Ex-numéro 4 mondial, finaliste de l'Open d'Australie et double vainqueur en Masters 1000, Jo-Wilfried Tsonga a porté haut les couleurs tricolores sur le circuit ATP tout au long de sa carrière. Une carrière qui, malgré l'accumulation des pépins physiques ces derniers mois, reste comme l'une des plus marquantes de sa génération. Bien plus que ce qu'on aime parfois nous faire croire…
Un homme de grands rendez-vous
Dans une période où tous les titres Majeurs ou presque ont été monopolisés par un monstre à trois têtes, le Français a été l'un des rares joueurs du “reste du monde” à tirer son épingle du jeu.
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Le révélateur 2008
“Jo” a débuté sa carrière professionnelle en 2004. Après une première saison prometteuse, lors de laquelle il a battu des joueurs comme Carlos Moya ou Mario Ancic, le Tricolore a connu des années 2005 et 2006 moins fastes, où les blessures l’ont régulièrement empêché d'enchaîner et d'entrer dans le Top 100. Si l'année 2007 fût sa première saison pleine (il a disputé trois des quatre Grand Chelem de la saison et décroché son premier titre à Lyon), c'est en 2008 que Tsonga a explosé au plus haut niveau. Sur la lancée d'une demi-finale à Adelaïde, le Français a atteint la finale de l'Open d'Australie, en battant Andy Murray au premier tour (7-5, 6-4, 0-6, 7-65), mais surtout Rafael Nadal en demi-finale (6-2, 6-3, 6-2). Avec un style de “puncher” basé sur une bonne qualité de service et un coup droit très efficace, il s’est fait un nom dans le monde de la petite balle jaune. Malgré sa défaite en finale face à Novak Djokovic (6-4, 4-6, 3-6, 62-7), cette quinzaine australienne n’a été que le début d'une belle histoire.

En fin de saison, le Manceau a remporté le Masters de Paris-Bercy, en venant successivement à bout de Novak Djokovic, d'Andy Roddick, de James Blake et de David Nalbandian. Une victoire qui lui a permis d'atteindre le Top 10 pour la première fois et de se qualifier pour le Masters. Ont alors débuté cinq années de très haute volée pour le protégé d'Eric Winogradsky.
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2010-2015 : une régularité dans les tournois majeurs presque unique
Entre le 28 janvier 2008 et le 12 février 2018, à l'exception de deux semaines, Tsonga n'a pas quitté le Top 20. Il n'a même pas quitté le Top 10 entre septembre 2011 et mars 2014. Une performance qui témoigne de sa régularité lors des grandes échéances du calendrier. Entre l'Open d'Australie 2010 et Roland-Garros 2015, il a disputé cinq demi-finales en Grand Chelem (une à l'Open d'Australie, deux à Roland-Garros et deux à Wimbledon), ce qui porte son total à six. C'est autant que des joueurs comme Juan Martin del Potro, Dominic Thiem ou David Ferrer. Seul le Big 4, Tomas Berdych et Stan Wawrinka ont fait mieux depuis 2005.
Trois ans après une finale perdue au Masters face à Roger Federer (en 2011), c'est face à ce même adversaire que le Français a connu son deuxième titre majeur, en 2014. Au terme d'un parcours titanesque, lors duquel il a successivement battu Novak Djokovic, Andy Murray, Grigor Dimitrov et Roger Federer, Jo-Wilfried Tsonga a remporté le Masters 1000 de Toronto et s’est adjugé son deuxième titre dans cette catégorie. Le physique a cette fois-ci tenu, pour son plus grand bonheur.
Un parcours qui rappelle à quel point le Tricolore est parvenu, tout au long de sa carrière, à battre à plusieurs reprises les plus grands. Comment ne pas se souvenir de ses victoires face à Nadal en Australie (2008) ou au Masters (2011), de celles face à Djokovic à Paris (2008), Melbourne (2010) et Toronto (2014) ou même mieux, de celles face à Federer, que cela soit au Canada (2009, 2011, 2014), à Roland-Garros (2013), et, évidemment, à Wimbledon en 2011 (3-6, 63-7, 6-4, 6-4, 6-4) ?

Vainqueur à six reprises de Federer et de Djokovic, à quatre de Nadal et à deux d'Andy Murray, Jo-Wilfried Tsonga peut se targuer d'avoir été l'un des seuls joueur, avec Tomas Berdych et Stan Wawrinka, a avoir battu les quatre membres du Big 4 en Grand Chelem. Le natif du Mans détient même le meilleur ratio victoires/défaites de l'ère Open en Grand Chelem, parmi les joueurs à n'en avoir jamais remporté un (75.4%). Des stats qui donnent le tournis, mais qui sont à la hauteur de son (ses) accomplissement(s).
Le leader d'une génération victorieuse en Coupe Davis
Au-delà de sa carrière “solitaire” sur le circuit, Jo-Wilfried Tsonga a été le leader de toute une génération, en Coupe Davis. Avec 30 rencontres disputées en simple (pour 21 victoires) et 7 en double (6 victoires), Tsonga a été la pièce maîtresse des Bleus, connaissant plusieurs échecs mais aussi et surtout le titre de 2017, 16 ans après le dernier sacre français dans la compétition.
D'un barrage à Maastritch en 2009 à la finale à Lille en 2017, le Manceau a souvent sauvé les siens. On peut notamment penser à ses deux victoires face à la Serbie en demi-finale de l'édition 2017. Ce week-end là, Jo Tsonga a remis l'équipe de Yannick Noah dans la partie, après la défaite de Lucas Pouille face à Dusan Lajovic en ouverture. Vainqueur autoritaire de Laslo Djere le vendredi, “Jo” a bouclé cette rencontre piège le dimanche, face à Lajovic. En finale, il a une nouvelle fois remis les pendules à l’heure en venant à bout de Darcis après la défaite de Pouille face à Goffin. La suite, tout le monde la connaît.
Si son parcours en Coupe Davis reste entaché de quelques désillusions (on peut se rappeler de sa défaite face à Isner en 2013, de celle face à Wawrinka lors de la finale 2014, ou encore de son revers en double face aux frères Murray, avec Nicolas Mahut en 2015), son apport au sein du groupe France durant toutes ces années n’est en rien négligeable. Un véritable pilier.

Jo-Wilfried Tsonga en chiffres :
- Meilleur classement : 5e mondial (6e en fin de saison)
- 18 titres (et 12 finales) ATP, dont 2 Masters 1000 et 2 ATP 500

- Une médaille d'argent olympique (en double avec Michaël Llodra) et une Coupe Davis avec la France
- Plus grand nombre d'années terminées dans le Top 10 pour un Français (6, égalité avec Noah)
- 43 victoires sur le Top 10 dont 13 en Grand Chelem, record pour un français
- Unique joueur français à avoir atteint les quarts de finale des 4 tournois du Grand Chelem
Crédit photo de l'image en Une : Le Monde
Grégoire Allain