Championnats Etrangers

La Relève Italienne (LRI #1) – Andrea Pinamonti, l’espoir de l’attaque ?

Durant cette trêve internationale, ponctuée de matchs amicaux et de matchs de Ligue des nations, l’occasion est belle de revenir sur ces joueurs qui feront le football de demain. Si les pépites françaises sont déjà toutes trouvées, il paraît intéressant de s’attarder sur nos voisins transalpins, éternels rivaux des Français. Aujourd’hui, pour le premier volet de cette saga, nous revenons sur le parcours d’Andrea Pinamonti, le futur (?) grand attaquant de la Squadra Azzurra et de l’Inter de Milan. À épisode exceptionnel, participation exceptionnelle : un membre de internazionale.fr, « Samus », nous livre son avis sur le parcours de Pinamonti.

La genèse d’Andrea Pinamonti

Andrea Pinamonti naît le 19 mai 1999 à Cles, en Italie. Cette petite commune alpestre, ancrée dans le Trentin-Haut-Adige, a notamment vu naître Maurizio Fondriest, champion du monde de cyclisme en 1988. Le père d’Andrea, Massimo, l’a envoyé très tôt sur les terrains de football. Passionné de ce sport (il était tifoso intériste), il a tenu à ce que son fils le pratique. À 6 ans, il faisait ses débuts avec Bassa Anaunia, jusqu’en 2007. Rapidement, il se fait remarquer. Son coach de l’époque, Bruno Tomassini, le propose alors à l’Inter. Au cours du test, le jeune Andrea Pinamonti marque 4 buts, de quoi séduire les Nerazzuri. 

Premier coup d’arrêt pour Pinamonti : les règles de la Federazione Italiana Giuoco Calcio (FIGC) stipulent qu’aucun joueur de moins de 14 ans ne peut être transféré au sein d’un club en dehors de sa région d’origine. Il est donc cédé au Chievo Verone, où il continuera de faire ses gammes, ce jusqu’en 2013. À partir de là, tout s’accélère. Cette même année, l’Inter Milan revient à la charge, et s’attache enfin les services d’Andrea Pinamonti. Il va alors évoluer, passant par toutes les sections de jeunes.

Premier coup d'éclat avec la Primavera

En 2015/16, il remporte la Coppa Italia Primavera. Il ne marque cependant pas vraiment la compétition de son empreinte, n’entrant que 4 fois en jeu, marquant 2 buts, et récoltant un carton rouge lors de la demi-finale retour face à la Lazio. En 2016/17, il s’impose définitivement au sein de l’équipe de jeunes de l’Internazionale. Il remporte avec l’Inter Primavera (équivalent des U19) le championnat dédié. Auteur de 16 buts en phase de championnat, il permet à l’Inter de finir premier.

Jouant quasiment systématiquement les 90 minutes des matchs qu’il dispute, il devient une pièce maîtresse du 4-3-3 mis en place par Stefano Vecchi. Il y côtoyait notamment Michele Di Gregorio (AC Monza), Andreaw Gravillon (FC Lorient) ou encore Zinho Vanheusden (Standard de Liège). Lors de la finale face à la Fiorentina, Pinamonti se fend d’un but, permettant à l’Inter de l’emporter 2-1. Il devient alors champion d’Italie avec la Primavera.

En quête d'épanouissement en Serie A

Bien qu’ayant goûté à ses premiers matchs officiels avec l’Inter en 2017, la progression d’Andrea stagne un peu. Évidemment, un premier match en Europa League n’est pas rien. Il joue même 80 minutes à son poste de prédilection, avant d’être remplacé par Axel Bakayoko, qu’il a côtoyé au sein de la Primavera. En championnat, il joue 10 minutes lors de la 24e journée face à l’Empoli FC, et 9 minutes face à la Lazio. Et c’est à peu près tout. Au cours de l’exercice 2017/18, Pinamonti est régulièrement appelé par Luciano Spalletti dans le groupe, sans pour autant qu’il lui donne sa chance. Hiérarchiquement, Icardi et Éder sont loin devant lui. Cela l’empêche en plus de s’exprimer en parallèle avec la Primavera. En un an, Andrea Pinamonti ne participe qu’à 11 matchs, et seulement 1 avec l’équipe première (face au Genoa, il joue 13 minutes, remplaçant Candreva). 

Il participe en revanche à la belle campagne de la Primavera en Youth League, au cours de laquelle il marque 6 buts et délivre 3 passes décisives. Si l’équipe s’arrête en huitièmes de finale, sa qualification pour ce stade de la compétition lui est en partie due. La défaite aux tirs aux buts face à Manchester City est d’ailleurs le seul match au cours duquel il n’a pas été à l'origine ou à la conclusion d'un but marqué par son équipe.

Après un énième match passé sur le banc en Serie A sans rentrer, Pinamonti décide de s’aguerrir, en allant voir ailleurs. Il se fait donc prêter par l’Inter à Frosinone Calcio, tout fraîchement promu en Serie A à l’orée de la saison 2018/19.

Frosinone comme tremplin

Avec les Giallazzuri, le début est également compliqué. Il rentre en jeu en fin de match, les défaites s’enchaînent, et Frosinone marque peu. Le club, promu, n’arrive pas à suivre la cadence. Il n’entre pas vraiment dans les plans de son entraîneur de l’époque, Moreno Longo, malgré un premier but face à la SPAL (3-0, première victoire), et un second, égalisateur, face à la Fiorentina. Ce dernier est d’ailleurs débarqué après une énième défaite en Championnat, face à Sassuolo. Frosinone est actuellement 19e, et ne totalise qu’une victoire et 5 nuls en 16 matchs. 

Andrea Pinamonti sous le maillot de Frosinone Calcio. Crédits photo : La Gazzetta dello Sport.

Dès lors, l’arrivée d’un nouveau coach change complètement la donne pour Pinamonti. Marco Baroni lui fait un bien fou et lui fait confiance. Cela ne changera en rien le classement de Frosinone, condamné à être relégué en fin de saison, après avoir passé 37 journées sur 38 à la 19e place. Mais pour le jeune espoir italien, et ses 5 buts sur les 24 de son club, la reconnaissance est enfin là. Maurizio Stirpe, alors président du club, déclarait à son sujet : « Il est destiné à devenir un grand joueur s'il maintient les caractéristiques qui l'ont distingué jusqu'à présent : l'humilité et le don de soi ». La Curva Nord du stade Benito-Stirpe l’avait même adopté. La relégation sera cependant fatale à une quelconque progression, Andrea ne souhaitant pas se retrouver en Serie B. Il est en revanche désormais connu de tous comme un attaquant fiable de Serie A. 

Pour Samus, cette première saison au plus haut niveau n’a rien d’anormal : « Frosinone luttait pour le maintien donc c'aurait été compliqué pour lui de faire une saison à 15 ou 20 buts de toute façon, surtout vu qu'il ne s'est pris une place de titulaire qu'en seconde partie de saison. Sa nouvelle aventure à Gênes était un peu celle qui devait en faire un attaquant de niveau Série A à proprement parler ».

Grazie Genoa

Revenu à l'Inter suite à son prêt, Pinamonti a la chance de pouvoir enchaîner sur un second prêt au sein d’un club de Serie A, lui permettant de se perfectionner encore un peu plus. Au Genoa, il réalise sa meilleure saison jusqu'à maintenant, devenant consistant, et titulaire indiscutable, peu importe l’entraîneur. Il a su prouver à Aurelio Andreazzoli, Thiago Motta et Davide Nicola qu’il avait bien sa place sur le front de l’attaque, avec son numéro 99. Au cours de cette saison, conclue à la 17e place, Pinamonti a marqué 5 buts, délivré 3 passes décisives, et joué plus de 2000 minutes (24 fois titulaire).

« Au cours d'une saison assez compliquée pour le club avec une succession d'entraîneurs et de recrues, il a quand même pu augmenter considérablement son temps de jeu et c'est le plus important. En restant à l'Inter, il n'aurait pas eu le temps de jeu nécessaire pour continuer à progresser. Ses statistiques sont moyennes, cela dit, mais quand on compare au reste des attaquants du Genoa la saison passée, il a été le plus prolifique juste derrière des expérimentés comme Pandev et Criscito (qui tire les penalties). Le prêt lui a aussi permis de progresser dans son jeu physique. Il était déjà adroit et avait une belle frappe des deux pieds mais physiquement ça se voit que sa carrure a changé par rapport à ses débuts à l'Inter, peut-être la raison pour laquelle le club a pensé en lui comme doublure de Lukaku.

Quel futur à l’Inter ? 

À la fin de l’année, après un prêt concluant, il est automatiquement acheté par le Genoa CFC. Cependant, l’Inter voit bien que son jeune attaquant est en train de devenir grand. Les Nerazzuri décident alors de le racheter, bénéficiant d’une clause dans son contrat. Pinamonti est donc de retour à l’Inter Milan le 18 septembre 2020, de manière définitive, au bénéfice d’un prêt payant de 5 M€ assorti d’une obligation d’achat de 14 M€. À date d’aujourd’hui, et après quelques journées jouées en Serie A, Pinamonti n’a connu que le banc.

Lorsqu’on pose la question d’une éventuelle précipitation au supporter intériste, il répond « précipité, peut-être. Lors de son transfert au Genoa, un gentlemen agreement avait été évoqué pour permettre le retour du joueur, donc ce n'est peut-être pas une aussi grosse surprise que ça de voir l'Inter le reprendre. La surprise c'est plutôt que l'Inter ne le renvoie pas en prêt dans un autre club pour y être titulaire. En pratique, Conte voulait sûrement une solution différente, plus expérimentée pour compléter l’attaque. Des rumeurs de prêt à Parme en échange d'une arrivée de Gervinho ont fait un peu leur apparition, mais Pinamonti est bien resté le 4e attaquant à l’Inter ».

À l’Inter de Milan, la concurrence est très rude, ce que nous confirme Samus. « Il y'a du monde en attaque, mais la saison est longue, il aura du temps pour se montrer. C’est une saison avec des matches tous les 3-4 jours, il faudra tourner. Au départ ce sera sûrement des bouts de match, vue la forme du duo Lautaro – Lukaku ainsi que celle de Alexis Sánchez. Mais dans la durée, s'il fonctionne bien et arrive à saisir les chances qu'il aura, je penses qu'il aura plus de temps de jeu qu'on ne le pense. Un peu comme ce qui s'est passé la saison passée avec Alessandro Bastoni, arrivé comme solution de rechange derrière même des joueurs comme Ranocchia et qui a finit la saison en boulet de canon en tant que titulaire sur le côté gauche de la défense avec Skriniar qui a perdu sa place ».

Et avec la Squadra Azzura ? 

Ses nombreuses belles performances lui ont notamment ouvert les portes de la Squadra Azzura. Depuis sa première sélection en U15 en février 2014, à sa première sélection en U19, il ne s’est écoulé que 2 ans. Pinamonti a rapidement gravi les échelons, lui permettant notamment d’atteindre la finale de l’Euro U17 en 2015, et la finale de l’Euro U19 en 2018. Au cours de cette campagne européenne, il joue 4 matchs, étant même capitaine face à la Norvège. Il reste cependant muet devant le but, et ne peut éviter la défaite de son équipe en prolongations face au Portugal. Il avait notamment croisé la route de Ruben Vinagre ou encore de Trincao !

Aujourd’hui, Andrea Pinamonti fait partie de manière très régulière de l’effectif appelé en U21. Encore trop juste pour prétendre à une place dans l’équipe première, il joue régulièrement avec les Espoirs depuis 2019. Participant à 7 matchs, il a marqué une fois, contre l’Arménie, dans le cadre d’un match qualificatif pour l’Euro. Il a notamment été appelé dernièrement par Paolo Nicolato pour participer aux matchs face à l’Islande et la République d’Irlande.

Samus nous livre son avis quant à la future présence de Pinamonti au sein de la Nazionale : « Il a fait un peu tous les échelons de la Squadra Azzura. Lors du Mondial U20 il avait été très important et maintenant il commence le (court) parcours chez les U21. Mais de la même manière que la marche est haute entre la Primavera et la Serie A, elle l'est tout autant avant d'accéder à la Nazionale. En équipe de jeunes, ce sont souvent les mêmes qui sont sélectionnés car ils brillent dans les championnats de jeunes, mais pour débarquer en équipe première, je pense qu'il faut plus. Surtout que dans le profil, il y a déjà des bons clients devant : Immobile, Belotti ainsi que des nouveaux venus qui méritent totalement leur place pour l'instant. Un Caputo, pour ce qu'il fait actuellement avec Sassuolo, a totalement sa place ».

Peut-être encore un peu tendre pour le haut niveau, Pinamonti a pourtant déjà réalisé deux saisons au plus niveau national. Bien que barré par le contingent d'attaquants à l'Inter, il y a fort à parier qu'Andre Pinamonti fera tout pour se faire une place au sein de l'effectif ce Conte. Il l'a déjà fait, et le refera surement à merveille. Le futur de l'attaque de la Squadra Azzura, c'est peut-être bien lui ! Si tel est le cas, vous ne pourrez pas dire que vous ne le saviez pas !

Gone de Gerland en exil à Roazhon. Oviedo est ma ville préférée d'Espagne. Il est grand temps de rallumer les étoiles.

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