C’est après une dernière touche victorieuse, une dernière victoire, une dernière médaille, et surtout une dernière Marseillaise que le Makuhari Messe de Chiba a fermé ses portes ce dimanche. Tout au long de cette semaine rythmée par les assauts et les cris rageurs des escrimeurs, les Bleus ont brillé. Retour sur une belle moisson, mais surtout de belles émotions offertes par l’équipe de France dans ces Jeux.
Pourtant, le samedi 24 juillet, les débuts sont loin d’être idylliques. Coraline Vitalis, en épée féminine, et Boladé Apithy, en sabre masculin, sortent tous les deux dès les 16es de finale. Envolés, les éventuels espoirs de médaille. Mais déjà le lendemain, dimanche 25 juillet, un épéiste a rendez-vous avec le sommet de l’Olympe.
Un premier coup de Cannone
Inconnu ou presque avant le début de ces Jeux de Tokyo, un certain Romain Cannone se présente à l’épée masculine. Sans trop trembler, il dispose du Vénézuélien Rubén Limardo (15-12) en 16es de finale. Dans le même temps, Alexandre Bardenet se qualifie lui aussi. Pour Yannick Borel, tête d’affiche du clan tricolore, c’est à l’inverse une grande déception et une élimination dès son premier duel.
Chez les femmes, les fleurettistes ne sont pas plus en réussite. Seule Ysaora Thibus passe le premier tour, mais sort par la petite porte dès les 8es de finale. Alexandre Bardenet éliminé au même stade, tous les espoirs reposent donc sur Romain Cannone. L’épéiste de 24 ans réalise un superbe parcours, éliminant les gros morceaux du tableau un à un.
Arrivé en finale alors qu’il ne devait même pas prendre part à ce tournoi individuel, Romain Cannone écrit son histoire. S’il est déjà assuré d’une médaille, c’est bien la plus belle qu’il va chercher. Auteur d’un véritable exploit, Cannone laisse exploser sa joie, et celle de toute une nation. Il est là, le premier titre olympique tricolore.
L’heure de la revanche
Parfaitement lancée, l’équipe de France ne compte pas s’arrêter là. Au sabre féminin, si Charlotte Lembach et Cécilia Berder manquent le coche, la troisième tricolore engagée veut voir certains souvenirs s’effacer. Passée proche d’une médaille mais finalement quatrième à Rio en 2016, Manon Brunet compte bien ne pas vivre une nouvelle désillusion ce 26 juillet 2021.
Pourtant, de nouveau défaite en demies, la Française doit se battre pour conjurer le sort. C’est après un duel remporté 15-6 face à la Hongroise Anna Márton qu’elle tient enfin sa breloque. En bronze, Manon Brunet apporte une deuxième médaille à l’escrime bleue et tient sa revanche. Chez les hommes, Enzo Lefort et ses compatriotes ne sont pas en réussite.
Impuissantes face aux Russes
Le mardi 27 juillet marque le lancement des épreuves par équipes. Mais pour voir les Bleus en action, il nous faut patienter jusqu’au jeudi 29. Les fleurettistes féminines sont en lice et en quête d’une médaille, après un tournoi individuel décevant. Après une demie d’anthologie face à l’Italie, et une victoire arrachée (45-43), les Bleues atteignent la finale et assurent un troisième podium.
Battues par l’équipe du comité olympique russe, Ysaora Thibus, Anita Blaze, Pauline Ranvier et Astrid Guyard s’offrent l’argent. En sabre, ce samedi 31 juillet, Sara Balzer, Manon Brunet, Cécilia Berder et Charlotte Lembach vivent un scénario similaire. Le plus beau des métaux leur échappe, de nouveau au profit des athlètes russes. Bête noire ?
Un dernier triomphe
Reste donc une dernière journée, ce dimanche. Une dernière journée synonyme de dernière opportunité de titre. Après un parcours (presque) sans embûches, les fleurettistes masculins rejoignent eux aussi la finale. Finale où les Bleus affrontent évidemment… les Russes ! Mais cette fois, hors de question pour Enzo Lefort, Julien Mertine, Erwann Le Péchoux et Maxime Pauty de laisser filer l’or.
Au bout d’un duel maîtrisé, au bout d’un dernier relais victorieux, les filles sont vengées. Dominateurs, les Bleus surclassent le comité olympique russe (45-28). Un dernier triomphe et une cinquième médaille décrochée pour l’escrime tricolore. Cette cinquième breloque, deuxième titre, permet à la France de se hisser au deuxième rang du classement des médailles final, derrière… l’inévitable comité olympique russe (8 médailles) !
À l’heure du bilan, celui-ci est très flatteur pour nos escrimeurs. Cinq médailles, c’est plus qu’à Rio 2016 (3), Londres 2012 (0) et Pékin 2008 (4). Illuminée par Romain Cannone, dynamisée par Manon Brunet, et sublimée par les différentes équipes : qu’elle fut belle, cette semaine bleue. Avec tout ceci, la France a souri. Pour tout ceci, la France peut dire merci.
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