F1 : comment Alpine a totalement ruiné sa saison 2024
Incapable de se mêler durablement à la course aux points en Formule 1, Alpine traverse une saison 2024 délicate. Autopsie d’un désastre.
Les saisons se suivent et se ressemblent malheureusement pour Alpine en F1. Déjà en difficulté l’an dernier, l’écurie française perd du terrain sur ses concurrents et semble avoir touché le fond cette année. Entre instabilité, non-professionnalisme et bataille d’égo entre pilotes mais aussi au sein des équipes, analyse d’une saison qui a rapidement tourné au vinaigre pour “Estie Bestie”
Une instabilité qui se paye cash en F1
Pour la quatrième fois en cinq ans, Alpine F1 Team a décidé de bouleverser son organisation. Nommé par intérim depuis août 2023, Bruno Famin a payé l’arrivée de Flavio Briatore qui voulait impulser des changements, mais aussi les déboires du début de saison.
Avant lui, son prédécesseur, Otmar Szafnauer, un nom très reconnu en Formule 1 en raison de ses bons résultats à la tête de Force India, avait également cédé sa place pour manque de performance. Une version qu’il conteste toujours aujourd’hui : « Nous marquions régulièrement des points, ce n’était pas un désastre, souligne Szafnauer. Nous étions en milieu de tableau. Ce n’est pas comme aujourd’hui, ils sont neuvièmes. C’est un désastre. À l’époque, nous faisions un demi-pas en arrière, mais parfois, on recule pour faire deux pas en avant. Le recrutement se faisait, de bonnes performances arrivaient, j’allais transformer Alpine en une équipe de top 3. »
Une désorganisation qui détonne quand on voit la longévité de Christian Horner ou encore de Toto Wolff, respectivement chez Red Bull depuis 2005 et chez Mercedes en tant que directeur exécutif depuis 2013. Outre le Team Principal, Matt Harman, pourtant présent depuis plus de 18 ans avec l’écurie française et Dirk de Beer se sont également fait remercier. « Nous avons décidé de procéder à ces changements dans l'organisation car nous voyons clairement que nous ne sommes pas là où nous voulons et devons être en ce qui concerne le niveau de performance », justifiait alors Bruno Farmin. Le regain entraperçu après le GP F1 du Canada a été vite balayé, faute d’évolutions notable des deux monoplaces.
Aucun réel objectif
Conséquence de ces chambardements incessants, Alpine n’a pour l’heure plus vraiment d’objectif. Il y a trois ans, Laurent Rossi évoquait l’objectif de 100 courses pour faire de l'écurie une prétendante sérieuse au titre de champion du monde des constructeurs F1 et au titre pilote. Un objectif revu à la baisse par Bruno Famin. « L'objectif de victoire en 100 courses ? On n'en parle plus ! Il y en a qu'un, c'est de continuer à développer cette dynamique. Plus on améliorera l'équipe, plus on améliorera la voiture et donc plus on améliorera les résultats. Je ne veux pas donner de chiffres, ce sont des pièges. Il faut que l'on se focalise sur notre propre performance » tempérait-il dans un entretien accordé à l’AFP.
Arrivé fin juin, Flavio Briatore est, lui aussi, arrivé avec son propre objectif. « Je pense qu’il faut être réaliste, nous voulons viser des podiums en 2027. » a-t-il déclaré lors de sa première prise de parole. Avant d’ajouter : « La situation dans laquelle nous nous trouvons n’est pas idéale. Vous me connaissez, je vous dis la vérité : c’est très difficile en ce moment, car la concurrence est très rude. » L’heure est donc à l’humilité.
“2025 c'est une année de transition, on réorganise. 2026 on pense au podium. 2027 on gagne des courses.”
Flavio Briatore donne sa vision pour l'avenir d'Alpine, au micro de Jean Alesi ! ?#ItalianGP #F1 pic.twitter.com/mPY6DHxYEV
— CANAL+ F1® (@CanalplusF1) September 1, 2024
Une conflit lancinant en interne du côté d'Alpine F1 Team
C’est également le gros point noir de la saison 2024 de F1 d’Alpine : le manque de cohésion au sein des équipes, en particulier entre l’entité moteur qui travaillait à Viry-Chatillon et le reste qui domicile à Enstone. Un conflit qui a débouché sur une issue positive avec la décision de l’équipe de fermer le département moteur F1 basé en région parisienne.
Ancien directeur du département moteurs entre 2002 et 2007 chez Renault F1, Denis Chevrier a fait part de son sentiment d’injustice vis-à-vis de cette décision dans une entrevue accordée à F1 Only. « Je pense que le moteur est la victime d’une cabale de la part de l’équipe châssis, qui a caché ses carences et son incapacité à concevoir des voitures aussi bonnes que les autres en trouvant un responsable ? »
Les pilotes n’ont pas été en reste. Rarement, les relations se sont autant dégradées entre deux pilotes d’une même écurie. À la fin, c’est Pierre Gasly qui est sorti renforcé de cette période de turbulence ; Esteban Ocon s’est vu indiquer la porte de sortie, avant de trouver grâce auprès de Haas F1 Team, sa nouvelle formation pour la saison 2025 de F1. Avec Jack Doohan, la sérénité devrait revenir du côté d’Alpine. Reste désormais à solder les erreurs de cette saison pour enfin lancer un cycle victorieux.