La révolution annoncée par les McMahon le 17 décembre laisse entrevoir un drôle de changement du côté de la division féminine. Alors que Becky Lynch et Ronda Rousey élèvent de leurs côtés un genre trop souvent méprisé par la WWE, d’autres moments plus suggestifs sont récemment apparus à l’écran par l’intermédiaire d'Alexa Bliss et de Mandy Rose, de quoi laisser songeurs certains téléspectateurs.
Tout ne se passe pas comme prévu du côté de la WWE. Ces dernières semaines, voire mois, la fédération de Stamford se retrouve critiquée pour son contenu et les audiences s’en font ressentir. RAW, l’émission historique, enregistre des scores bas et a perdu environ 500 000 téléspectateurs depuis juillet dernier aux États-Unis (avec une moyenne de 2 400 000 aujourd’hui) tandis que Smackdown peine à réunir plus 2 300 000 fidèles (dans sa moyenne haute) chaque semaine. Des résultats bien éloignés de ceux d'antan où les 8 millions pouvaient être atteints.
Ainsi, pour relancer la machine, la WWE a décidé une fois n’est pas coutume de remettre en avant la famille McMahon et de simuler une mainmise du public sur le produit. Mais cela ne semble pas être le seul changement acté pour faire revenir le public. Lors du dernier RAW, Alexa Bliss a été impliquée dans un angle pour le moins surprenant où l’on a pu observer un technicien pénétrer dans sa loge alors que l’ancienne championne féminine changeait de tenue.
Un passage insignifiant qui a tout de même eu le mérite de devenir rapidement l’une des vidéos de la WWE les plus vues de ce début d’année 2019 avec plus de 6 200 000 de visionnages à ce jour, dépassant ainsi la victoire de Finn Balor lors du même RAW ou encore le face à face entre John Cena et Becky Lynch plus tôt dans le mois. Le lendemain à Smackdown, c’est sur un air de vulgaire soap opéra que s’est poursuit l’angle entre Mandy Rose jouant la bimbo blonde, Jey Uso et sa femme Naomi. Alors que cette première s’était déjà illustrée les semaines précédentes en jouant les tentatrices avec un ensemble de lingerie près du ring, c’est cette fois-ci dans une chambre d’hôtel que se sont retrouvés les protagonistes.
Une nouvelle fois, le succès est au rendez-vous puisque près de 3 400 000 curieux ont regardé la vidéo sur YouTube. Ce qui rappelle inévitablement une époque où tout était permis, même le pire : l’Attitude Era. Ce passage à l’hôtel est d’ailleurs un classique de la WWE, et rappelle notamment l’histoire de Lita, persécutée de longues semaines par Dean Malenko et secourue par Matt Hardy.
Un retour aux sources qui apparaît au moment même où la WWE peine à conserver un audimat correct, et où Vince McMahon a repris une place majeure dans le programme. Un simple hasard pour cette deuxième observation ? Très certainement puisque McMahon était déjà à la charge des shows avant de venir sauver ses émissions à la télévision, mais force est de constater que l’on a aperçu en l’espace d’une semaine ce que beaucoup détestaient durant l’âge d’or de la WWF.
Si certains segments des années 1990 avaient pour but d’humilier les catcheuses, ceux-là ont au moins le mérite de ne pas entacher (pour le moment) Alexa Bliss et Mandy Rose. De là à leur donner tout de même un intérêt, il y a de la marge. Mais voir ce genre d’intermèdes est tout sauf une surprise puisque le catch est un spectacle historiquement masculin, comme expliquait dans un précédent article consacré à la place des femmes à la WWE. Le sexe et l’érotisme restent des éléments puissants de la discipline, et Sharon Mazer, professeure à l’Université de Canterbury, affirmait notamment que la valeur d’une femme dans le catch était « toujours sexuelle », quel que soit son rôle formel. Cela se revérifie aujourd'hui. Sa fonction serait d’affirmer l’orthodoxie hétérosexuelle masculine, en dépeignant les femmes d’une manière qui renforce l’hégémonie masculine, comprenez la domination de l'homme.
Au final, la WWE a réussi son pari. Faire (à nouveau) parler d’elle, en bon ou en mauvais, et enregistrer une légère hausse dans ses audiences alors que tous les projecteurs étaient dernièrement tournés sur la NJPW et la AEW. Il ne serait d’ailleurs pas illogique de penser que McMahon reprend ici volontairement ses bonnes vieilles méthodes qui l’avaient aidé à venir à bout de la WCW durant les traditionnels Monday Night Wars. Le PG (correspondant aux réglementations du CSA en France) devrait toutefois rapidement limiter la WWE dans ses plans.
L’année 2019 pourrait bien être celle de tous les paradoxes, qui verrait alors le retour de l’érotisme potache dicté par Vince McMahon et de l’ascension ultime des femmes grâce à un possible main event à WrestleMania et au lancement des titres par équipe. Il ne manquerait plus qu’une pipebomb de Becky Lynch, la nouvelle star de la compagnie, pour dénoncer cette utilisation afin d'épicer tout cela.
A lire : Catch au féminin – De la régression à l’évolution : 1ère partie – 2ème partie – 3ème partie
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