En partance pour l'écurie Haas à l'issue de la saison 2024, Esteban Ocon va ainsi refermer un chapitre long de cinq ans avec Alpine. Une histoire qui a connu des hauts, mais qui s'est surtout conclue avec des bas.

En cinq ans chez Alpine (anciennement Renault, uniquement lors de sa première saison avec l'écurie), Esteban Ocon a eu l'occasion de briller en Formule 1. Vainqueur surprise lors du Grand Prix de Hongrie en 2021, le Normand a aussi décroché deux autres podiums au volant de la monoplace française : à Sakhir en 2020 (2e), et à Monaco en 2023 (3e).

Si ces performances ont permis à l'écurie française de se mettre en avant, l'histoire entre Alpine et le pilote français a finalement tourné au vinaigre, entraînant le départ d'Esteban Ocon vers l'écurie américaine Haas pour 2025. Un départ qui trouve peut-être ses racines il y a plusieurs saisons, mais qui se justifie vraiment avec cette saison 2024.

Ocon jamais vraiment prioritaire

De son arrivée chez Renault en 2020 à sa dernière saison chez Alpine en 2024, Esteban Ocon n'a jamais pu jouir d'un vrai statut de pilote n°1 au sein de l'écurie. Coéquipier de Daniel Ricciardo lors de sa première année dans la structure française, il a vécu dans l'ombre de l'Australien, auteur de deux podiums (contre 1 pour Ocon) et qui a inscrit presque deux fois plus de points que lui (119 contre 62).

Une fois Ricciardo parti vers McLaren, le scénario s'est répété avec Fernando Alonso à ses côtés. Si Esteban Ocon a matché les performances de l'Espagnol sur les saisons 2021 et 2022 cumulées (166 points pour Ocon, 162 pour Alonso), le Français offrant même à Alpine sa première victoire en F1 depuis 2008, il a dû composer avec la figure imposante de son coéquipier à ses côtés.

Champion du monde 2005 et 2006, Fernando Alonso avait pour lui son aura et son expérience, ce qui devait permettre à la monoplace de s'améliorer. Quand bien même les résultats d'Ocon étaient satisfaisants, difficile de lui accoler le statut de pilote n°1 avec l'Espagnol dans l'autre baquet.

La brouille avec Gasly a tout fait déborder

Le scénario s'est à nouveau répété en 2023, avec l'arrivée de Pierre Gasly. Recruté alors que l'écurie savait que les deux hommes ne s'appréciaient pas, il n'a fait que faire perdurer une situation inconfortable pour Esteban Ocon, encore condamné à un rôle de n°1 bis dans l'écurie.

L'équilibre a tenu un an, jusqu'à l'incident du Grand Prix de Monaco 2024 où Esteban Ocon a été jugé coupable de l'abandon des deux monoplaces françaises. Alpine a dû trancher dans le vif et faire d'Ocon le responsable de cette erreur, marquant une vraie rupture entre le pilote et l'écurie.

Cette décision a acté l'échec d'Esteban Ocon chez Alpine, forçant le pilote à s'en aller au terme de son contrat. Outre le fait que la décision ait montré que le pilote n'était toujours pas favorisé par son écurie, il a aussi montré que son manque de constance et ses quelques erreurs l'avaient empêché d'assumer un nouveau statut au sein de l'écurie, quand bien même son talent au volant d'une monoplace n'est plus à démontrer.

Une monoplace pas assez performante

Finalement, les performances de la monoplace Alpine sont peut-être la principale raison de l'échec d'Esteban Ocon au sein de l'écurie française. Si elle avait des qualités à son arrivée, ce qui lui a notamment permis – avec des circonstances favorables sur la piste – de remporter le GP de Hongrie en 2021, elle a atteint un plafond de verre qui a empêché le Français de rivaliser avec les tous meilleurs.

Pire, Esteban Ocon a vu les performances de l'équipe régresser, au point aujourd'hui d'être seulement 9e au classement des constructeurs. “Cela reflète malheureusement un peu les performances de la voiture. Toute l'équipe fait de son mieux pour améliorer la situation, mais il va être difficile de faire mieux”, a reconnu le pilote dans une interview pour le site officiel de la Formule 1.

Sans une monoplace performante, Esteban Ocon n'était pas en mesure d'atteindre les sommets avec Alpine. Ces problèmes de développement conjugués au manque de reconnaissance dont il jouissait et à sa brouille avec Pierre Gasly auront donc eu raison de son histoire avec l'écurie française.