Jusqu’à fin février, avant d’embrayer sur une nouvelle saison de Formule 1, la rédaction tire les conclusions de cette saison 2021 plus que palpitante. De Haas à Mercedes, plusieurs mondes d’écart existent, avec des ambitions forcément bien différentes. Aujourd’hui, au tour de la Scuderia Ferrari de passer au crible.

 

Ferrari : l'embellie (3ème, 323,5 points)

  • Le coup d'œil dans le rétro :

Depuis deux saisons, Ferrari était en perte de vitesse. Une dynamique constatable la saison dernière,  puisque la Scuderia a terminé à la sixième place du classement constructeurs. La pire prestation de l'écurie italienne depuis 40 ans (10e en 1980). Aucune victoire (une première depuis 2016), aucune pole position : Mattia Binotto, directeur de la gestion sportive, et les siens sont complètement passés à côté de leur saison. Jérémy Reis, rédacteur F1 pour We Sport, déclarait alors que la SF1000 était “ratée, sur toute la longueur“, qu'il était “impossible pour elle de générer de l'appui, de la vitesse en virage“, avant de conclure que Ferrari avait mis au point “le cocktail parfait pour créer un tracteur au lieu d'une F1“.

  • Le résumé de la saison :

En 2021, la Scuderia se devait de réodorer son blason, en plus d'intégrer un Carlos Sainz arrivé en lieu et place de Sebastian Vettel, parti chez Aston Martin. Terminer dans le top 5 aux constructeurs paraissait être un minimum syndical à l’entame de cette nouvelle saison, avec en ligne de mire une troisième place jouable, mais sans doute corrélée à une victoire face à McLaren. Finalement, Ferrari a presque assez aisément décroché sa place sur le podium, au gré d'une régularité rarement observée ces dernières années. Auteur d'un gros début de saison, en terminant quatre fois dans le top 6 lors des quatre premiers Grand Prix, Leclerc a idéalement épaulé son coéquipier, le temps que ce dernier prenne ses marques au sein de sa nouvelle écurie.

Malheureusement pour le Monégasque, le premier couac de sa saison est intervenu à domicile. Après avoir réalisé la pole le samedi, il a été contraint à l'abandon lors du tour de formation, le dimanche. La raison ? Une fissure dans le moyeu causée par son impact contre le rail la veille. Un crève-cœur qui sera compensé quelques heures plus tard par la deuxième place de Carlos Sainz. Malgré un week-end catastrophique au Castellet trois semaines plus tard, seul Grand Prix où Ferrari ne récoltera aucun point, les monoplaces rouges sont à hauteur de McLaren après la Hongrie, grâce au deuxième podium de l'Espagnol.

Le tournant de la lutte Ferrari/McLaren a eu lieu au mois de septembre. À Monza, McLaren a réalisé un doublé historique, Daniel Ricciardo montant sur la plus haute marche du podium devant Lando Norris. Ferrari est néanmoins parvenu à limiter la casse en plaçant ses deux pilotes dans le top 6, avant de réaliser un changement de moteur décisif en Russie, deux semaines plus tard. Si Leclerc est logiquement parti en fond de grille, il n'est pas passé loin de réaliser l'exploit de rentrer dans les points, tandis que Carlos Sainz est, dans le même temps, monté sur sa troisième boîte de la saison.

Sur les sept derniers Grand Prix, les deux pilotes Ferrari ont terminé treize fois sur quatorze dans le top 8, à eux deux. Des résultats plus que solides, qui ont consolidé la troisième place (finale) de Ferrari, 48,5 points devant McLaren. Le bilan de la SF21 est donc bien plus positif que celui de la SF1000. Cette voiture a amené un surcroît de compétitivité à ses pilotes. Leclerc et Sainz ont pu compter sur un rythme supérieur à celui de l'an dernier, compensant une vulnérabilité non négligeable au niveau des dépassements, selon leur directeur de course Laurent Mekies.

 

Les pilotes

  • Carlos Sainz (5ème, 164,5 points)

Quelle première saison chez Ferrari pour Carlos Sainz Jr ! Dans un contexte jamais facile à appréhender, l'Espagnol s'est parfaitement intégré à sa nouvelle écurie. Si trois de ses quatre podiums de la saison ont certes été le fruit d'un abandon ou d'une disqualification d'un de ses concurrents, Sainz a confirmé tous les espoirs placés en lui et prouvé qu'il avait les épaules pour piloter au sein de la Scudeeia. Au-delà d'avoir franchi la ligne lors des 22 Grands Prix, le natif de Madrid a terminé vingt fois dans les points, ne finissant jamais au-delà de la onzième place (au Portugal et en France).

15 fois qualifiés en Q3, il s'est presque immédiatement haussé au niveau d'un Leclerc habitué à courir pour Ferrari. S'il n'est pas parvenu à décrocher de pole position, il a amplement contribué à la troisième place de son écurie au classement constructeurs, en faisant preuve d'une régularité implacable. Une fiabilité récompensée par un podium final à Abou Dhabi, qui lui a permis de passer in extremis devant son coéquipier au classement des pilotes.

  • Charles Leclerc (7ème, 159 points)

L'exercice 2021 de Charles Leclerc est une nouvelle fois à souligner, même si sa bagatelle de points aurait pu être bien plus élevée. S'il a signé deux poles consécutives à Monaco et Bakou, Leclerc n'a pas gagné de Grand Prix pour la deuxième année consécutive. La faute à une malchance reconnue par beaucoup de spécialistes F1, mais aussi par Mattia Binotto : “Sans ces coups du sort, il est difficile de dire où il aurait terminé – mais il manque au moins 40 points à son classement“, a-t-il déclaré à l'issue de cette saison aux multiples rebondissements.

Que cela soit à Bahreïn, Imola, Barcelone, Bakou, Monza, Istanbul, Austin ou encore Silverstone, où il a accroché son seul podium de l'année, Leclerc a longtemps fait valoir son statut de “meilleur des autres”. Malheureusement pour lui, une contre-performance à Abou Dhabi lors de l'ultime course lui a fait tout perdre au classement pilotes (doublé sur le fil par Sainz et Norris). Malgré cela, Leclerc peut se targuer d'avoir terminé à dix reprises dans le top 5. Des résultats qui ont une nouvelle fois confirmé sa capacité à se battre avec les meilleurs, même en n'ayant que la troisième ou quatrième voiture du plateau.

 

Le point statistiques

  • 13/9 : comme le résultat du face-à-face Leclerc/Sainz en qualifications. Le Monégasque s'est qualifié 18 fois en Q3, contre 15 fois pour son coéquipier. Il a également réalisé les deux poles de l'écurie cette saison.
  • 0.150 : c'est l'écart de temps moyen entre Leclerc et Sainz, en qualifications.
  • 5 : c'est le nombre de points d'écart entre les deux pilotes à l'arrivée (5,5 pour être précis : 164,5 pour Sainz contre 159 pour Leclerc). C'est aussi le nombre de podiums réalisés par Ferrari (4 pour Sainz, 1 pour Leclerc).

 

La décla' à retenir 

« Concernant les pilotes, comme nous l'avons souvent dit, je crois que c'est la piste qui dictera les choses. La priorité est toujours l'équipe, mais sans aucun doute, s'ils peuvent lutter pour une position importante au championnat, ce sera la piste qui dira qui est devant. Et parfois, je pense que ça ne dépend pas seulement du talent ou des capacités du pilote. Un pilote peut être très malchanceux et connaître des dégâts, des problèmes de fiabilité ou des accidents. Alors je ne crois pas que nous ayons besoin d'un numéro un ou d'un numéro deux à ce stade, et nous n'aurons certainement pas de politique sur le sujet », a révélé Mattia Binotto dans des propos rapportés par Motorsport.com.

 

Avec l’amélioration des capacités aérodynamiques au centre du nouveau règlement, qui entrera en vigueur en 2022, il sera intéressant de voir le comportement de la Ferrari aux mains de deux pilotes dont les récentes prouesses laissent entrevoir beaucoup d’espoirs. Ce facteur permettra-t-il aux monoplaces rouges d'intensifier la bagarre sur la piste avec les plus grosses écuries ? Réponse dans quelques semaines à peine.