La saison de biathlon 2022-2023 touchant à sa fin, l'heure est désormais au bilan pour l'équipe de France. Pendant quatre mois de compétition, les Bleus ont parcouru l'Europe à la conquête des montagnes. Ces batailles ont connu plus ou moins de succès. Entre les déconvenues chez les hommes, puis les excellentes performances chez les femmes, le groupe France a ainsi rendu une copie moyenne.
Aucun Français dans le top cinq au général. La stat parle d'elle-même. Les garçons n'ont pas vécu la même saison que l'an passé. Les souvenirs du Globe de cristal de Quentin Fillon Maillet, mais aussi de la pluie de médailles aux Jeux Olympiques de Pékin, semblent très loin aujourd'hui. Pourtant, à l'aube de l'ultime course de la saison, c'est bien le mot “décevant” qui est employé pour qualifier l'année des tricolores. Il faut tout de même reconnaître que Johannes Boe a rapidement tué le suspens en enchaînant les victoires. La France, privé d'un Simon Desthieux parti à la retraite, a traversé la Coupe du monde sur un rythme monotone. Hormis cette première place sur le relais aux championnats du monde, l'équipe s'est souvent retrouvée en difficulté face à l'armada norvégienne.
Un 20/20 pour Quentin Fillon-Maillet et une très belle médaille d’argent à la clé sur la poursuite d’Oslo 🥈 pic.twitter.com/KoeQPO2WSL
— Equipe France (@EquipeFRA) March 18, 2023
Passant de numéro un mondial, à simple biathlète du peloton, les Bleus ont perdu leur leader. Quentin Fillon Maillet a skié en dessous de son véritable niveau. Avec un 20/20, sa très belle deuxième place sur la poursuite d'Oslo est venue sauver un bilan comptable dont il n'avait plus l'habitude. Seulement deux podiums alors que tout lui a souri l'an passé. Par ailleurs, Émilien Jacquelin avait signé un début de saison prometteur avant de sombrer au fur et à mesure. Et puis pour ne pas arranger les choses, le dialogue a fini par se rompre entre le staff et les biathlètes.
Vincent Vittoz et Patrick Favre ne seront plus là pour la prochaine saison de biathlon
Les deux entraîneurs de l'équipe masculine ont dit stop. Malheureusement, ce n'est pas sur la meilleure note de leur passage que va s'achever leur histoire. Eux qui ont accompagné le clan bleu en 2022, ou encore Martin Fourcade avant sa retraite, ont décidé qu'Oslo serait leur dernière course. Dans un entretien avec le média Ski Chrono, les techniciens ont évoqué des problèmes de communication avec les athlètes :
“Pour Quentin Fillon Maillet, sur cette année post-olympique, je pense qu’il n’a jamais voulu entendre les messages d’avertissement en disant que ce ne sera pas une année comme les autres, pas avec la même gestion. Quentin a voulu montrer, je pense à tous ceux qui lui disaient que cela allait être difficile, que cela ne l’atteindrait pas. Finalement, il est tombé malade, plusieurs fois, il ne pensait pas que cela allait arriver dans sa carrière. Il s’est peut-être trompé de lecture, on a essayé de le mettre en garde“, a tenté d'expliquer Vincent Vittoz.
Il a également livré son analyse sur la mise en retrait d'Émilien Jacquelin : “Il y a eu cette spirale négative pour différentes raisons chez les leaders. Pour Emilien Jacquelin, un athlète dépressif depuis un an et demi que l’on a accompagné, guidé et fait tout ce qui était possible. On a tout donné, on a n’a pas de regrets. On a peut-être même trop donné d’énergie à certains moments et trop cherché à essayer de le ramener dans le droit chemin. Mais on parle de maladie, c’était une dépression et on n’avait peut-être pas les bonnes réponses non plus.” Le terme dépressif n'a pas plu au principal intéressé qui a réagi par une série de tweets. Visiblement, la communication n'est plus du tout au rendez-vous.
1/3 Affirmer que quelqu’un est dépressif ou malade, est du ressort d’un médecin. L’annoncer publiquement sans l’accord de la personne trahit le secret médical. La dépression est un sujet important, difficile, s’en servir pour expliquer un manque de performance est maladroit.
— Emilien Jacquelin (@EmilienJck) March 18, 2023
Une saison biathlon 2022-2023 prometteuse pour certains
Attention, tout n'est pas à jeter dans la saison de l'équipe de France masculine. La progression d'Éric Perrot en témoigne. Le Franco-Norvégien est monté en puissance au fil des semaines jusqu'à s'adjuger son premier podium individuel en carrière à Östersund (Suède). En effet, celui qui avait débarqué en Coupe du monde l'an passé a franchi un cap. Son total de points s'élève cette année à 189 points contre 43 douze mois plus tôt. La jeune pépite peut être fière. Une chose est sûre, sa réussite fait plaisir à son coéquipier Antonin Guigonnat. Grâce à son expérience au haut niveau, ce dernier a tout de suite pris E.Perrot sous son aile lorsqu'il est arrivé dans l'équipe il y a un an. Enfin, pour embellir sa saison, le jeune Éric s'est offert son premier relais victorieux à Nove Mesto (République Tchèque). Reste à voir s'il continuera sur sa lancée l'an prochain.
Cependant, il n'est pas le seul jeune à avoir disputé des épreuves de Coupe du monde. En début d'exercice, Émilien Claude a multiplié les étapes avec plus ou moins de réussite. Mais cela n'a pas été suffisant pour faire la saison complète avec le groupe. Il a donc rebasculé avec les juniors, laissant sa place à Oscar Lombardot. Ce dernier a montré de belles choses au fil des courses et a terminé l'année avec un podium sur le relais en Suède. Et qu'en est-il de Fabien Claude ? Le Vosgien a longtemps skié après un podium individuel. Mais il a dû se contenter de cérémonies des fleurs. Après, son bilan est plutôt positif. Avec plus de 600 points au compteur, il a pulvérisé son record sur une saison. Rapide sur les skis, son tir lui a parfois joué des tours.
Biathlon saison 2022/2023 : une réussite chez les filles
À l'inverse des garçons, l'exercice 2022-2023 est une totale réussite. Bien sûr, le gros Globe de cristal remporté par Julia Simon y est pour beaucoup. Il faut dire que la biathlète de 26 ans s'est appropriée un statut de favorite qu'elle a assumé jusqu'à la dernière course. En patronne, elle a su tirer profit de sa grande préparation. Durant deux longues années, Julia Simon a travaillé son tir couché. En compagnie de son entraîneur Jean-Paul Giachino, elle a transformé sa principale faiblesse en un véritable atout. En février, elle était d'ailleurs revenue sur ce travail de l'ombre dans les colonnes de l'Equipe :
“Entre comprendre et réussir à le faire, à le mettre en place, il y a un petit monde d'écart, explique Julia Simon. J'ai eu du mal à y parvenir. Mais à force de travailler, d'échanger, c'est devenu quelque chose de logique et je ne comprends pas comment je n'avais pas identifié ce problème avant. C'est venu avec le temps. Durant l'été, j'ai vu que je loupais de moins en moins de balles, que j'étais plus régulière et j'ai réussi à le retranscrire en compétition“, expliquait-elle avant les Mondiaux d'Oberhof. Force est de constater que cela a porté ses fruits tant sa saison est une réussite. Sur le plan individuel et collectif. En effet, accompagnée de ses coéquipières Anaïs Chevalier-Bouchet, Chloé Chevalier, Lou Jeanmonnot, Caroline Colombo et Sophie Chauveau, J.Simon a contribué à mettre la France sur le toit du relais féminin mondial.
Cocorico – Julia Simon is the Total Score winner of the 2022/2023 season! 🔥
So well-deserved. 🙌@fedfranceski | #biathlon pic.twitter.com/p4d8EdBiCH
— International Biathlon Union (@biathlonworld) March 18, 2023
Des jeunes qui tapent à la porte
Cet hiver 2022-2023 a vu naître des futures championnes tricolores. Pour sa première saison dans le groupe professionnel, Sophie Chauveau a livré une partition pleine de promesses. Régulière, l'apogée de sa saison a eu lieu devant le public français. À Annecy, la biathlète de 23 ans a réalisé trois top 10 dont deux cérémonies des fleurs. Au classement général, Caroline Colombo se trouve juste devant elle. Elle aussi a réussi sa première saison complète. Mais le tube de cette Coupe du monde se nomme Lou Jeanmonnot. Forte de son Globe de cristal en IBU Cup il y a quelques mois, la jeune biathlète de 24 ans est venue confirmer son potentiel entourée du gratin mondial. Sa sérénité impressionnante sur le pas de tir lui a permis de réaliser de très bons résultats dont deux podiums individuels. Aux portes du top 10 général avant la dernière mass-start, elle a l'occasion de terminer en beauté.
À ce propos, Paula Botet et Gilonne Guigonnat se sont invitées avec le groupe Coupe du monde pour finir l'année. Se faire une place dans l'équipe ne sera pas simple, surtout quand on regarde le classement général de la saison 2022-2023. Dans celui-ci, on retrouve nos six Françaises permanentes dans les 21 premières positions. Chloé Chevalier tient une belle 15e place. Enfin, sa sœur Anaïs est pour le moment 9e. Toujours est-il qu'elle laissera sa place dans le groupe après la mass-start d'Holmenkollen. Un siège se libère en équipe de France.