l’infirmerie, fragilisé au pied et à la cheville.
Très peu sont les personnes qui peuvent se targuer d’avoir provoqué un tremblement de terre. Leonardo Ulloa fait partie de ces gens-là. D’un but dans les derniers instants d’un Leicester – Norwich décisif dans la course au titre, le Chilien délivre le King Power Stadium. Le résultat ? Une mini-secousse de 0,3 sur l’échelle de Richter. Rien que ça. Pas encore officiellement à la retraite, Ulloa est aujourd’hui sans club, depuis début juillet après la fin de son aventure du côté du Rayo Vallecano. Pour autant, un autre champion d’Angleterre 2015/2016 fait encore lever les foules en Espagne. C’est en Segunda, à Cartagena, que Shinji Okazaki profite des derniers plaisirs de sa carrière de footballer professionnel. À 35 ans, l’international japonais (119 sélections, 50 buts) vit l'une de ses dernières aventures, après Stuttgart, Huesca ou encore Mainz. Titulaire à côté de Jamie Vardy, Okazaki est un acteur marquant du sacre des Foxes, malgré des statistiques bruts assez maigres (5 buts, 2 passes décisives).
Enough to cause an earthquake 😨
Leo Ulloa. 2016. #LeiNor. pic.twitter.com/LyNHYdk7zS
— Leicester City (@LCFC) December 14, 2019
Christian Fuchs, titulaire sur le flanc gauche de la défense, joue toujours au football. Aux États-Unis mais pas en MLS, du moins pas encore. L’Autrichien évolue au Charlotte Independence, équipe d’USL Championship (2e niveau). Mais il est destiné à rejoindre en janvier 2022 le Charlotte FC, nouvelle franchise de Major League Soccer. Un dernier chapitre pour celui qui est arrivé libre en Angleterre en 2015. Une belle affaire comme on les aime. D’autres peuvent aussi se targuer d’avoir flairé la belle affaire en signant chez les Foxes cette fameuse saison. Nathan Dyer a rejoint Swansea en 2009. Il les a quittés en 2020 et a pris sa retraite officielle il y a quelques semaines. Entre temps ? 6 mois dans les Midlands de l’Est pour un but, et une couronne de champion d’Angleterre.
Bonus : on les oubliera (ou pas ?)
Eux aussi peuvent être plus ou moins considérés comme champions d’Angleterre. Certes, Matty James n’a pas disputé la moindre minute de championnat mais son histoire avec Leicester fait qu’il est impossible de ne pas le compter parmi les membres de l’épopée. En revanche, qui se souviendra du (très) rugueux Marcin Wasilewski (qui a d’ailleurs envisagé de se lancer dans la MMA en 2020), de l’ancien Stéphanois Yohan Benalouane, du Suisse Gökhan Inler, du prolifique Andrej Kramarić ou encore de la jeune pousse Ben Chilwell comme des champions d’Angleterre sous le maillot de Leicester ? Au total, ces cinq hommes n’auront participé qu’à 568 minutes de jeu sur le terrain, soit un peu plus de 6 matchs complets. L’histoire les retiendra-t-elle ?
Finalement, qui retiendra-t-on ? Simplement Riyad Mahrez, Jamie Vardy et N’Golo Kanté ? Aura-t-on des souvenirs de Shinji Okazaki, du joueur de football talentueux qu’était Danny Drinkwater ? Que retiendra-t-on ? Le but de Hazard contre Tottenham offrant le titre au Foxes, ou bien celui de Leonardo Ulloa, qui fera trembler la terre ? Le record de matchs consécutifs avec au moins un but de Vardy ou la solidité étonnante mais remarquable d’une défense aux profils assez unique ? Et vous, que retiendrez-vous ?
Crédit photo en une : Twitter @premierleague