Durant ce mois d’août, la rédaction de WeSport vous propose un coup de projecteur sur des clubs historiques du rugby français à la recherche de leur gloire passée. Aujourd’hui, focus sur Narbonne.
88. C’est le nombre d'années passées par le RC Narbonne dans l’élite du rugby français. Mais depuis 2007, date de leur descente en Pro D2, le club de l’Aude peine depuis à retrouver son lustre d'antan. Pourtant les Blacks de Méditerranée ont marqué l’histoire du rugby français.
L’entre-deux-guerres : période-phare pour le RC Narbonne
Issu de la fusion entre les militaires du 80ème Régiment d’infanterie, finaliste du championnat de France militaire et des rugbyphiles du Sporting Club Narbonnais, le RCN s’impose rapidement comme un club qui compte dans l'hexagone dans cette période d’entre-deux-guerres. Sous l’impulsion du demi de mêlée, François Lombard, Narbonne atteint la demi-finale du championnat de France en 1931. Une compétition néanmoins amputée de douze clubs prestigieux partis fonder leur propre championnat.
Fort de leur progression, les Audois échouent à deux reprises en finale lors des deux années suivantes (1932, 1933). Leur bourreau se nomme le LOU. Il faudra attendre 1936 pour voir enfin le RC Narbonne être sacré. En effet, le RCN vient à bout de Montferrand grâce à un essai de Francis Vals.
Première chute
Une décision va clôturer la belle parenthèse du RC Narbonne. En 1938, Marcel Laborde, futur président de la fédération française du rugby à 13, obtient l’accord du propriétaire du stade Cassayet pour y jouer le quart de finale de Coupe de France de Rugby à 13. Ce qui ne va pas être sans conséquence pour le RCN.
En effet, la FFR décide de suspendre l’homologation du stade. Conséquence : le club audois passe au rugby à 13 pour rester en vie. Une section à 15 est maintenue mais elle repart en 3ème division. Les treizistes narbonnais ne sont guère convaincants. 12ème sur 13 équipes engagées en 1339 puis 8ème sur 11 en 1940, Narbonne a du mal à faire jeu égal avec les meilleures équipes de rugby à 13 telles que le XIII Catalan, Pau ou encore Albi.
La traversée du désert
L’histoire du RCN avec le rugby à 13 prend rapidement fin. En effet, le championnat à 13 disparait en 1942. Celui à 15 fait quant à lui son retour. Néanmoins, le RC Narbonne ne retrouve pas son niveau d’antan. Pire, le club descend en deuxième division à l’issue de la saison 1945-1946. Les Oranges et Noirs ne s'éternisent pas longtemps dans l’antichambre de l’élite puisque 2 ans après leur relégation le club remonte dans l’élite.
Les blacks de Méditerranée rentrent cependant dans le rang. Fini le temps des finales des années 30, les Audois peinent désormais à dépasser le stade des huitièmes de finale. Un stade de la compétition que les Narbonnais atteignent en 1952, 1956 et 1557.
Le retour aux sommets
Si la section phare du RC Narbonne semble en déclin, ce n’est pas le cas de la formation narbonnaise. Les équipes de jeunes font parler d’eux dans la région. En outre, une nouvelle équipe dirigeante avec à sa tête Bernard Pech de Laclause prend le contrôle du club Audois en 1962. Ce cocktail va rapidement remettre le RCN dans le haut niveau du rugby français.
En effet, les Blacks de la Méditerranée atteignent la demi-finale du championnat de France, deux années plus tard. C’est également le cas en Challenge Yves du Manoir. Une première depuis 10 ans. Le club basé dans l’Aude ne va pas en rester là.
Emmené par Jean-Michel Benacloï et Jacques Mora, le Racing remporte son premier Challenge Yves du Manoir en 1968 en venant à bout de Dax en finale (14-6). Un premier Challenge d’une longue série. Fort d’un recrutement impressionnant avec les arrivées des frères Spanghero (Jean-Marie, Claude et Walter) et de l’international français Jo Maso, le RC Narbonne remporte le Challenge en 1973 et 1974. Désormais le club s'établit comme un prétendant sérieux au titre de champion de France.
Un doublé gravé à jamais
Demi-finaliste en 1975 et 1976, le RCN rate de peu une qualification en finale. En outre, au niveau de la formation, tous les signaux sont au vert pour le Racing. Les jeunes remportent la Coupe Frantz-Reichel 1976 en battant largement le RC Toulon en finale (44-11). De quoi donner des idées à l’équipe première.
Vient alors cette fameuse saison 1978-1979, ou le club va marquer de son empreinte cet exercice. En effet, les Oranges et Noirs réussissent cette année-là, le doublé championnat de France- Challenge Yves du Manoir. Le RC Narbonne remporte son deuxième et dernier bouclier de Brennus contre Bagnères (10-0). Dans une finale tendue, les Racingmens font la différence grâce à un essai du trois-quarts aile Christian Trallero. Ce succès provient en grande partie du travail réalisé par le manager Gérard Sutra. Ce dernier décide de passer la main à l’issue de cette magnifique saison.
Le RCN rentre dans le rang même s’il reste capable de coups d’éclat. Preuve en est, les quatre challenges Yves Du Manoir (1984, 1989, 1990, 1991) et une Coupe de France remportée en 1985. Néanmoins, Narbonne ne parvient plus à intégrer régulièrement le dernier carré du Championnat de France.
Un lent et inexorable déclin
Le club audois enchaîne même les désillusions. Une élimination dès les phases de groupes du Top 16 en 1995, une autre en 8ème de finale contre Toulouse l’année suivante. Conséquence : la direction du RCN tente d’impulser une nouvelle dynamique. Dans cette optique, Pierre Berbizier prend les commandes du staff narbonnais. De plus, le club enregistre des arrivées importantes à l’instar du centre international italien Alessandro Stoica.
Mais rien y fait, le club échoue une nouvelle fois en phases de poules du Top 16. Seul motif de satisfaction, le parcours européen des Narbonnais. Invaincus en phase de poules, les Oranges et Noirs sont stoppés en demi-finale par l’AS Montferrand (27-21) et la botte de son buteur Gérald Merceron.
Le passage à l’an 2000 est plus compliqué pour le club basé dans l’Aude. 11ème en 2005 puis 10ème en 2006, le club flirte dangereusement avec la relégation en Pro D2.
La descente inéluctable du RC Narbonne
Le couperet tombe lors de la saison 2006-2007. Après presque 60 années de présence continue dans l’élite, le club est relégué en Pro D2 à l’issue de cet exercice. Une saison où les tensions ont été vives entre les joueurs et leur direction. Christian Labit, Frédéric Lartigue ou encore Franck Tournaire se retrouvent licenciés en cours de saison.
L’été suivant, le club connaît une vague de départs massive. Parmi les joueurs qui quittent le club, on retrouve notamment Julien Candelon. Depuis sa signature en 2003, l’ailier a gravi tous les échelons au sein du club audois. International français depuis 2005, Julien Candelon fait le choix à l’époque de rester en Top 14 du côté de Perpignan.
Une descente en Pro D2 qui a du mal à passer. En effet, pour leur première saison dans l’antichambre de l’élite, le RCN frôle la correctionnelle avec une 13ème place. Les années suivantes ne sont guère plus réjouissantes. A nouveau 13ème en 2008, Narbonne se rapproche dangereusement de la fédérale 1.
Le temps des problèmes financiers
Outre la situation sportive, la situation financière du club est alarmante. Confronté à un déficit de 1,2 million d’euros, le RC Narbonne est rétrogradé provisoirement en Fédérale 1 par la DNACG. Grâce à l’arrivée d’investisseurs australiens regroupés au sein du FC Management, le club sauve in extrémis sa place en Pro D2. Conséquence de l’arrivée des nouveaux investisseurs, le RC Narbonne recrute plusieurs ex-internationaux australiens tels que Josh Valentine ou encore Julian Huxley. De plus, Matt Williams prend les commandes du staff avant de les céder 6 mois plus tard à Justin Harrison. La greffe entre joueurs australiens et jeunes pousses de Pro D2 prend vite. Narbonne atteint les demi-finales de Pro D2 en 2014.
Une saison pleine de promesses qui ne sera pas rééditée. Conséquence de départs importants telle que la paire de centres Fabien Grammatico-Josh Lima, le RCN termine 14ème la saison suivante et frôle une nouvelle fois la descente. Les saisons se suivent et se ressemble pour le club Audois avant la sentence de 2017. Cette année-là, le manager Christian Labit est démis de ses fonctions rapidement après un début de saison poussif. L’australien Steve Kefu déjà présent dans le staff prend la direction du staff pour réussir cette opération maintien. Malheureusement sans réussite. Ironie du sort, le RC Narbonne est relégué en fédérale 1 sur le terrain de l’US Carcassonne entraînée par un certain Christian Labit.
Quel avenir pour le RC Narbonne ?
Le RCN a pris du temps pour se reconstruire depuis sa descente en Fédérale 1 en 2017. Bien lui en a pris car le club est remonté en Pro D2 en 2021. Mais, fragile, le RC Narbonne est redescendu seulement une saison après. Avec un staff ambitieux articulé autour de Julien Seron, le club audois vise à se stabiliser à termes dans l’antichambre de l’élite. Preuve en est du projet alléchant qui se met en place au RCN, l’arrivée de Louis Benoît Madaule ou encore le retour au club de Sébastien Giorgis. Après 115 années d'existence, le RC Narbonne n’a pas dit son dernier mot.