Les Sixers, la dernière chance d’Harden ?
L’histoire s’est reproduite. A peine un an après son départ rocambolesque de Houston, James Harden a de nouveau décidé de plier bagage pour rejoindre Philadelphie et les Sixers de Joël Embiid. Daryl Morey, qui connaît le barbudo mieux que personne, a profité du désir de changer d’air de son ancien joueur, malheureux à Brooklyn, pour le rameuter dans sa nouvelle franchise. Vivement critiqué, le MVP 2018 sait, qu'à 32 ans, il n'a plus le droit à l'erreur. Près à mettre de l'eau dans son vin, il a décidé de rejoindre une franchise en pleine bourre. Enfin l'heure du mariage parfait ?
Une équipe à l’image de « ses » Rockets
Il avait l'air épanoui et heureux lors de ses premières séances avec ses nouveaux coéquipiers. Avec des Danny Green, Tobias Harris, Furkan Korkmaz, Georges Niang, le barbu va retrouver une équipe digne de ses grandes années Texane : des shooters aux quatre coins du parquet. Le roi de l'isolation, entouré dans ses grandes heures par des Ryan Anderson, Trevor Ariza ou autre Eric Gordon ne sera donc pas déboussolé. L'avantage, comparé à Houston, c'est qu'il aura des soldats capables de défendre pour lui. Joël Embiid est une vraie arme de dissuasion dans la raquette, Danny Green n'a plus à prouver ses qualités défensives tandis que Matisse Thybulle s'affirme comme l'un des meilleurs arrières en défense. Libéré des tâches qu'il déteste, il va pouvoir se concentrer uniquement sur sa phase de jeu préférée, l'attaque. Avec un Joël Embiid au sommet de son art, reste à voir comme Harden va s'adapter, lui qui raffolait des pivots dominants du coté du Toyota Center. Blessé et out pour le All-Star Game, il va pouvoir logiquement entrer en action dès la semaine prochaine. Et sur ce que l'on a vu à l'entraînement, tous les ingrédients semblent réunis pour que cela fasse des étincelles.
Son tandem avec Embiid, meilleur binôme de la ligue?
Une chose est sure, James Harden n’a jamais évolué avec un joueur aussi dominant qu’Embiid. Kevin Durant n’était pas encore le joueur qu’il est devenu à ses débuts avec le Thunder, pourtant finaliste NBA. Du côté de Houston, Dwight Howard est arrivé déjà essoufflé et n’a jamais retrouvé son niveau du Magic, tout comme Capela n’a pas pu endosser le rôle de second, autour de la meute de shooteurs. Chris Paul a bien failli réussir à combler ce vide, mais les blessures l’ont copieusement freiné. Westbrook a fait du Westbrook, et depuis son départ de H-Town, jamais Harden n’a réussi à évoluer à son meilleur niveau en même temps que les deux autres stars, Durant et Irving, du côté du Barclay’s Center.
Loin de nous l’idée de dédouaner Harden de ses éventuelles contre-performances, mais force est de constater que son futur binôme avec Embiid, plus fort que jamais, peut faire du grabuge.
Pas forcément adepte des pick-and-roll comme pouvait l’être Capela, Embiid, plutôt joyeux a l’idée de retrouver une super star de la ligue avec lui, ne semble pas fermé à l’idée de faire évoluer son jeu. Comme Harden n’a pas l’air contre se fondre au sein d’une équipe façonnée par et pour l’affreux Jojo. Le barbu a d’ailleurs su s’adapter depuis son passage par Big Apple, devenant bien plus altruiste que par le passé. Mais c’est peut-être pour cette raison d’ailleurs qu’on l’a senti malheureux, et désireux de quitter les Nets. Dans l’ombre de KD, usé par les absences à répétition de Kyrie, le natif de Los Angeles a décidé de plier bagages.
Sur le papier, il est évident que ce tandem représente la force numéro 1 de la NBA. Le meilleur scoreur de la ligue (29.6pts de moyenne), le deuxième meilleur passeur (plus de 10asts de moyenne) qui est également triple meilleur marqueur depuis 2018 et une force de frappe à en faire pâlir plus d'un. Mais serait-ce suffisant pour faire vaciller Bucks, Heat et autres grosses armada de l'Ouest?
Un environnement plus adapté.. d’après ses dires
En tout cas, Harden a fait le choix de la sagesse. Les petites tensions apparues avec son ami KD, du fait de sa prise de poids et de son implication moindre depuis la reprise, le fait que Kyrie ne joue que par intermittence ont finalement eu raison du barbu, désireux de retrouver un environnement plus sain. Il a donc naturellement pris la direction de la Pennsylvanie et de Philadelphie pour y retrouver son mentor, Daryl Morey.
Il a également fait les louanges de Doc Rivers « un grand coach qui a beaucoup à lui apprendre ». D’ailleurs, Harden a confié que Philly avait toujours été son choix numéro 1, mais que la saison dernière, les Sixers n’avaient pas de monnaie d’échange susceptible d’intéresser les Rockets. Et puis, l’idée d’une superteam avec ses amis Durant et Irving a finalement eu raison de ses désirs, à savoir enfin décrocher une bague. L’histoire a donc tourné court, mais the Beard espère bien remettre les pendules à l’heure du côté du Well Fargo Center.
L'année ou jamais ?
Car le temps presse. Il était parti du Thunder en 2012 après une finale NBA, pour avoir plus de responsabilités. A Houston, après huit saisons à gravir les échelons individuellement (MVP en 2018, meilleur marqueur de la ligue en 2018,2019,2020) et collectivement ( 2 finales de conférence), il a décidé de partir comme un malpropre, son histoire se terminant en eau de boudin dans le Texas. Après une saison à Brooklyn, James Harden a de nouveau décidé de plier bagage, après une maigre demi-finale de conférence perdue face aux futurs vainqueurs, les Bucks de Milwaukee.
Si des joueurs comme Kevin Durant, Anthony Davis, sont partis former des superteams, eux ont réussi à glaner ce qu'ils étaient venus chercher, à savoir une bague de champion. Pour The Beard, le temps presse : il a revendiqué plus de lumière en partant d'OKC, il était “usé” de porter Houston sur son dos, “fatigué” mentalement de la pression à Brooklyn, et à chaque départ, une sensation d'abandon. Oui, Harden a forcé plus ou moins chacun de ses trades, et le résultat est à l'heure actuelle sans équivoque : toujours aucun titre de gagné pour autant. A 32 ans, le temps presse. Philadelphie représente sans doute sa dernière chance d'écrire l'histoire, son histoire, et l'inscrire un peu plus au All Of Fame de la NBA. Un nouvel échec ferait sans doute de lui un éternel looser, un joueur individualiste, incapable de conduire une franchise au trophée Larry O'Brien. Avec une seule finale NBA dans sa carrière, le palmarès collectif reste bien maigre.. Harden a de nouveau décidé de tout plaquer, à lui d'en assumer les conséquences.
Dans ce sens il aurait d'ailleurs volontairement renoncé à sa player option. D'après Shams Charania, en cas d'échec cette saison, il serait en mesure d'accepter de signer un contrat inférieur à ce dont il pourrait prétendre, afin que les Sixers puissent recruter une troisième star et former un nouveau Big 3 du coté de la Pennsylvanie. Désireux d'enfin faire taire les critiques, Harden serait prêt à tout, vraiment tout.
Cet énième changement de franchise semble être sa dernière chance de ne pas être vu comme un mercenaire, mais plutôt comme une légende du basket. Il a démontré qu'à titre individuel, il faisait parti du gratin de la ligue, reste maintenant à le prouver en amenant une franchise sur le toit des Etats-Unis.
Crédit photo: NBA.com