Après vous avoir présenté Nicolas Elame et Jordan Avissey, c'est aujourd'hui une frenchie qui répond à nos questions ! Joueuse de basket à Wichita State en NCAA, Carla Bremaud a accepté de revenir sur son parcours pour WeSport. Ses débuts en LFB à quatorze ans, sa réputation de shooteuse qui grandit en NCAA et son quotidien d'étudiante athlète, partons à la découverte de Carla, une frenchie dans le Kansas.
WeSport : Bonjour Carla, pour commencer est-ce que tu peux te présenter rapidement ?
Carla Bremaud: Je m'appelle Carla Bremaud, j'ai vingt ans et je viens d'Angers. J'ai commencé le basket à huit ans. Je suis passé par Cholet Basket avant de jouer pour l'UFAB (ndlr: Union Féminine Angers Basket) à partir des années minimes, puis j'ai joué à Angers jusqu'à mon année de terminale. J'ai participé à quelques matchs professionnels en Ligue Féminine à Angers lorsque j'étais au lycée. Pendant un moment j'étais même la plus jeune joueuse à avoir joué en Ligue Féminine (ndlr: Carla a disputé son premier match professionnel à quatorze ans !). Je ne le suis plus maintenant, il y a encore plus jeune que moi ! Lorsque j'ai été à Angers, j'ai également eu l'occasion de faire quelques apparitions en Eurocup.
Lorsque j'ai obtenu mon bac S, je suis ensuite partie aux États-Unis. C'était en 2017. J'ai donc intégré une Prep School à Wichita pour refaire une terminale. Avant d'intégrer cette école, je suis partie trois semaines en Californie pour faire des tournois de Summer League. À ce moment-là, j'ai été repérée par des universités. J'ai donc fait un an de Prep School puis je suis restée à Wichita pour aller à l'université.
“Pendant un moment je n'étais même la plus jeune joueuse à avoir joué en Ligue Féminine”
WS: Tu as également un riche passé avec l'équipe de France ?
CB: Oui j'ai participé au championnat d'Europe U16 au Portugal et plus récemment j'ai participé au championnat d'Europe U20 en 2019. On a d'ailleurs finis troisième de ce championnat !
WS: Peux-tu nous expliquer ton choix de partir pour les États-Unis ?
CB: Après mon bac, je voulais continuer les études. Mais en France, il est difficile d'allier sport de haut niveau et études. Mon autre objectif était d'apprendre l'anglais, car j'ai de la famille anglaise et je ne parlais pas du tout anglais. Pour moi, partir aux États-Unis était le meilleur moyen d'apprendre l'anglais tout en continuant de faire des études et de jouer au basket à haut niveau !
WS: Pourquoi ton choix s'est-il porté sur l'université de Wichita State ?
CB: J'ai eu d'autres offres d'universités qui étaient sur la côte ouest mais vu que j'étais déjà à Wichita pour la Prep School, le contact a été plus facile, notamment avec les coachs. J'ai pu aller visiter les installations et on était en contact régulièrement. De plus, j'étais dans une famille d'accueil lors de mon année en Prep School donc j'avais déjà une nouvelle famille autour de moi et également des amis ici. J'ai donc eu envie de rester là. Autre point important, il y a moins de décalage horaire entre Wichita et la France qu'entre la France et la côte ouest !
WS: Tu attaques donc ta troisième année en NCAA. Est-ce que tu as vu une évolution dans ton jeu et est-ce que tu penses que ce choix a été bénéfique pour toi ?
CB: La façon de jouer ici est complètement différente. On apprend beaucoup du jeu américain. Par exemple, lorsque je suis retournée au championnat d'Europe en 2019, j'ai vraiment vu la différence. J'ai donc évolué pour m'adapter à ce jeu tout en gardant mon jeu européen et notamment ma vision du jeu et l'esprit collectif. J'arrive à concilier les deux visions maintenant !

J'ai également beaucoup progressé sur le côté leadership. Avec une autre joueuse, qui est internationale belge, on est celles qui sont là depuis le plus longtemps. Notre coach est arrivée une année avant nous et on est donc là depuis le début du projet. Elle nous a intégré toutes les deux dans ce projet et ça m'a beaucoup aidé à développer mon leadership. Je prends de l'expérience chaque année et ça se ressent sur mon jeu. Ma première année ici a été très bonne. Maintenant, tout le monde sait que mon point fort c'est mon shoot et donc beaucoup de joueuses sont en défense très serrée sur moi. Ça m'aide également à évoluer !
“Maintenant tout le monde sait que mon point fort c'est mon shoot”
WS: Sur un plan plus collectif, une des meilleures équipes du pays, UConn, a changé de conférence cette année. Ça ouvre donc des portes à Wichita State pour la March Madness ?
CB: Oui UConn a changé de conférence cette année. J'ai déjà eu l'occasion de les jouer deux fois. La première fois que j'ai joué contre eux, c'était chez nous devant 6000 personnes ! C'était impressionnant même si on a perdu de quarante points.
Même si UConn n'est plus dans notre conférence, il reste de très bonnes équipes. On a comme objectif collectif d'être dans le top 3 de notre conférence et donc de pouvoir jouer les tournois postseason. On a envie de disputer un tournoi (March Madness ou autre) après que le tournoi de conférence soit terminé. Pour ça, il faut qu'on soit bien classé dans notre conférence, c'est notre principal objectif de la saison.
WS: Wichita State a donc une salle qui peut accueillir 6000 personnes ? Pas beaucoup de salle en France peuvent se vanter d'être aussi grande !
CB: Notre salle peut accueillir 10000 personnes. En France ça ferait rêver mais aux États-Unis c'est tout à fait normal !

WS : Est-ce que tu peux nous parler maintenant du début de saison de ton équipe ?
CB : On a gagné trois matchs et on vient de perdre notre premier match. Sur le plan personnel, je suis plutôt satisfaite de ce que j’ai pu faire.
WS: Il y a de plus en plus de joueuses françaises qui font le choix, comme toi, d'aller jouer en NCAA. Est-ce que tu as des contacts avec certaines de ces joueuses ?
Oui, j'ai des contacts avec d'autres françaises et notamment Caroline Germond qui évolue à TCU. J'ai joué avec elle quand j'étais à Angers. Je suis également en contact avec d'autres joueuses internationales que j'ai pu rencontrer au championnat d'Europe ou contre qui j'ai joué en NCAA.
WS: En parlant de championnat d'Europe, l'équipe de France est-elle toujours d'actualité pour toi ?
CB: J'ai terminé les équipes de France jeune. Maintenant c'est l'équipe sénior ou rien donc c'est évidemment plus compliqué !
WS: Après ton cursus à Wichita State, as-tu une idée de ton avenir ? Tu comptes jouer en WNBA ou tu comptes revenir en France ?
CB: Mon rêve ultime c'est de pouvoir jouer en WNBA comme tout le monde ! Sinon, je voudrais revenir jouer en Europe mais pas forcément en France. Évidemment, je souhaite évoluer au plus haut niveau possible en Europe. Même si ce n'est pas la WNBA, le niveau est très bon en Europe.
WS: Je voudrais maintenant en savoir plus sur ton quotidien d'étudiante-athlète. Pour commencer, peux-tu me dire ce que tu prépares comme diplôme ?
CB: Je prépare un diplôme de management du sport. Je ne sais pas trop ce que je veux faire donc tant qu’à faire je préfère que ça reste dans le sport. C’est un domaine qui m’a toujours beaucoup intéressé, je suis quelqu’un qui regarde tous les sports à la télé : soccer, tennis, athlétisme, natation… Maintenant que je parle anglais et français, je me dis que je pourrais toujours travailler dans le sport. Dans tous les cas, la maitrise de l’anglais me sera toujours utile même si je trouve un métier qui ne correspond pas à mon diplôme.
WS : Est-ce qu’il est facile de gérer à la fois le sport et les études ?
CB : C’est largement plus facile que quand j’étais au lycée en France. On n’a des cours que le matin jusqu’à quatorze heures maximum mais j’ai souvent des trous dans la matinée. Ça me permet de prendre le temps d’aller shooter par exemple. De mon côté j’ai juste à choisir les classes que je souhaite faire et je peux choisir en fonction des horaires qui m’arrangent. Wichita State, ce n’est pas un très grand campus, il y a « seulement » 15000 étudiants, donc tout est à côté. C’est très pratique. En plus, ils viennent juste de refaire le bâtiment pour les étudiants-athlètes avec les salles d’études.
WS : Les notes sont importantes pour toi ?
CB : Quand on est sportif sur le campus, on doit obligatoirement avoir une certaine moyenne chaque semestre. Si on n’a pas cette moyenne-là, ils nous mettent des heures d’études obligatoires ainsi que des tuteurs. Les notes sont vraiment très importantes pour notre coach, par exemple. Si on n’a pas les notes requises, elle nous programme des heures d’études en plus et à sept heures du matin ! Elle peut même venir avec nous en étude pour être sûre qu’on travaille. Elle veut vraiment qu’on ait des bonnes notes pour avoir notre diplôme.
WS : Et concernant la partie sportive ?
CB : Sur le plan basket, la saison commence le 1er Novembre. On commence le 20 Septembre à s’entrainer trois heures par jour, six jours par semaine ! On rajoute aussi deux ou trois heures de musculation.
WS : Il y a d’autres français ou européens qui sont dans la même situation que toi à Wichita State ?
CB : Il y a un français dans l’équipe de Basket (ndlr : Josaphat Bilau) qui vient de La Roche sur Yon, donc pas loin d’Angers ! Il y a une belge dans mon équipe avec qui je parle français. Par contre, il y a beaucoup d’athlètes internationaux dans les équipes de tennis, golf et athlétisme.
WS : Tu as donc la chance d’évoluer dans des conditions idéales, il serait impossible d’avoir les mêmes conditions en France ?
CB : Oui c’est génial. Par exemple, pour la plupart de nos matchs, on se déplace en jet privé. On a juste un déplacement qui est à deux heures de route donc on y va en bus. Mais le reste du temps, l’école loue un jet privé. Ça change largement la récupération.
“Pour la plupart de nos matchs, on se déplace en jet privé”
WS : Pour terminer, est-ce que tu peux nous dire ton meilleur souvenir de cette aventure en NCAA ?
CB : Je garde deux très bons souvenirs extra-basket. Lors de ma première année, on a fait le tournoi de Noël à Las Vegas et mes parents ont pu venir me voir. Mon deuxième, c’est un autre tournoi de Noël, celui de l’année dernière à Porto-Rico ! On devait partir aux Bahamas cette année mais malheureusement ça a été annulé à cause du Covid.
WS : Puisqu’on évoque le sujet du Covid, est-ce que tu peux nous dire rapidement ce que ça change sur ton quotidien de sportif ?
On est testé trois fois par semaine ! On doit porter le masque tout le temps, même à l’entrainement. Pendant le match, on s’échauffe avec le masque et on doit le remettre dès qu’on retourne s’asseoir sur le banc. Évidemment à cause du Covid, il n’y a pas presque pas de fans dans la salle même si la limite vient de passer à cinq pourcent de la capacité de la salle. On pourra donc avoir cinq cent personnes dans les tribunes contre cent personnes auparavant.
Crédit photo article et couverture: Carla Bremaud