L’haltérophilie se décline aussi au féminin.
Bien souvent, l'haltérophilie est connotée de manière très masculine, et rime avec gros bras, mais si la réalité était toute autre ?
Suite aux derniers championnats européens à Bucarest, Manon Lorentz et ses coéquipières Anaïs Michel et Gaëlle Nayo Ketchancke ont décroché de belles médailles pour la sélection tricolore.
Alors cassons les préjugés avec une interview de Manon, athlète de cette équipe de France d’Haltérophilie, qui nous prouve que les femmes ont leur place dans cette discipline sportive.
Depuis quand pratiques-tu cette discipline ? Qu’est ce qui t’a amené vers l’haltérophilie dans ton parcours sportif ?
Je pratique l’haltérophilie depuis l’âge de 12 ans, une amie de ma sœur faisait de l’haltérophilie et m’a proposé une première fois de venir avec elle à l’entrainement. Je ne connaissais pas du tout cette discipline et cela m’a de suite plu. Un coup de coeur, c’est pour cela que j’ai continué.
Comment es-tu entré dans l’univers de la compétition ? Quel est ton parcours pour arriver jusqu’en Equipe de France ?
C’est la suite logique d’entrainements réguliers qui m’ont lancée dans la compétition. Au fur et à mesure que je m’entrainais, je me suis confrontée à d’autres dans des compétitions, à un petit niveau. Puis au vu de ma progression, j’ai concouru dans des compétitions plus importantes, à un meilleur niveau.
Plus on s’entraine plus on progresse et plus on peut atteindre un niveau intéressant. C’est tout simplement avec motivation et rigueur que j’ai fait mes débuts dans des championnats de France minimes.
Et maintenant dans ton parcours, tu as atteint un niveau qui te permet d’être dans cette sélection française…
Effectivement, je fais partie de l’équipe de France. J’ai commencé en équipe de France cadet avec mon premier championnat d’Europe en 2007 puis la catégorie juniors au dessus avec les championnats d’Europe et mondiaux pour arriver dans la catégorie séniors depuis 2011.
J’ai été médaillée de bronze à l’arraché pour la première fois en 2013 au championnat d’Europe mais également double médaillée de bronze aux Jeux Méditerranéens. Ensuite j’ai remporté l’argent en 2014, mais je me suis blessée et s’en est suivi quatre années difficiles.
Après cette longue absence, je suis revenue au niveau, et je suis de nouveau médaillée en bronze à l’arraché en mars dernier, pour les championnats d’Europe.
Crédit photos : Manon Lorentz
Faire partie de l’équipe de France doit être vraiment un beau challenge sportif, mais aussi une dimension d’équipe qu’on retrouve pas forcément dans ce sport individuel.
Avant cette année nous devions chercher nos places olympiques par équipe sur les deux championnats du monde qui précédaient les Jeux Olympiques. En fonction de cette place acquise aux Mondes, et des points que cela nous rapportait, on pouvait prétendre ou non à notre qualification. Plus on était proches des premières, plus nous remportions de points et à l’issue des mondiaux, soit nous avions notre place, soit il fallait faire partie des huit meilleurs pays européens du championnat et n’avoir qu’une seule et unique place.
Je me suis battue pour cette place en 2016, malheureusement je me suis blessée dés mon premier essai à l’arraché, à un poids de 80kg. J’ai été sortie de la compétition car j’ai manqué mes 3 essais.
Ceci fut une grande déception car les Jeux Olympiques c’est le rêve de chaque athlète de haut niveau et aujourd’hui je vise une sélection pour Tokyo 2020.
Depuis cette année, l’équipe de France aura le droit d’envoyer 4 athlètes filles et 4 athlètes garçons en fonction des performances sur la liste mondiale, donc ça sera une sélection plus individuelle qu’auparavant. Nous n’avons pas encore toutes les données, elles devraient être dévoilées d’ici juin.
Quels sont tes plus beaux souvenirs dans cette discipline ?
Mon plus beau souvenir c’est ma première médaille européenne en 2013, j’étais toute jeune dans la catégorie senior.
Crédit photos : Manon Lorentz
Quels sont tes prochains objectifs ou tes prochaines échéances ?
À court terme la prochaine échéance est celle des Jeux Méditerranéens qui se dérouleront fin Juin à Tarragone dans le sud de l’Espagne. Puis je me concentrerai sur les championnats du monde, début novembre.
Bien sûr à long terme, je vise une nouvelle médaille en championnat d’Europe et j’espère participer aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
L’haltérophilie est une pratique très peu connue du grand public, ou qui est souvent entourée de préjugés… En tant qu’athlète de haut niveau mais aussi en tant que femme, est-ce que tu peux nous donner ton ressenti ?
Effectivement l’haltérophilie n’est pas connue du grand public et cela est bien dommage car énormément de sportifs l’utilise dans leurs préparations physiques.
Il existe également des préjugés dans la mesure où les personnes ne connaissent pas le fonctionnement des catégories de poids.
Quand je dis que je fais de l’haltérophilie, on me dit souvent : « Je ne m’attendais pas à ça, je pensais voir une femme forte et grande », alors que c’est tout le contraire, je suis assez petite et fine.
La discipline connait quand même une belle évolution. Penses-tu que c’est une mode ou vraiment une tendance pérenne ?
Ce n’est pas forcément une mode. Depuis que la fédération internationale a décidé de faire du dopage une de ces actions prioritaires, nous les français sommes plus souvent médaillés dans des compétitions.
Du coup on parle plus de nous. Le sport connait une belle évolution, et les médailles vont aider dans ce sens.
Comment te décrirais-tu ?
Je suis une personne passionnée par l’haltérophilie et ce que je fais. J’aime me surpasser, et en haltérophilie essayer de toujours soulever plus et aller plus loin dans mon challenge sportif. J’aime l’esprit de compétition.
Le mot de la fin que tu voudrais dire à tous ceux qui te lisent…
L’haltérophilie ne fait pas « pas grandir ». Ce n’est pas dangereux pour le dos si l’apprentissage des mouvements se fait correctement surtout dans les jeunes catégories. On peut commencer à un jeune âge à condition d’avoir une formation cadrée et de ne pas monter en charge tout de suite, sans avoir les bases.
Crédit photos : Manon Lorentz
Merci à Manon de nous avoir fait partager sa passion en toute simplicité et avec le sourire, et en lui souhaitant de belles réussites à venir !