Qui est cette jeune tenniswoman de 20 ans qui touche du bout des doigts son entrée dans le top 20 du classement WTA et caresse l’envie de mettre au tapis les meilleures adversaires de sa discipline ? Zoom sur Daria Kasatkina, une jeune perle du tennis féminin qui ne cesse d’impressionner par son insouciance et sa puissance.
Les débuts de Kasatkina en ITF
Daria Kasatkina nait le 7 mai 1997 à Togliatti en Russie d’un père joueur de hockey et d’une mère pratiquant l’athlétisme. Son frère, quant à lui, que l’on aperçoit désormais à chacun de ses matchs dans la player’s box se charge de son entrainement physique durant la saison. L’histoire tennistique de Daria Kasatkina débute avec ses six victoires en tournois ITF (International Tennis Federation) et particulièrement en juin 2014 lorsqu’elle remporte le tournoi junior de Roland Garros en battant la Serbe Ivana Jorovic et pointe alors à la 370ème place du tennis mondiale féminin. A l’automne 2014, elle rejoint l’Empire Tennis Academy en Slovaquie et commence les entrainements à haut niveau.
2016 : l’année de l’éclosion
C’est en 2016 que la carrière tennistique de Daria Kasatkina prend un tournant décisif. En début d’année, elle passe deux tours à l’Open d’Australie avant de se heurter au roc Serena Williams. Quelques semaines plus tard, en confiance, elle se hisse jusqu’en demi-finale du tournoi de Saint-Pétersbourg, chez elle, en Russie, où elle échoue en demi-finale face à Belinda Bencic. En grand chelem, c’est plus compliqué pour la jeune Russe qui échoue au 3ème tour de Roland Garros et de Wimbledon avec cependant des matchs très disputés à son actif. Logiquement, pour sa première saison parmi les meilleures du monde, Kasatkina se heurte aux mois d’irrégularités auxquels sont souvent confrontés les jeunes joueurs. Côté classement, elle gagne plus de 300 places en une saison et cela la place dans les plus belles progressions du circuit cette année-là.
Crédit photo : Catalin Feraru – Pariuiri 1×2
2017 : dans la cour des grandes et premier titre en simple
La jeune droitière connait un début de saison tonitruant à Sydney où elle vient à bout de la numéro 1 mondiale, Angélique Kerber, dans un match rondement maitrisé par la Russe grâce à une pression imposée et un investissement total. Elle confirme sa performance quelques semaines plus tard à Doha en prenant une nouvelle fois le dessus sur l’Allemande. Cependant, même s’il est évident que son arrivée à ce niveau n’est pas anodine et que Kasatkina a l’énergie pour s’employer face à ses concurrentes, elle connait un parcours parsemé de défaites lors des premier mois. On découvre, sur le court, une jeune femme déterminée, avec un mental qui ne failli pas malgré son jeune âge et qui laisse paraître un mélange d’insouciance mais d’intelligence dans son jeu. Son jeu basé sur la puissance offensive et la grande variété de coups lui permet de prendre l’ascendant dans l’échange et d’asphyxier ses adversaires. A seulement 19 ans, mi-avril, elle remporte son premier titre sur le circuit WTA, lors de sa première finale à Charleston en Caroline du Sud, face à la Lettone Jelena Ostapenko, elle aussi âgée de 19 ans à ce moment-là. Même si la Lettone a du mal à accepter sa défaite en moins d’une heure, Kasatkina méritait cette victoire en démontrant une précision dans ses coups et une sérénité qui lui permettaient de l’emporter. Sa saison se poursuivra par de nombreuses défaites en huitièmes de finale (New Haven, US Open, Tokyo, Wuhan) face à des joueuses du top 20 face auxquelles elle n’a pas encore trouvé toutes les ressources pour assouvir sa domination. Enfin, la boucle sera bouclée à Moscou en octobre où elle se hissera jusqu’en finale face à l’Allemande Julia Goerges sans réussir à l’emporter.
Crédit photo : Sport 365 – victoire à Charleston
Le point de la saison à voir sur YouTube : son magnifique tweener (coup entre les jambes, difficile à exécuter) qu’elle réalise lors de son match face à Roberta Vinci pendant le tournoi de Toronto !
2018 : une saison qui s’annonce prometteuse
Cette passionnée du tennis masculin et particulièrement de Rafael Nadal n’a pas brillé lors des premiers tournois de la saison en janvier mais s’est démarquée par son parcours au tournoi de Saint-Pétersbourg en février. A l’aise lorsqu’elle joue à domicile, elle parvient à montrer toute l’étendue de sa palette de coups qu’elle réussit presque parfaitement (la perfection n’existe pas !) comme lors de son match face à la numéro 1 mondiale, Caroline Wozniacki qu’elle bat 7-6/6-3 avant de tomber en demi-finale face à la Française Kristina Mladenovic.
Crédit photo : apnews – St Pétersbourg
Son amour pour l’Espagne et Rafael Nadal se perpétue avec son attachement particulier pour le FC Barcelone et cette ville où elle s'est reposée lors de la trêve hivernale. Contrainte à l’abandon au tournoi de Qatar à cause d’une douleur à la nuque, on la retrouvera en pleine forme au tournoi de Dubaï mi-février où elle écarte consécutivement Agnieszka Radwanska puis la britannique Johanna Konta dans un match extrêmement serré. Au cours de ce match, menée 4-6/6-6, elle sauve deux balles de matchs lors du tie break avant de recoller au score et de gagner le deuxième set. Elle s’imposera ensuite au troisième set grâce à sa détermination et certainement à l’intervention positive et originale de son coach, Philippe Dehaes lors du deuxième set : “On n'est pas bien ici ? Le temps est magnifique, il y a plein de monde… Laisse-nous encore deux heures ici. Si tu crois en toi, tu sais que tu peux le faire. Vas-y championne!” Chose promise, chose due, Philippe !
Au tour suivant, elle rencontre sa compatriote qu’elle surnomme sa « tennis mama », Elena Vesnina. Malgré le fait qu’elles se côtoient depuis des années, les deux sportives ne laissent rien passer et se lancent à corps perdu dans un premier set accroché qui tournera en la faveur de Kasatkina qui ne fera finalement qu’une bouchée de son amie et s’imposera sur le score de 7-6(5)/6-1. En demi-finale, Daria Kasatkina vient à bout de la grande Espagnole, Garbiñe Muguruza après un combat de 2 heures et 33 minutes ! La tension évidente qui règne sur le court rend les deux joueuses moins performantes et complique la conclusion du match. C’est finalement, la jeune Russe de 20 ans qui réussira à mettre un terme à ce duel électrique et électrisant. Le lendemain, c’est une Kasatkina exténuée que l’on retrouve sur le court. Loin sont ses jeux de jambes rapides et encrés au sol, elle se déplace avec difficulté et commet des fautes qu’elle ne fait pas habituellement. Mais, je mets quiconque au défi d’être à 100% physiquement et mentalement dans un match après avoir passé plus de 12 heures sur le court en six jours ! Elle s’inclinera donc en deux sets 4-6/0-6 face à l’Ukrainienne Elina Svitolina.
Le point de la saison à voir sur YouTube : un superbe lob extrêmement difficile à exécuter après le marathon que lui a fait subir son adversaire Kuzmova à Saint-Pétersbourg !
En Russe pour le top
Quatre ans après sa victoire à Roland Garros junior, la jeune joueuse qui fêtera ses 21 ans en mai souhaite se hisser dans le top 10 du classement WTA et gagner son premier Grand Chelem. Malgré son jeune âge, elle sait trouver les ressources nécessaires afin de retourner la situation en sa faveur lorsqu’elle est malmenée sur le court. Je souligne, un point primordial qui me fait apprécier une joueuse (et écrire un article à son sujet), en plus de son talent tennistique : son fair-play. Cet a-priori que l’on peut avoir concernant une jeune joueuse s’avère être faux chez Kasatkina qui, dans la victoire ou la défaite, salue toujours avec respect son adversaire. Pourvu que ça dure…
Consciente de ses points forts et ses points faibles, elle s’emploie ardûment depuis le mois d’octobre 2017 aux côtés de son coach Belge, Philippe Dehaes et de son équipe pour faire en sorte de devenir l’une des meilleures joueuses au monde et pour ma part : j’y crois !