C’est l’une des têtes de gondole du volley-ball au plan mondial. En France comme ailleurs sur le vieux continent, Earvin Ngapeth est considéré à juste titre comme un véritable esthète, une sommité de la discipline tant son talent et ses performances sont terriblement éloquents. Autant de raisons suffisantes pour le placer sur le toit du monde en terme de légendes de ce sport? Décryptage.

Du père au fils,

Sur l'échiquier sportif français en général et celui du volley-ball en particulier, le nom Ngapeth résonne comme un nom qui compte et cela ne date pas d'aujourd'hui. De même, il n'est pas plausible d'évoquer Eravin considéré comme l'un des tous meilleurs de sa génération au monde sans songer à Eric, son illustre père et devancier. En effet, international camerounais et français, le papa d’Earvin (prénommé en hommage au basketteur Earvin « Magic » Johnson) Eric Ngapeth a porté les couleurs de l’équipe de France à 220 reprises dans les années 1980. Reconverti entraîneur, c’est lui qui lance son fiston chez les pros au Tours VB, en 2008. « Si mon père n'avait pas été mon entraîneur quand j'avais 17 ans, je ne serai pas là ou je suis aujourd'hui », reconnaît Earvin sur beIN Sports. Ensemble, ils gagnent la Coupe de France en 2009, 2010 et 2011 ainsi que le titre de champion de France 2010. Ces trois derniers titres auront une saveur émotive particulière d'autant plus qu'ils les remportent avec l’aide de Swan Ngapeth, le petit frère d’Earvin, qu’Éric a également jeté dans le bain professionnel un an après l’aîné. En 2016, les deux frères se retrouvent à Modène Volley, le club le plus titré d’Italie et évoluent ensemble pendant deux saisons. « J’ai découvert un autre volley là-bas, un volley de très haut niveau », déclarait Swan à la Nouvelle République.

 

Un palmarès grandiloquent en clubs comme en sélection,

La carrière sinon le palmarès d'Earvin Ngapeth en club se circonscrit essentiellement à un club, celui de Modène en Italie. Si ce dernier n'a pas été la seule équipe dans laquelle l'international français a fait ses armes, c'est celui dans lequel il a écrit les plus pages de l'histoire de son odyssée et fignolé les lignes les plus intelligibles de son aura mondiale. Même si son parcours en Italie se meut tout d'abord au Piemonte Volley avec qui il se hisse jusqu’en finale de la Ligue des champions en 2013, perdue contre les Russes du Lokomotiv Novosibirsk; c'est à Modène, entre 2014 et 2019 qu'il a tout gagné ou presque même en sélection nationale. A titre illustratif, avec l’équipe de France, il est sacré en Ligue mondiale 2015 et 2017 avec le titre de MVP à la clé lors de ces deux éditions. La première année, il gagne aussi le Championnat d’Europe avec les Tricolores, quelques mois après avoir décroché la Coupe d’Italie, en plus du titre de champion d’Italie qu’il va remporter en 2016, avec un titre de meilleur joueur de SuperLega à la clé. En triomphant pour la première fois aux Jeux Olympiques avec les bleus l'été 2021 à Tokyo, l'attaquant français a désormais ajouté l’or olympique à une armoire à trophées déjà bien garnie. Et comme si c'était écrit, le gain du graal tant attendu coïncide avec son retour annoncé en Avril 2021 à Modène, son club de cœur qu’il avait pourtant quitté pour Kazan dans l’espoir d’accrocher la Ligue des champions. Le seul trophée à date qui manque encore à son palmarès après une nouvelle finale perdue en 2019.

Les Jeux Olympiques et Ngapeth,

Avant les Jeux de Rio 2016, Earvin déclarait sur RMC Sport : « Les Jeux Olympiques, c’est le rêve de tout sportif au monde. » Et malgré une élimination dès la phase de groupe logiquement décevante pour la Team Yavbou, l’objectif n'a jamais changé. « C’étaient les premiers Jeux de notre groupe et je pense que nous avons été submergés, dépassés par l’événement », déclarait-t-il au Figaro un an après Rio. « Nous n’avons pas su nous préparer mentalement pour un tel événement. Les prochains à Tokyo, nous serons comment faire. » Propos prémonitoires dira-t-on… La preuve, pour les Jeux de Tokyo tenus finalement en 2021, crise covidaire oblige, les bleus prendront leur revanche sur l'histoire. Ce samedi 07 août de la même année, en disposant de la Russie trois sets à deux en finale des Jeux presque deux heures et demie après le coup d'envoi, les tricolores entrent dans l'histoire.  Mais Ngapeth avoue penser déjà aux Jeux « à la maison », ceux de Paris 2024. Earvin aura alors 33 ans, pas trop tard pour décrocher une deuxième médaille olympique. « Les JO de Paris constituent le très gros objectif de ma fin de carrière », confiait-il à Ouest-France. « J’ai toujours envie de m’incruster encore davantage et de marquer l’histoire avec les Bleus ». La marquer encore un peu plus certainement.

La musique, son autre terrain de chasse : banal exutoir ou véritable passion?

Quand il ne joue pas au volley, Ngapeth file direct au studio d’enregistrement pour s’adonner à son autre passion, le rap. Un temps surnommé Klima, il se fait aujourd’hui appeler Earvin, tout simplement. Après la sortie de son premier titre ”Ma vie n’a aucun prix” en janvier 2016, Earvin a remis ça trois ans plus tard avec l’opus MAИIERE alors qu’il évolue à Kazan, en Russie. Pour lui, allier le rap et le volley répond à une logique, la sienne et devrait être perçu comme quelque chose de tout à fait normal et naturel. Pour la petite histoire, la vedette des tricolores a même sorti en 2015 le titre Team Yavbou (le surnom des Bleus depuis une victoire contre le Brésil en 2013) en soutien à l’équipe de France. Preuve que l'homme confère une place prépondérante au RAP dans son équilibre quotidien. « Le rap me prend facilement 3 heures par jour. Je peux clairement dire que je suis dans une double carrière. Et pourquoi pas faire une carrière dans la musique [après le volley] ? », se demande-t-il dans une interview avec la radio Mouv’. Il va sans dire que la musique lui permet surtout de s’exprimer en dehors du terrain, comme une sorte d’échappatoire. « Quand j’ai commencé la musique, c’était vraiment parce que j’étais à la recherche de liberté. Maintenant, j’ai un nom, je suis reconnu de tous. Si je continue la musique, c’est pour m’exprimer, mais surtout impacter positivement mon environnement, ma ville, mon pays, l’Afrique, le monde », dit-il dans un post Instagram.

Chaque sport a généralement son roi qui peut varier d'une génération à une autre, d'une épopée à une autre. Le volley-ball français a aussi le sien : Earvin Ngapeth qui au-delà de l'hexagone fait indubitablement partie des plus grands de la discipline au monde. Même dans toute l'histoire du volley? En tout cas, sur l'échelle de la France, il est certainement le plus grand.