La saison de ski alpin débute, comme chaque année, par deux géants féminin et masculin disputés sur le glacier autrichien de Sölden. Avant les premières courses, les premières chutes, les premiers succès, WeSport dresse une liste de skieurs sur qui il faudra garder un œil cet hiver. Certains noms sont déjà connus des amateurs du cirque blanc et joueront des podiums durant les prochains mois, d'autres le sont moins et ont encore tout a prouvé. Aujourd'hui, les hommes et femmes qui vont vite, ceux et celles qui dévalent les pistes de Kitzbühel, Val Gardena ou Crans-Montana.

Matthieu Bailet (France)

Depuis ses débuts sur le circuit, Matthieu Bailet est considéré comme l’un des grands espoirs du ski français. Le Niçois a crevé l’écran dès son premier départ en Coupe du Monde, 22e de la descente de Lake Louise avec le dossard 56. C’était seulement quelques jours après le décès tragique de David Poisson. Épargné par les blessures depuis deux ans, le skieur de 25 ans est libéré. Il a multiplié les places d’honneurs avec des dossards impossibles avant de réaliser la performance majuscule qui lui manquait. 2e du Super-G de Saalbach en mars dernier, son premier podium en carrière, sur la dernière course de sa saison. Bailet a tout de même vécu une déconvenue début septembre. Une lourde chute à l’entraînement, fracture du bras droit et immobilisation pour un peu plus d’un mois. Pas de quoi entamer son moral et sa détermination à l’aube de cette campagne 2021/2022 et des Jeux de Pékin. 

Florian Schieder (Italie)

Si Matthieu Bailet a eu un énorme déclic à Saalbach, celui de Florian Schieder s’est réalisé à Kitzbühel, sur la Streif. Sans aucune référence en Coupe du Monde a posteriori, le skieur du Trentin a découpé la piste la plus célèbre de la planète pour prendre une inattendue 14e place. Les télés du monde entier avaient déjà rendu l’antenne quand le Carabinieri alluma du vert aux 4 premiers intermédiaires. Beat Feuz, vainqueur du jour, aura tremblé 1 minute 30. Schieder a ensuite subi un coup d’arrêt. Excellent lors des entraînements de la descente des Mondiaux à Cortina (5e et 7e), il a chuté et s’est rompu les ligaments du genou gauche durant la course. Deux opérations chirurgicales plus tard, l’homme de 25 ans est de retour sur les skis depuis la fin du mois d’août. Voyons s’il confirme tout ce qu’on a entrevu de beau la saison dernière.

Nils Allègre (France)

Nils Allègre a tout à fait sa place dans ce type d’article. Le descendeur de “Serre-Che’” s’est glissé allègrement parmi les meilleurs au monde la saison dernière avec plusieurs prestations intéressantes. 6e à Val Gardena, 7e à Cortina d’Ampezzo, 10e à Kitzbühel… Son plus beau fait d’arme est sa 4e place sur le Super-G de Garmisch avec en plus une belle faute sur un virage vers la droite. Comme l’a souvent souligné Gauthier de Tessières sur les antennes d’Eurosport, “il a des attitudes exceptionnelles”. Pas le plus à l’aise sur le plat, Nils Allègre est plus un tailleur de courbes qu’un glisseur. On a pu le voir faire jeu égal avec le gratin mondial sur les parties les plus techniques de certaines descentes la saison passée. L’axe de progression est sans doute ici mais son développement est constant, c’est chaque année un peu mieux. La prochaine marche à monter sera celle d’un podium en Coupe du Monde et pourquoi pas olympique.

Nils Allègre jeudi lors de l'entraînement de la descente à Kitzbühel (Agence ZOOM/Christophe PALLOT).
Nils Allègre, incontestablement l’un des Français à suivre cette saison. © Christophe Pallot

Keely Cashman (Etats-Unis)

Le niveau de la vitesse américaine n’est plus à démontrer et Keely Cashman est l’un des talents émergents de Team USA. Après avoir dominé la Nor-Am Cup, l’équivalent de la Coupe d’Europe outre-Atlantique, la skieuse de 22 ans a pris d’assaut la Coupe du Monde avec une certaine réussite. Lors des premières épreuves de vitesse de la saison, à Val d’Isère, la Californienne a vu triple. Des manches pleines d’engagement et de maîtrise avec deux Top 20 en descente et une 10e place sur le Super-G, malgré le manque de visibilité. Comme Florian Schieder, Cashman a vu sa saison prématurément s’arrêter. Juste après le jour de l’An, elle a violemment chuté lors d’un entraînement à Sankt Anton. Un choc à la tête lui a fait perdre connaissance quelques instants, ses hanches et ses jambes ont été durement touchées. L’une des 3 Américaines à courir dans toutes les disciplines devrait être au départ du géant de Sölden, samedi 23 octobre.

Career-First Top 10 for Cashman in Val d'Isere Super-G
Keely Cashman est attendue au niveau qu'elle avait avant sa blessure. © Michel Cottin

Noémie Kolly (Suisse)

Tout fan de ski sait que le vivier suisse est sans doute le plus extraordinaire au monde. Tous les ans, de nouvelles têtes arrivent sur le devant de la scène. Cette saison, WeSport met une pièce sur Noémie Kolly. A seulement 23 ans, la skieuse de La Berra a déjà vécu les montagnes russes durant sa jeune carrière. Gravement blessée au genou droit à l’été 2019, elle n’a pas pu skier pendant l’hiver 2020. Kolly s’est étonnée elle-même en janvier dernier à Crans-Montana. 12e avec le dossard 44 lors d’un Super-G chaotique où beaucoup de filles ont été piégées. Une prouesse lors de son 5e départ en Coupe du Monde, pour celle qui avait “juste envie de se faire plaisir” ce jour-là. Un coup d’éclat qui en appelle d’autres. La vice-championne du monde juniors de la descente en 2019 a également recueilli quelques points dans cette discipline.

Ester Ledecka (République Tchèque)

Nous sommes au début d’une saison olympique et comment ne pas évoquer le nom d’Ester Ledecka ? Médaille d’or surprise sur le Super-G à PyeongChang, la Tchèque a confirmé qu’elle était l’une des meilleures fonceuses du monde ces trois dernières années. A l’aube de cette nouvelle saison, elle est 5e à la WCSL dans sa discipline favorite et tentera évidemment de conserver son titre olympique, bien que la concurrence – Gut-Behrami, Suter, Goggia, Brignone… – soit toujours aussi féroce. Quand on lui demande de choisir entre le ski et le snowboard, elle répond qu’elle préférerait prendre sa retraite ! Pour 2021/2022, Ledecka jouera de nouveau sur les deux tableaux. La glisseuse de 26 ans est bien entourée et conseillée. Sa famille est toujours présente pour elle, notamment sa mère, ex patineuse, et son grand-père, champion du monde de hockey sur glace avec la Tchécoslovaquie. Le talent était là depuis le berceau.

Mais encore…

Deux jeunes femmes auraient dû apparaître plus longuement dans cet article. Laura Pirovano et Lisa Grill ne seront pas sur les skis cet hiver à cause de graves blessures. Pirovano, explosive italienne qui a atteint le très haut niveau la saison passée, s'est rompue les ligaments croisés du genou gauche le 15 octobre dernier à l'entraînement. Grill, multiple vainqueur sur le circuit secondaire, avait chuté dans l'aire d'arrivée d'une descente de Coupe d'Europe à Santa Caterina, se fracturant le tibia. Opérée une deuxième fois à la fin de l'été, elle se prépare déjà pour 2022/2023.

Chez les hommes, deux vikings supplémentaires seront à surveiller. Le Suédois Felix Monsen et le Norvégien Henrik Roea ont obtenu de bons résultats en fin de saison avec des dossards élevés. Ils pourraient faire leur place sur la Coupe du Monde dès cet hiver.