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Roman Safiullin, le prochain ovni du circuit ATP ?

Amputée des présences d'Aslan Karatsev, Karen Khachanov et Andrey Rublev, la Russie ne faisait certainement plus partie des favoris au moment d'entamer l'ATP Cup. Alors que Daniil Medvedev pouvait redouter de se retrouver bien seul pour défendre les couleurs de son pays, il a pu compter sur un coéquipier modèle pour atteindre le dernier carré, en la personne de Roman Safiullin. Actuellement 167ème mondial, ce dernier sera une tête à suivre dans les semaines à venir.

 

Qui pouvait donner quelconque chance à la Russie d'atteindre les demi-finales de l'ATP Cup dimanche dernier ? À vrai dire, pas grand monde. Positionnés dans une poule très relevée en compagnie de l'Italie, de la France et de l'Australie, les Russes ne se présentaient qu'avec un joueur de renom en simple. Outre Daniil Medvedev, n°2 mondial et vainqueur du dernier US Open, Roman Safiullin avait la lourde tâche d'endosser la responsabilité de numéro deux de son équipe.

 

Des performances surprenantes

Loin de lui l'idée de ne compter que sur Medvedev et le double pour apporter des victoires à son pays, Safiullin a très largement rempli son contrat en simple. D'abord en venant à bout d'Arthur Rinderknech (n°58 mondial) en ouverture. Mené 2/6 4/4 15-40, le Russe a sauvé trois balles de break dans un moment clé, avant de s'emparer de la deuxième manche quelques minutes plus tard (7/5). Très performant au retour de service, Safiullin s'est ensuite contenté de tenir face à un adversaire qui s'est liquéfié en début de troisième set. “Le deuxième set était vraiment serré et j'ai essayé de frapper autant de balles que possible et de lui mettre la pression. Avant le match, Daniil m’a dit de jouer sans pression, et de juste faire de mon mieux, de me battre pour chaque point“, a déclaré ce dernier à l'issue de la rencontre. Victorieux 2/6 7/5 6/3, il a ainsi lancé les siens de la meilleure des manières et permis de compenser la seule défaite de Daniil Medvedev, contre Ugo Humbert.

Une deuxième perf' quelques heures plus tard en double contre les expérimentés Edouard Roger-Vasselin et Fabrice Martin ont offert une victoire précieuse à la Russie, qui s'est finalement qualifiée en remportant ses trois rencontres de poule. Car oui, après un succès face à l'Australie, lors duquel Safiullin a enchaîné contre Duckworth (n°49, 7/6 6/4), les protégés de Gilles Cervara ont réalisé l'exploit de battre l'Italie, au bout du double décisif (5/7 6/4 10/5). Opposés à Berrettini et Sinner, tous deux top 10 en simple, Medvedev et Safiullin ont fait preuve d'une complémentarité hors pair pour s'imposer et prendre rendez-vous avec le Canada, en demi-finale.

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Enfin une éclosion au plus haut niveau ?

Si la bonne ambiance qui règne au sein de son équipe et sa relation privilégiée avec Medvedev ne sont sans doute pas anodines à ses prestations, le potentiel de Safiullin est connu depuis déjà bien longtemps. Avant le début du tournoi, Daniil Medvedev a avoué avoir souvent craint son compatriote lorsqu'ils évoluaient sur le circuit junior : “Il était super difficile à battre. Je ne pense pas que nous ayons déjà joué l’un contre l’autre chez les professionnels, mais quand je savais que Roman était dans mon tirage au sort chez les juniors, je tremblais. Nous avons joué beaucoup de finales, de demi-finales, beaucoup de matchs. Certains étaient un peu des matchs de trois heures mais en trois sets“.

Adoubé par un néo vainqueur de Grand Chelem, Roman Safiullin ne s'est pour autant pas reposé sur ses lauriers et est passé tout proche d'un nouvel exploit contre Denis Shapovalov (n°14). Devant faire face à un adversaire très constant côté coup droit, le 167ème joueur à l'ATP s'est appuyé sur ce qu'il savait faire de mieux pour l'emmener dans une troisième manche de tous les dangers. Grâce notamment à des retours très profonds, mais aussi à une grande maîtrise de la géométrie du court, Safiullin s'est même procuré une balle de break dans le quatrième jeu du set décisif.

Malheureusement pour lui, les 46 coups gagnants de Shapovalov l'ont privé d'une victoire qui aurait changé le destin de cette demi-finale, même s'il a une nouvelle fois prouvé qu'il était capable de tenir la dragée haute aux meilleurs. Après plus de 2h40 d'effort, le Canadien a reconnu que son adversaire avait évolué au niveau d'un joueur oscillant entre la 10ème et la 20ème place mondiale ce samedi. Encore un signe que ses victoires convaincantes du début de semaine n'avaient rien d'un hasard.

  • Un modèle à suivre

Il faut croire que l'Australie réussit plutôt bien à Roman Safiullin, puisqu'il y avait remporté son seul titre du Grand Chelem chez les juniors, en 2015. Son début de saison 2022 a tendance à rappeler celui d'Aslan Karatsev en 2021, qui avait remporté l'ATP Cup avant d'atteindre les demi-finales de l'Open d'Australie. À l'issue d'une saison complètement folle, ce dernier avait remporté son premier titre ATP à Dubaï et terminé l'année à la 18ème place mondiale (+94).

Si leur style de jeu est radicalement différent, il sera intéressant de suivre l'évolution de Roman Safiullin ces prochaines semaines. Après un troisième tour atteint lors du dernier Roland-Garros, une victoire contre Andy Murray à Rennes il y a quatre mois et une ATP Cup de grande qualité, il est désormais temps pour lui de s'affirmer au plus haut niveau d'exigence du circuit professionnel. À condition que les blessures le laissent tranquille…

"La défaite n'est pas mon pire ennemi, c'est la peur de la défaite qui l'est." Rafael Nadal.

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